Depuis la nuit des temps, le cœur de l’Antarctique bat surtout au rythme des variations de l’orbite terrestre. Avec quelques ratés, montrent aujourd’hui des chercheurs. Des ratés qui laissent présager un sombre futur pour la calotte glaciaire et le reste de notre Terre.


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    Les scientifiques ont toujours considéré l'Antarctique comme un modèle de stabilité. Mais récemment, des études semblent vouloir montrer que le continent de glace était peut-être plus sensible aux variations climatiques qu'ils ne le pensaient.

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    Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Communications apporte aujourd'hui encore un peu plus d'eau à ce moulin. Des géoscientifiques de l'Université de Leicester et l'Université de Southampton (Royaume-Uni) se sont penchés sur le passé lointain de l'Antarctique. Pour découvrir que la calotte glaciaire est moins stable que ce qui avait été établi jusqu'ici.

    Les chercheurs savent depuis longtemps que la taille de la calotte glaciairecalotte glaciaire de l'Antarctique a varié au fil de son histoire. De manière assez régulière. Ils aiment d'ailleurs comparer ces variations à un battement de cœur. La chose étonnante, c'est que des relevés provenant de différents endroits de l'océan montrent différents « rythmes » dans le battement de cœur des premières périodes glaciaires de l'Antarctique. Un peu comme si votre jambe avait un rythme cardiaque différent de celui de votre bras. Cela ne devrait pas être possible.

    Ce que des micro-organismes peuvent nous apprendre sur l’histoire de la calotte glaciaire

    Les travaux des chercheurs britanniques montrent aujourd'hui que ces variations historiques du « rythme cardiaque » de la calotte glaciaire de l'Antarctique ont été causées par la forme de l'orbiteorbite de notre Terre autour du SoleilSoleil. Elle aussi varie au fil du temps, passant d'une forme quasi circulaire à une forme plus elliptique, sur une période de quelques centaines de milliers d'années. Lorsque l'orbite de notre Terre est circulaire, la calotte glaciaire est plus stable. Mais lorsque l'orbite est plus excentrique, la distance de la Terre au Soleil variant davantage durant l'année, l'Antarctique est exposé à plus de chaleurchaleur quand notre Planète est proche du Soleil et à moins quand elle en est éloignée. De quoi modifier notre système climatique et provoquer la fontefonte de la calotte glaciaire, parfois rapidement.

    Les géoscientifiques sont arrivés à ces conclusions en étudiant une période de l'histoire de notre Terre durant laquelle le climat était plus chaud qu'aujourd'hui. La calotte glaciaire de l'Antarctique était la seule à résister. C'était il y a entre 28 et 20 millions d'années. Et les chercheurs ont travaillé sur des échantillons de carottes géologiques récupérées en 2012 par une expédition de l'Integrated Ocean Drilling Program (IODP). Les micro-organismesmicro-organismes cachés dans ces carottes gardent la mémoire de la chimiechimie de l'océan sous forme d'isotopesisotopes d'oxygène enfouis dans leurs coquillescoquilles et permettent aux scientifiques de déterminer si la calotte glaciaire a grandi ou rétréci et à quelles périodes elle a ainsi évolué.

    Mieux cerner le passé de l’Antarctique pour éclairer son avenir

    « Il peut être surprenant d'apprendre que nous prenons le poulspouls de la calotte glaciaire de l'Antarctique à partir d'une chimie de base appliquée à des coquilles fossilesfossiles de la taille d'une tête d'épingle provenant des fonds marins à l'autre bout du monde [la carotte venant du nord-ouest de l'océan Atlantique, NDLRNDLR]. Mais ce qui est vraiment beau, c'est que cela nous permet de remonter les archives géologiques sur des dizaines de millions d'années. Car de ces voyages dans le temps, nous tirons toujours des leçons qui nous aident à comprendre notre avenir », Paul Wilson, chercheur principal du projet à l'université de Southampton, dans un communiqué.

    Parce que c'est bien là, finalement, l'objectif des géoscientifiques : aider à améliorer la précision des modèles climatiques reconstituant les changements climatiqueschangements climatiques passés pour comprendre l'impact de la fonte de la calotte glaciaire de l'Antarctique dans le futur. « Des changements climatiques passés ont rapidement mis fin à certaines des premières périodes glaciaires de l'Antarctique et ont provoqué de grandes quantités de fonte », conclut Tim van Peer, chercheur à l'université de Leicester. Et par rapidement, il entend, sur des échelles de temps géologiques. Pas aussi rapidement, donc, que ce à quoi nous pouvons nous attendre lors du changement climatique moderne.

    « Nous ne pouvons plus simplement supposer que la calotte glaciaire de l'Antarctique est stable. Si nos émissions de gaz à effet de serre continuent sur ce rythme, nous allons en faire fondre une grande partie - et provoquer ainsi une importante élévation du niveau de la mer partout dans le monde. La seule façon d'éviter le point de basculement, c'est de réduire drastiquement nos émissionsémissions dès à présent ».