Quelques semaines après le scandale des « chiens-pandas » en Chine, des poussins multicolores en France, et alors que l'Italie vient d'interdire la pratique du « Puppy Yoga », les débats autour du bien-être animal sont relancés : jusqu'où irons-nous pour être dans la tendance et satisfaire nos besoins de voir du « mignon » ?
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La scène a fait lever quelques sourcils. Nous voici quelques semaines en arrière, dans un zoo de la province de Jiangsu, dans l'est de la Chine. Ticket en main, les visiteurs se pressent pour voir les nouveaux pensionnaires de l'établissement : des chiens-pandas. De grosses boules de poils au pelage noir et blanc absolument adorables... si ce n'est qu'il s'agit, en vérité, de deux chiens chow-chow teints en noir et blanc pour ressembler à des pandas géants afin d'attirer davantage de visiteurs. Un procédé qui a indigné, tant par sa nature trompeuse que pour l'utilisation d'animaux à des fins mercantiles.
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Quelques semaines plus tôt, un scandale similaire avait éclaté, en France, cette fois : un magasin d'alimentation de Haute-Saône avait profité des fêtes de Pâques pour accueillir un stand proposant à la vente des poussins colorés artificiellement par injection de colorant alimentairecolorant alimentaire dans l'œuf.
Cette addictionaddiction au mignon se mêle aussi, parfois, à des discours mélangeant allègrement bien-être et zoothérapie. C'est notamment le cas du « Puppy Yoga », concept venu des États-Unis et qui a su séduire l'Hexagone : des séances de yoga au milieu de chiots qui circulent entre les tapis et se font câliner à tout bout de champ, parfois au mépris de leur santé. Une pratique récemment interdite par le gouvernement italien.
Les réseaux sociaux au cœur de la machine
Des tendances extrêmement populaires, notamment grâce aux réseaux sociauxréseaux sociaux et l'abondance de publications d'animaux déguisés ou placés dans des situations cocasses, jugées « trop mignonnes », filmées et « likées » par des internautes incapables de reconnaître les signes de stress chez l'animal.
Mais les plateformes sont aussi la vitrine de maltraitances tout à fait conscientes : de faux sauvetages d’animaux, volontairement placés dans des situations dangereuses avant de miraculeusement croiser le chemin d'un internaute, par exemple filmé en train de sauver un chien coincé sur des rails de chemin de ferfer. Des mises en scène qui font prendre des risques aux animaux et les placent dans des situations de stressstress intense, mais qui font la joie des utilisateurs naïfs.
Des vidéos que YoutubeYoutube a décidé d'interdire en 2021, mais qui sont nombreuses à être toujours disponibles sur la plateforme, et circulent à l'envi sur InstagramInstagram et Tik Tok. Si, pour l'instant, une loi française interdit aux influenceurs d'utiliser des animaux sauvages captifs à des fins promotionnelles, pas de projet de loi en vue, à l'échelle nationale ou internationale pour réguler davantage les publications mettant en scène des animaux, qu'ils soient sauvages ou domestiques. Le meilleur moyen reste donc, en attendant, de fuir ces contenus comme la pestepeste et résister à la tentation de partager pour dénoncer, au risque de financer les auteurs de la vidéo en leur apportant davantage de visionnages.
La justice en peine pour appliquer la loi
En France, la loi visant à lutter contre la maltraitance animale adoptée en 2021 a marqué une belle avancée pour le droit des animaux et prévoit notamment l'interdiction aux cirques et delphinarium de détenir des animaux non domestiqués à partir de 2028, ainsi que la vente de chiots et chatons en animalerie. Sauf que, sur le terrain, c'est une autre histoire.
D'abord parce que l'adaptation prend du temps : les cirques et les delphinarium doivent, par exemple, se charger de trouver des structures d'accueil pour les animaux sauvages, et les aides de l'État ne couvrent pas complètement cette transition coûteuse... qui se fait, encore une fois, au prix du bien-être animal, comme dans le cas des orques de Marineland, ou des cirques vendant des bébés lionslions à des particuliers non formés.
Ensuite parce que les nouvelles pratiques, comme le Puppy Yoga, ont le temps de s'installer sur le territoire avant que l'État ne légifère, ce qui peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années.
Enfin, parce que les réseaux sociaux, encore eux, favorisent, à l'échelle internationale, le trafic d’animaux sauvages que certains rêvent de voir dans leur salon : c'est ainsi que servals, fennecs et écureuilsécureuils sont vendus via FacebookFacebook ou Instagram à bas prix, et en tout illégalité. Un trafic particulièrement actif en France : sa biodiversitébiodiversité et sa position géographique en font « un pays d'origine, de destination et de transittransit », rapporte Le Monde dans une longue enquête consacrée au sujet.
Le chemin est encore long avant de voir les droits des animaux respectés et que l'objectivisation d'êtres vivants afin de satisfaire des besoins de « mignonnerie » soit interdite, et nous n'en verrons le bout qu'avec des actions fortes menées de façon coordonnée à l'échelle internationale afin de faire respecter les textes de loi en vigueur et d'encadrer les pratiques sur les réseaux sociaux.