La photographie animalière fascine par ses clichés époustouflants de la vie sauvage. Mais derrière ces images parfaites se cachent parfois des pratiques controversées. Appâts, mises en scène, manipulation d'animaux… Jusqu'où certains photographes sont-ils prêts à aller pour obtenir le cliché idéal ? Plongée dans les coulisses d'un monde dans lequel l'éthique est mise à rude épreuve.


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    La quête du cliché parfait en photographie animalière soulève de nombreuses questions éthiques. Si certains professionnels restent fidèles à une approche respectueuse de la nature, d'autres n'hésitent pas à recourir à des méthodes contestables pour capturer l'image tant convoitée. Cette pratique, bien que méconnue du grand public, semble répandue, y compris parmi les photographes les plus primés. Examinons les dessous de cette discipline où la frontière entre art et manipulation est parfois ténue.

    Les ficelles cachées de la photo animalière

    Dans les contrées reculées de Finlande, un système bien rodé attire les photographes du monde entier. Des affûts loués en lisière de forêt boréaleforêt boréale permettent d'observer et photographier la faune locale dans des conditions idéales. Mais derrière ce décor se cache une réalité moins idyllique :

    • utilisation de carcasses pour attirer les prédateurs ;
    • épandage de nourriture (saumon, croquettes) pour inciter les animaux à gratter le sol ;
    • positionnement stratégique des appâts dans l'axe des objectifs.

    Ces pratiques, bien que controversées, séduisent de nombreux professionnels, y compris parmi les plus récompensés. OlivierOlivier Larrey, lauréat du Grand Prix du festival international de Montier-en-Der en 2021, a notamment utilisé ce dispositif pour sa photo primée d'un gloutonglouton poursuivi par un corbeau.

    Pour Neil Villard, photographe suisse, ces méthodes posent un réel problème éthique : « Faire un cliché correct d'un animal comme le glouton devrait prendre au moins dix ans sans artifice. Ça devrait être la quête d'une vie, pas de trois jours ».

    Les conséquences insoupçonnées sur la faune

    Au-delà des questions éthiques, ces pratiques ont des répercussions concrètes sur le comportement et la santé des animaux. Selon Vincenzo Penteriani, chercheur spécialiste de l'ours pour l'UICNUICN, le nourrissage artificiel entraîne de nombreux effets néfastes :

    Conséquences

    Impacts

    Regroupements artificiels

    Augmentation des combats, propagation de maladies

    Modification des rythmes d'activité

    Perturbation des cycles quotidiens et saisonniers

    Risques pour les oursons

    Infanticides potentiels lors de rencontres avec des mâles adultes

    Dépendance à la nourriture humaine

    Difficulté d'adaptation à l'état sauvage pour les jeunes

    L'accoutumance aux humains représente également un danger, tant pour les animaux que pour l'Homme. Neil Villard souligne ce risque dans le cas du tigre de Sibérie : « L'attirer avec des appâts, c'est prendre le risque qu'il se rapproche de nous. Tous les efforts de conservation seraient alors aussitôt détruits... Juste pour une image ».

    L'éthique à l'épreuve des réseaux sociaux

    La pressionpression des réseaux sociauxréseaux sociaux pousse de nombreux photographes à produire du contenu en continu, quitte à recourir à des méthodes discutables. Camille Poirot, photographe, déplore cette situation : « Le public veut avoir accès à tout, tout de suite. Ce mode de consommation pousse certains vers une productivité exacerbée, aux antipodes de ce que devrait être notre métier ».

    La supercherie derrière la photographie animalière et les secrets des clichés « parfaits » révélés. © DieterMeyrl, iStock
    La supercherie derrière la photographie animalière et les secrets des clichés « parfaits » révélés. © DieterMeyrl, iStock

    D'autres pratiques controversées ont également vu le jour :

    • « fermes à lynx » en République tchèque, où les félinsfélins sont dressés pour poser ;
    • utilisation d'animaux congelés (grenouilles, souris, papillons) mis en scène ;
    • aquariums installés pour photographier les plongeons de martins-pêcheurs, au risque de les blesser.

    Fabien Wohlschlag, youtubeuryoutubeur et caméraman, dénonce ces supercheries : « Le pire dans l'histoire, c'est que certains volent aux photographes éthiques les récits d'aventure et de confrontation à soi-même dont ils se sont privés ».

    Vers une photographie animalière plus responsable

    Face à ces dérives, de nombreux professionnels appellent à un retour à une approche plus éthique de la photographiephotographie animalière. Myriam Dupouy, photographe professionnelle, insiste : « À défaut d'avoir de l'admiration, il faut avoir du respect pour la vie sauvage ».

    Des initiatives émergentémergent pour promouvoir une pratique plus responsable :

    • Élaboration d'une Charte de la photo animalière par l'Ifaw et Tamron.
    • Sensibilisation du public aux coulisses de la photographie animalière.
    • Valorisation des approches respectueuses de la nature, même si elles demandent plus de temps et d'efforts.

    En définitive, la beauté d'une image ne devrait pas primer sur le bien-être animal et l'intégritéintégrité du photographe. L'avenir de la discipline réside dans un équilibre entre créativité, patience et respect de la vie sauvage. Seule cette approche permettra de préserver la magie et l'authenticité qui font le charmecharme de la photographie animalière.