L’ouest de l’Antarctique est considéré par les chercheurs comme un élément critique de notre système climatique. Son effondrement provoquerait une élévation du niveau de la mer de plus de trois mètres. Et aujourd’hui, des chercheurs confirment que Pine Island Glacier — le glacier de l’île du Pin — pourrait effectivement connaître des points de non-retour le conduisant à un retrait rapide et irréversible. Avec pour conséquence, une forte montée du niveau mondial de la mer.


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    En Antarctique, il est un glacier qui inquiète particulièrement les chercheurs. Le Pine Island Glacier. Que nous pouvons aussi appeler le glacier de l'île du Pin. Il correspond à une région à écoulement rapidement qui draine une zone de l'ouest de l’Antarctique d'environ les deux tiers de la taille du Royaume-Uni. Et surtout, il perd actuellement plus de glace que n'importe quel autre glacier de la région. En février 2020, il a encore perdu un iceberg géant -- de la taille de l'île de Malte.

    Voir aussi

    Timelapse : Pine Island Glacier perd encore un iceberg géant

    Pine Island Glacier et son voisin, le glacier Thwaites, sont déjà responsables d'environ 10 % de l'élévation du niveau de la mer. Mais ce qui préoccupe les chercheurs, c'est qu'ils pensent que la région pourrait atteindre un point de basculement, un point de non-retour qui la mènerait vers un retrait irréversible. Et qui entraînerait l'effondrementeffondrement de tout l'ouest de la calotte glaciairecalotte glaciaire antarctique. Avec pour conséquence, une montée des eaux de plus de trois mètres !

    Pour en avoir le cœur net, des glaciologues de l’université de Northumbria (Royaume-Uni) ont mobilisé la puissance d'un modèle de flux de glace pour identifier les points de basculement dans les calottes glaciaires. Leur conclusion : Pine Island Glacier présente au moins trois points de non-retour. Le troisième d'entre eux, déclenché par l'augmentation de la température de l'océan de 1,2 °C conduit à un retrait irréversible de l'ensemble du glacier.

    Deux décennies de mouvements de glace sur le <em>Pine Island Glacier</em>, dans l’ouest de l’Antarctique. © Lauren Dauphin, <em>NASA Earth Observatory</em>
    Deux décennies de mouvements de glace sur le Pine Island Glacier, dans l’ouest de l’Antarctique. © Lauren Dauphin, NASA Earth Observatory

    Un résultat enthousiasmant, mais inquiétant

    « Notre étude est la première à confirmer que Pine Island Glacier peut franchir des seuils critiques, souligne Sebastian Rosier, chercheur, dans un communiqué de l’université de Northumbria. Alors que de nombreuses simulations montraient des périodes de recul sans pouvoir les assimiler à un point de basculement, notre méthodologie permet d'identifier ces seuils ».

    Selon les chercheurs, les tendances à long terme du réchauffement dans les eaux profondes circumpolairescircumpolaires, combinées avec les variations de la configuration des vents dans la mer d'Amundsen, pourraient exposer la banquisebanquise du Pine Island Glacier à des eaux chaudes pendant de longues périodes. De quoi rendre les augmentations de température suffisamment importante pour faire basculer la situation du glacier.

    « Cette étude constitue une avancée majeure dans notre compréhension de la dynamique des glaces de l'Antarctique et je suis ravi que nous ayons enfin pu apporter des réponses fermes à cette question importante. Mais nos résultats m'inquiètent également. Si le glacier entrait dans une retraite instable et irréversible, l'impact sur le niveau de la mer pourrait être mesuré en mètres et une fois que la retraite commence, il pourrait être impossible de l'arrêter », conclut Hilmar Gudmundsson, glaciologue.