Les modèles ne l’avaient pas vraiment vu venir. La glace de l’Antarctique fond désormais à grande vitesse. Elle vient même d’atteindre la plus petite étendue maximale jamais enregistrée. Un phénomène qui ne restera pas sans conséquence. Des impacts sont attendus sur le monde entier.
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Les scientifiques l'expliquaient il y a quelques jours (voir article plus bas). En Antarctique, après être restée longtemps stable, la glace de mer fond désormais à grande vitessevitesse. Ils soupçonnent un effet dû au réchauffement des océans. Et les conséquences pourraient être importantes pour le monde entier.
Aujourd'hui, le US National Snow and Ice Data CenterData Center (NSIDC) publient même quelques chiffres qui donnent un aperçu plus clair de la situation alarmante. Selon les experts, l'étendue de glace de mer en Antarctique a atteint son maximum le dimanche 10 septembre 2023, alors que son hiver se termine : 16,96 millions de kilomètres carrés. C'est beaucoup de glace. Plus de 30 fois la superficie de la France. Mais peu à la fois. De loin le maximum de glace de mer le plus bas enregistré depuis 1979.
Dans le même temps, de l'autre côté du Globe, l'Arctique sort de son été. Avec une banquise qui a atteint le sixième plus bas niveau depuis le début des enregistrements il y a 45 ans.
Les scientifiques sont stupéfaits : pourquoi la glace de mer fond-elle si vite en Antarctique ?
Il se passe actuellement quelque chose d'anormal et de « stupéfiant » en Antarctique, signalent les climatologuesclimatologues, « très inquiets ». La glace de mer est à un niveau historiquement bas et cela pourrait avoir des impacts sur le monde entier !
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 25/09/2023
Le réchauffement climatique n'y a longtemps rien fait. Le cycle annuel de gel puis de fontefonte de la glace de mer en Antarctique est resté plutôt constant. La région semblait même former de plus en plus de glace. Puis soudainement, en 2016, l'étendue de la couverture de glace du côté de l'Antarctique a chuté. En deux ans, la région du pôle Sud a alors perdu autant de glace de mer que l'Arctique en avait perdu en trois décennies !
Résultat, le 19 février dernier, un nouveau minimum record a été enregistré. À 36 % de moins que la moyenne de la période 1979-2022.
Et les choses n'ont ensuite fait qu'empirer. Durant l'hiver austral, les scientifiques ont enregistré la plus grande anomalieanomalie négative de formation de glace de mer depuis le début des mesures, à la fin des années 1970.
Le saviez-vous ?
En mars 2022, une vague de chaleur extrême a frappé l’est de l’Antarctique. Des températures de -10 °C ont été enregistrées. Mais, -10 °C, me direz-vous, c’est froid ! Eh bien, pas pour l’Antarctique. À cette période, les moyennes tournent plutôt aux alentours des… -50 °C !
En ce mois de septembre, le niveau était inférieur à la moyenne d'environ 1,5 million de kilomètres carrés. « C'est au-delà de l'imaginable. Stupéfiant, commentent les climatologues. Il y a de très, très bonnes raisons de s'inquiéter. »
Les températures augmentent et l'Antarctique fond
« Quelque chose a fondamentalement changé », constatent Edward Doddridge, océanographe à l'université de Tasmanie (Australie) et Adriaan Purich, chercheur à l'université Monash (Australie), tous deux auteurs d'une étude à ce sujet parue dans Communications Earth & Environment.
Ce quelque chose semble être à chercher du côté des températures de l’océan qui, avec le réchauffement climatiqueréchauffement climatique, ne cessent d'augmenter. Selon les chercheurs, nous pourrions ainsi être à l'aubeaube d'un déclin inévitable de la glace de mer en Antarctique. Ce même déclin qui avait depuis longtemps été annoncé par les modèles.
La fonte de la glace de mer en Antarctique nous menace tous
Oui, mais, l'Antarctique, c'est loin. Et même si fin 2022, 10 000 poussins de manchots empereurs ont perdu la vie suite à la fonte d'une étendue de glace de mer avant que leurs plumes imperméables aient poussé... En réalité, « c'est catastrophique pour nous tous », assure la glaciologue Heïdi SevestreHeïdi Sevestre. D'abord parce que le cycle de la banquise a une influence sur les circulations océaniques et sur le transport des nutrimentsnutriments vers des écosystèmesécosystèmes dont nous dépendons aussi.
Ensuite, parce que la banquise, c'est un peu comme un bouclier blanc qui évite à l'océan, plus sombre, qui se trouve en dessous d'elle, d'absorber trop de chaleurchaleur du soleilsoleil. Un peu comme un miroirmiroir géant qui renvoie une part de la chaleur vers l'espace et aide à maintenir une température tempérée sur notre TerreTerre. Ainsi, ce continent que les scientifiques ont pris pour habitude de qualifier de réfrigérateur de la planète pourrait bien se transformer en radiateurradiateur géant. Mais ce n'est peut-être pas encore le pire. N'oublions pas, en effet, que cette glace de mer qui disparaît maintenant à grande vitesse protège aussi la calotte polairecalotte polaire antarctique. Si celle-ci devait fondre totalement, nous verrions le niveau des océans du monde monter de... 58 mètres ! Pour éviter ce pire, nous n'avons qu'une seule chose à faire : réduire immédiatement nos consommations d'énergies fossiles.