Dans un article controversé, une trentaine de scientifiques proposent que l'évolution des pieuvres soit liée à l'insertion de gènes venant de virus extraterrestres. D'après eux, des rétrovirus sont impliqués dans l’explosion cambrienne qui a vu une diversification importante et soudaine des espèces.

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    C'est un article qui est loin de faire l'unanimité qui paraît dans la revue Progress in Biophysics and Molecular Biology. Parmi les 33 auteurs, certains proviennent d'universités renommées, comme ChandraChandra Wickramasinghe, professeur honoraire à l'université de Buckingham (Royaume-Uni), un fervent adepte de la théorie de la panspermiepanspermie.

    Le saviez-vous ?

    La panspermie est une théorie sur l’origine de la vie sur Terre qui explique que notre planète aurait été ensemencée par des germes extraterrestres. Cette théorie s’oppose à celle de la soupe primitive, plus souvent acceptée dans le monde scientifique : à un moment donné dans l’histoire de la Terre, les conditions auraient été favorables à la formation de molécules organiques complexes, qui se sont assemblées et sont à l’origine de formes de vie primitive.

    La question posée par cet article est de savoir si l'explosion cambrienne, qui a eu lieu il y a 500 millions d'années, est d'origine terrestre ou cosmique. Dans leur article, les auteurs suggèrent que des virus, des rétrovirusrétrovirus, ont joué un rôle dans cette explosion cambrienne qui a vu une diversification soudaine et sans précédent des espèces.

    L'émergence des rétrovirus complexes a eu lieu juste avant l'explosion cambrienne. La panspermie pourrait expliquer tout cela : des comètescomètes auraient apporté des rétrovirus ayant favorisé l'explosion cambrienne. Ces virus se seraient intégrés au génome d'espèces terrestres, introduisant du nouveau matériel génétiquematériel génétique et conduisant à la diversification des espèces vivantes.

    Des microbes extraterrestres responsables de l'explosion cambrienne

    Certains arguments vont dans le sens de la théorie de la panspermie : des moléculesmolécules trouvées sur la météoritemétéorite de Murchison, tombée en Australie en 1969, mais aussi la découverte de bactériesbactéries dans la stratosphère, à plus de 30 km de la surface de la Terre. De même, la sonde Rosetta qui a accompagné le noyau de la comète Tchouri a montré que la comète est riche en matièrematière organique macromoléculaire.

    Mais la partie la plus controversée de l'article concerne les pieuvres, car les auteurs suggèrent que ces animaux ne peuvent avoir évolué que grâce à un coup de pouce extraterrestre... Les céphalopodescéphalopodes sont apparus à la fin du CambrienCambrien et descendent d'un nautiloïde primitif. Les pieuvres (ou poulpespoulpes) possèdent un système nerveux complexe, des yeuxyeux sophistiqués et une capacité à se camoufler.

    Les gènesgènes nécessaires à ces transformations n'étaient pas présents chez l'ancêtre communancêtre commun, d'après les auteurs, qui affirment : « Il est donc plausible de suggérer qu'ils semblent être empruntés à un "futur" lointain en termes d'évolution terrestre, ou plus vraisemblablement au cosmoscosmos en général ». Les auteurs estiment que « l'évolution du calmarcalmar au poulpe est compatible avec une série de gènes insérés par des virus extraterrestres » et illustrent leur propos par un dessin très schématique qui a suscité de nombreuses réactions (voir ci-dessous).

    Calamar ancestral + virus -&gt; pieuvre (?) © Steele <em>et al.</em> 2018, <em>Progress in Biophysics and Molecular Biology</em>

    Calamar ancestral + virus -> pieuvre (?) © Steele et al. 2018, Progress in Biophysics and Molecular Biology

    L'article va encore plus loin, en proposant que des œufs de pieuvres conservés dans le froid d'une comète auraient été apportés sur Terre : « La possibilité que des œufs de calmar et/ou de pieuvre cryoconservés soient arrivés dans des bolidesbolides glacés il y a plusieurs centaines de millions d'années, ne devrait pas être négligée ».

    Karin Moelling, de l'Institut Max PlanckMax Planck, a commenté l'article dans la même revue : « Cet article est utile, il interpelle et il vaut la peine de réfléchir, mais la déclaration principale sur les virus, les microbesmicrobes et même les animaux venant de l'espace ne peut être prise au sérieux ».