Sais-tu quel animal marin de toutes les couleurs est capable de construire sa maison et d’y accueillir les poissons ? Aujourd’hui on va parler du corail, dans Bêtes de Science.
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Nous naviguons sur les eaux turquoise du nord-est de l'Australie. Équipés d'un simple masque, d'un tuba et de palmes, nous voici prêts à découvrir l'une des merveilles de notre Planète. À l'horizon s'étend le bleu infini de l'océan Pacifique, son parfum iodé embaumant tout à bord du bateau. Dans quelques secondes, nous allons nous immerger dans un monde de couleurscouleurs. Nous partons à la découverte d'un site d'exception : la Grande Barrière de corail.
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La Grande Barrière de corail, un paradis pour les espèces marines
On se croirait au cœur d'un véritable jardin sous-marin. À quelques centimètres à peine, fleurissent toutes sortes de formes multicolores. Ici une dentelle rouge vif, là-bas des tubes d'un bleu éclatant, un peu plus loin, ne dirait-on pas des feuilles vertes, des moussesmousses jaunes ou des étoilesétoiles violettes ? C'est une véritable explosion de couleurs ! Et puis il y a les poissons, grands, petits, fins ou gros ; eux aussi multicolores, eux aussi de toutes les formes, se déplaçant seuls ou en groupe, se faufilant, se croisant ou s'enfuyant. Pas de doute, nous sommes bien face à une merveille de la nature. La Grande Barrière de corail, le plus grand récif corallien au monde, s'étend face à nous sur plus de 2 000 kilomètres de long !
Les eaux turquoise et chaudes où nous barbotons gaiement abritent des milliers d'espèces de poissons et de mollusquesmollusques. Tiens, voici une petite célébrité : un poisson-clown qui, comme la star du film Le Monde de Nemo, est reconnaissable à ses rayures orange vif et sa bouille à croquer ! Il s'aventure hors de sa petite anémone pour tomber neznez à nez... avec un mérou patate ! Ce drôle de nom va comme un gant à ce gros poisson à la mine patibulaire dont le corps est constellé de taches en forme de... patate, évidemment ! La Grande barrière de corail est un refuge pour nombre d'espèces : poissons mais aussi mollusques, requins, raies et tortuestortues viennent y passer des étapes importantes de leur vie ou s'y installent définitivement. Il faut dire que ça fait envie ! L'animal qui nous intéresse aujourd'hui, c'est le corail.
Le corail : un minuscule animal capable de créations titanesques
En fait, contrairement aux apparences, nous ne sommes pas en train d'observer des plantes multicolores solidement accrochées à leur rocher. Ce que nous regardons, c'est un animal : le corail. Alors, pour être précis, ce sont plutôt des milliers d'animaux minuscules reliés entre eux ! On appelle ces animaux des polypes. Pour bien comprendre ce qu'est un polype, il faut t'imaginer une sorte de minuscule tube gélatineux. Le polype mesure moins d'un millimètre, d'un côté il a un pied qui lui sert à s'accrocher, de l'autre, une bouche entourée de tentacules. Tu as raison, il ressemble à une méduseméduse microscopique, et c'est normal ! Le corail appartient à la famille des CnidairesCnidaires, comme les méduses ou l'anémone qui sert de maison au poisson-clown que l'on vient de croiser !
Si le corail a donné son nom à la Grande Barrière de corail, c'est parce que c'est lui qui l'a construite ! Eh oui, les coraux qui nous entourent sont ce que l'on appelle des coraux bâtisseurs de récifs. Ce sont eux qui ont fabriqué la Grande Barrière. Elle est si grande que Thomas PesquetThomas Pesquet, l'astronauteastronaute français, a pu la photographier alors qu'il était dans l'espace, à bord de la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale. En orbiteorbite autour de la TerreTerre, il pouvait admirer à l'œil nu cette structure pourtant recouverte par les eaux. Incroyable n'est-ce pas ? Alors comment un animal mesurant moins d'un millimètre a-t-il pu construire une barrière sous-marine visible depuis l'espace ? Un peu de patience, nous y reviendrons plus tard, car pour l'instant, l'heure est au spectacle !
Le plus grand récif corallien au monde est aujourd'hui menacé
Toutes ces formes qui nous stupéfient de leurs couleurs flamboyantes sont des espèces différentes de coraux. La Grande Barrière en compte des centaines ! C'est un vrai bonheur pour les yeuxyeux et pour les poissons ! Tiens, une tortue marinetortue marine s'approche de nous ! Tu l'auras compris, nous sommes au cœur d'un havre de biodiversitébiodiversité, un paradis pour les animaux et les plantes. Car le corail joue un rôle écologique très important : il permet le développement de la faunefaune et de la flore et sert d'abri à de nombreuses espèces marines. Les chercheurs estiment qu'un quart de la biodiversité marine - un quart de toutes les espèces existantes - se trouve dans les récifs coralliens ! Et près de la moitié des animaux marins ont besoin des récifs, à un moment de leur vie, pour traverser une phase importante de leur développement !
Malheureusement ce paradis est en péril. Depuis des années, les scientifiques observent un curieux phénomène : un peu partout sur la planète, le corail perd ses couleurs éclatantes. Il devient blanc. Ce blanchissement du corail est le signe d'un stressstress vécu par cet animal. Le stress peut être dû à des changements de son environnement, comme une augmentation de la température de l'eau dans laquelle il vit ou la baisse de zooplanctonzooplancton et de petits poissons qui sont une de ses sources d'alimentation. Les activités humaines, comme la surpêchesurpêche ou les émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre qui réchauffent le climat sur toute la planète, en sont la cause principale. C'est pourquoi scientifiques et bénévoles se mobilisent et travaillent jour après jour à la protection des récifs coralliens, de leur splendeur et de leur biodiversité ! Mais comment un animal si petit est-il capable de construire une structure aussi impressionnante que la Grande Barrière de corail ? Eh bien, tu vas voir qu'encore une fois, la taille de l'animal n'a rien à voir avec celle de ses exploits !
Une relation soudée avec la zooxanthelle
Pour bien comprendre comment un récif corallien se construit, il faut en revenir au polype. Aussi minuscule soit-il, il est le personnage principal de cette aventure. Le polype est un organisme mou qui va construire lui-même son squelette. En fait, il va créer une muraille en forme de vase tout autour de lui, que l'on nomme « loge » ou « coupe ». C'est cette loge qui lui servira de maison et qui lui permettra de vivre sans être emporté par les vaguesvagues ! Eh oui, ça secoue là-dessous ! Les polypes se multiplient, en fait on pourrait dire qu'ils poussent les uns à côté des autres en soudant leurs maisons entre elles pour former une colonie (même s'il existe aussi des coraux solitaires faits d'un seul polype dans une seule coupe). Et les polypes ne chôment pas : le corail peut grandir de 10 centimètres en une seule année et la taille des colonies peut atteindre plusieurs mètres !
Dans ce vaste chantier, le corail peut compter sur sa précieuse alliée, la zooxanthelle. La zooxanthellezooxanthelle est une alguealgue qui vit dans le corail. Cette drôle de cohabitation permet à l'algue de vivre à l'abri et de profiter des minérauxminéraux que le corail attrape dans l'eau. En échange, l'algue donne au corail l'énergieénergie qui va lui permettre de se développer. Cette énergie est la première source d'alimentation du corail ! D'ailleurs, c'est pour cette raison que les coraux bâtisseurs de récifs s'épanouissent à de faibles profondeurs: les zooxanthelles captent la lumièrelumière du soleilsoleil pour produire l'énergie dont le corail a besoin, grâce à un processus que l'on appelle la photosynthèse. Sache qu'il existe aussi des coraux qui se développent en profondeur et sans lumière, mais laissons cela de côté pour aujourd'hui, ce sera peut-être l'objet d'un prochain épisode !
Une véritable harmonie entre les espèces
L'alliance entre l'algue et le corail, appelée symbiose, est donc bénéfique aux deux partis et elle est essentielle à leur survie. CeriseCerise sur le gâteau, c'est la zooxanthelle qui donne au corail ses couleurs flamboyantes ! Et voici donc pourquoi les coraux blanchissent : lorsqu'il subit un stress important, le corail expulse ses zooxanthelles et il perd alors sa couleur ! Mais tant qu'il va bien, chaque polype de corail construit sa maison, ou son exosqueletteexosquelette, en produisant un minéralminéral. Et les milliers de polypes qui constituent le corail vont faire de même. Pour te faire une idée, si on découpait un morceau de corail en un carré d'un mètre sur un mètre, on pourrait compter près de 10 000 polypes sur ce seul carré ! Vertigineux n'est-ce pas ? Résultat, un récif se crée au fil des années, où des mollusques, des éponges ou d'autres coraux viendront se greffer pour prospérer dans les eaux claires des récifs. Et si l'eau est si belle, ce n'est pas un hasard : le corail nettoie l'eau dans laquelle il vit en aspirant les particules qui s'y trouvent ! Le récif corallien devient donc un refuge, qui offre protection et nourriture aux espèces marines. C'est même la nurserie préférée de nombreuses espèces qui viennent y élever leurs bébés !
Le corail joue aussi un rôle important pour les humains : il forme une barrière protectrice qui freine les vagues et protège les zones côtières lors des tempêtestempêtes, il permet à de nombreux humains de vivre et de se nourrir de la pêchepêche et c'est aussi une attraction touristique très importante dans de nombreuses régions du monde ! Des millénaires de développement nous permettent donc aujourd'hui d'avoir le privilège d'observer la splendeur de la Grande Barrière de corail ! Alors rappelons-nous que cet exploit est possible grâce à l'alliance étroite entre un animal et une algue, et que l'on peut joindre nos efforts aux leurs en faisant de notre mieux pour protéger la beauté fragile des récifs coralliens !
