« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, une fois de plus, revenons vers celui qui est devenu notre meilleur ami : le chien.
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Quand ça renifle les crottes, c'est un peu énervant. Il faut bien l'avouer. Mais quand ça renifle des droguesdrogues, des bombes, des victimes de catastrophes ou même des maladies, c'est tout de suite bien plus intéressant. Et c'est connu depuis bien longtemps, le chien a un odoratodorat exceptionnel.
Quand on y regarde de plus près, ce n'est pas très étonnant. La muqueusemuqueuse qui se cache dans la truffe du chien a une surface 50 fois plus importante que celle qui se trouve dans notre neznez. Elle se compose de 200 millions à 1 milliard de capteurscapteurs d'odeur. Pour comparaison, le nôtre, toujours de nez, n'en compte pas plus de 5 millions !
Côté cerveaucerveau, même constat. Le bulbe olfactif du chien -- comprenez la région du cerveau qui traite les messages envoyés par les capteurs d'odeur -- est jusqu'à 30 fois plus gros que celui de l'être humain. Avec environ 40 fois plus de cellules dédiées à l'analyse des odeurs.
Et tout ça, c'est sans parler de l'organe surprenant que les vétérinairesvétérinaires appellent organe voméronasal. Il est placé dans le palais supérieur du chien. Relié au nez par deux petits canaux. Grâce à lui, le chien peut analyser des odeurs avec une finesse incroyable. Même lorsque les moléculesmolécules odorantes ne sont pas légion.
L’odorat et la vue connectés l’un à l’autre
Le pouvoir extraordinaire du chien pourrait sembler déjà ne plus avoir de secret pour les scientifiques. Mais ce serait oublier leur curiosité sans limite. Parce que malgré tout, ils restaient perplexes face à un chien dont l'odorat apparaît un million de fois plus efficace que le nôtre. Alors ils ont fait appel à une technique de neuro-imagerie avancée pour tenter de localiser les chemins empruntés par la substance blanchesubstance blanche dans le cerveau du chien. La substance blanche, c'est celle qui transporte les informations entre les aires cérébrales. Des millions de câbles entourés d'une matièrematière grasse, la myélinemyéline.
Une vingtaine de chiens se sont prêtés à l'expérience. Des chiens tous plutôt bons renifleurs, disons-le. Et ce que les chercheurs ont observé, ce sont d'abord des connexions entre le bulbe olfactif -- qui se trouve derrière les yeuxyeux du chien -- et le système limbiquesystème limbique et le lobe piriforme. C'est là que le cerveau traite la mémoire et les émotions. Des connexions semblables à celles que l'on trouve chez nous. Ces mêmes connexions qui nous plongent dans notre enfance à la simple odeur d'un chocolat chaud. Rien d'étonnant, jusqu'ici. Mais les chercheurs ont aussi découvert des connexions auxquelles ils ne s'attendaient pas du tout. Parce que de telles connexions n'ont jamais été observées chez aucune autre espèce animale. Pas même chez l'être humain. Des liaisons avec la moelle épinièremoelle épinière et avec le lobe occipital.
Le lobe occipital, c'est cette région du cerveau qui traite les informations... visuelles ! Oui, vous avez bien lu. Chez le chien, odorat et vue sont reliés par le cerveau. Certains scientifiques le supposaient. Mais cette fois, c'est démontré. Cela explique aussi comment des chiens devenus aveugles parviennent si bien à s'orienter dans leur environnement. Bien mieux que nous. Une bonne nouvelle pour les humains qui partagent la vie d'un chien. Et un signe de plus que notre meilleur ami n'est pas si bête !