Sais-tu quel animal, emblématique des contes de Noël, est capable de survivre au froid extrême du Grand Nord ? Aujourd’hui, on va parler du renne, dans Bêtes de Science ! 

 
 

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    Bienvenue au pays du froid, de la taïga et des aurores boréales. Nous sommes en Laponie. Cette région, située au nord de l'Europe, entre la Suède, la Finlande et la Russie, concentre à elle seule toute la magie du Grand Nord, de ses espaces infinis et de sa beauté renversante. En décembre, la neige recouvre l'ensemble du paysage. Des plaines aux falaises, en passant par les forêts de conifères de la taïga, tout est blanc. Un silence ouaté nous entoure. Le temps semble suspendu. Seuls sont audibles les bruits de nos pas dans la neige épaisse et de nos souffles blancs. Parfois, nous avons même l'impression d'entendre notre propre cœur battre dans notre poitrine. 

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    À la rencontre des rennes de Laponie 

    Nous arpentons une contrée mythique, peuplée de grizzlis, d'ours, de lynx, de loups et de renards polaires. Le calme est donc un leurre : tout autour de nous vivent des animaux extraordinaires, adaptés à des conditions climatiques extrêmes. Parmi eux, il en est un à l'aura particulièrement magique. Le renne peuple les contes de Noël et nous sommes ici chez lui... 

    Postés tout près d'une clairière, notre mission du jour est de réussir à l'observer. Il nous faut faire vite, car bientôt, le jour cèdera place à la nuit. Ici, en cette période de l'année, les journées ne durent qu'une poignée d'heures. Tandis qu'en plein mois de juillet, le soleilsoleil ne se couche jamais. Eh oui, la vie aux pôles de notre Planète est un peu spéciale, je te le concède ! Regarde, entre les arbres, sur notre droite, les voici. Les rennes de Laponie. Il y en a un tout proche : le museau collé au sol, il cherche de la nourriture. Sa silhouette majestueuse est surmontée de grands bois. C'est donc une femelle ! Les mâles eux, ont déjà perdu leurs bois à cette époque de l'année tandis qu'elle gardera les siens jusqu'au printemps. En voilà une surprise ! Les rennes du Père Noël sont en fait... des femelles ! 

     À la recherche de nourriture, les rennes ont le museau collé au sol. © Laia, Adobe Stock
     À la recherche de nourriture, les rennes ont le museau collé au sol. © Laia, Adobe Stock

    Un as de la survie mais une espèce vulnérable

    Que sont véritablement ces bois, qui rendent le renne si reconnaissable ? Eh bien, ce sont en fait des os ! Des os qui poussent à partir du crânecrâne des cervidés et qui ont la faculté extraordinaire de se régénérer. Chez les autres espèces, seuls les mâles en sont pourvus mais chez les rennes, mâles et femelles arborent ces magnifiques coiffes. Les bois sont recouverts de peau et de fourrure, que l'on appelle « le velours ». La peau joue un rôle essentiel, elle permet de relier les bois à la circulation sanguine et de leur apporter ainsi tous les nutrimentsnutriments dont ils ont besoin pour grandir. 

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    Un renne femelle fouille à présent le sol à l'aide de ses sabots. Car, autre particularité, les sabots des rennes durcissent pour affronter l'hiver et son lot de glace et de neige épaisse. Pratique, car ici il peut faire jusqu'à moins 40 degrés... Mais pas d'inquiétude, comme ses comparses, cette femelle est bien au chaud, protégée par sa belle fourrure marron et blanc, faite de deux couches de poils. C'est une protection imparable contre le froid ! Ce qu'elle recherche, c'est le champignon qui constitue la majorité du régime alimentaire des rennes, surtout en hiver : le lichen. Le lichen est un organisme extraordinaire présent dans le sol de Laponie et auquel il faudrait consacrer un épisode entier ! Et les rennes en raffolent !

    Un autre individu approche ! Celui-ci n'a pas de bois, c'est donc un mâle. Il est plus grand que la femelle et approche les 200 kilos. Lorsqu'il marche, des cliquetis nous parviennent. En fait, ce son est produit par les pattes de rennes qui produisent un « clic » lorsqu'ils bougent ! Selon les scientifiques, cela pourrait leur permettre de repérer le troupeau en toutes circonstances, même lors des tempêtestempêtes de neiges ou des brouillardsbrouillards épais. 

    Observer ce troupeau de rennes au cœur de la Laponie est un spectacle magique. Depuis longtemps, nous, humains, entretenons une relation privilégiée avec les rennes. Ici ce sont les Samis, le peuple autochtone de Laponie, qui les a domestiqués et qui vit de son élevage en suivant les rennes sur leurs routes migratoires. Malheureusement la culture des Samis est en danger, car leurs traditions et leur mode de vie nomade se perdent peu à peu. Leur animal fétiche est lui aussi en péril. À le voir manger du lichen paisiblement, complètement adapté au froid qui nous fait grelotter, le renne semble indestructible. Pourtant, les activités humaines qui abîment les forêts et le réchauffement climatique qui fait augmenter les températures impacte son environnement, menacent sa principale source de nourriture, le fameux lichen, et l'exposent aux parasitesparasites. Notre cher cervidé est à présent une espèce vulnérable qu'il est important de protéger.  

     Les mâles perdent leurs bois en début de l'hiver et les femelles le gardent jusqu’au printemps après la naissance de leur petit. © Danil, Adobe Stock
     Les mâles perdent leurs bois en début de l'hiver et les femelles le gardent jusqu’au printemps après la naissance de leur petit. © Danil, Adobe Stock

    Le plus grand migrateur terrestre joue un rôle écologique majeur 

    Le renne peuple le nord de notre Planète, du Canada à la Sibérie en passant par l'Alaska, la Laponie, ou encore le Groenland. Mais qu'est-ce qui permet au renne de vivre dans ces conditions climatiques extrêmes depuis des millénaires ? Tu vas voir que la science a quelques anecdotes magiques à nous livrer sur cette star des contes de Noël !

    Le renne appartient à l'espèce Rangifer tarandusRangifer tarandus. Il est appelé « renne » en Europe, et « caribou » en Amérique. Animal sociable et grégairegrégaire, le renne vit en troupeaux qui peuvent atteindre les 500 000 individus ! Cela fait beaucoup de monde ! Le fait de se regrouper permet aux rennes de se protéger contre les prédateurs et contre les attaques d'insectesinsectes qui peuvent être féroces dans le Grand Nord. La vie de troupeau s'organise autour de grandes migrations. Au printemps, les femelles migrent vers des zones riches en nourriture où elles pourront donner naissance à leurs petits et répondre à leurs besoins. La migration d'automneautomne, quant à elle, peut être déclenchée par des chutes de neige importantes ou par une baisse des températures. C'est le signal que l'hiver approche et qu'il est donc temps pour les rennes de migrer vers des zones plus clémentes et plus riches en lichen !

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    Ces grands voyages sont extraordinaires, en fait, ce sont même les plus grandes migrations terrestres au monde ! Et elles ont une importance écologique majeure ! Car en fouillant la terreterre à la recherche de nourriture et en marchant avec leurs gros sabots, les rennes labourent le sol et participent à la dissémination des graines et des végétaux dans la toundratoundra, les forêts boréalesforêts boréales et les lacs (les rennes sont de très bons nageurs !)). Ces migrations sont donc essentielles pour permettre aux écosystèmesécosystèmes du Grand Nord de continuer à se développer et à tous les animaux d'en profiter !

     En fouillant la terre à la recherche de nourriture et en marchant avec leurs gros sabots, les rennes labourent le sol et participent à la dissémination des graines et des végétaux dans la nature du Grand Nord. © karlumbriaco, Adobe Stock
     En fouillant la terre à la recherche de nourriture et en marchant avec leurs gros sabots, les rennes labourent le sol et participent à la dissémination des graines et des végétaux dans la nature du Grand Nord. © karlumbriaco, Adobe Stock

    Nez auto-chauffant, changement de couleur d'yeux et autres pouvoirs magiques

    En plus d'être un acteur écologique, le renne a des capacités étonnantes qui lui permettent d'affronter les conditions extrêmes dans lesquelles il vit. Première curiosité que tu auras peut-être remarquée lors de notre expédition, lorsque le renne expire, il ne produit pas de fumée blanche. Tu sais, celle que tu vois apparaître lorsque tu souffles en hiver. Cette « fumée » est en fait de la vapeur, créée par la rencontre entre les gouttelettes d'eau de ton souffle qui est chaud, et le froid de l'extérieur ! Le nez du renne, lui, réchauffe l'airair lorsque l'animal inspire, et le refroidit lorsqu'il expire ! C'est une merveille d'ingénierie biologique ! 

    Autre point fascinant, nous humains devons protéger nos yeux si nous nous exposons aux étendues enneigées du grand nord. Car les rayons du Soleil, reflétés par la neige, pourraient nous éblouir et même endommager nos yeux ! Mais là encore, le renne n'a pas ce problème. En hiver, ses yeux normalement jaunes, deviennent bleus, pour se protéger contre la lumièrelumière ! En voilà une particularité féérique ! Et ça n'est pas tout... Les yeux du renne lui permettent aussi de voir les ultravioletsultraviolets ! Les ultraviolets sont les ondes responsables du bronzage (et des brûlures !) de notre peau lorsqu'on s'expose au Soleil.

    Ces ondes lumineuses sont invisibles pour l'œilœil humain. Mais le renne lui, les voit ! Les chercheurs ont ainsi découvert que certains éléments absorbent les ultraviolets et apparaissent donc en noir pour le renne. Des éléments comme la fourrure, l'urine ou encore le lichen (tiens donc, pratique !). Les rennes sont donc en mesure de voir parfaitement en toutes circonstances, des éléments essentiels à leur survie : l'urine d'un animal qui aurait marqué son territoire, la fourrure d'un prédateur qui approche ou le lichen qui lui permet de survivre au long hiver du grand nord ! 

    Tu l'auras compris, le renne est un animal surprenant aux capacités d'adaptation absolument extraordinaires. Et le travail des scientifiques du monde entier nous permet de comprendre ce qui fait sa magie.