Voilà 250 ans que la première anguille électrique a été identifiée. Les chercheurs pensaient cette espèce unique, mais ils viennent d’en découvrir deux nouvelles du côté de l’Amazonie. Et l’une de ces anguilles envoie les décharges électriques les plus puissantes du monde animal.


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    Deux nouvelles espèces d'anguilles électriques ont été découvertes dans les eaux douces amazoniennes. L'une d'entre elles est capable d'envoyer des décharges de 860 voltsvolts, les plus puissantes jamais enregistrées dans le monde animal, rapporte une étude menée par des chercheurs du muséum d’histoire naturelle Smithsonian à Washington (États-Unis) et publiée dans la revue Nature Communications.

    Les anguilles électriques, qui sont malgré leur nom plus proches des poissons que des vraies anguilles, passionnent les scientifiques de longue date. Elles sont en effet connues depuis plus de 250 ans comme de gros poissons pouvant mesurer jusqu'à 2,50 mètres. Et elles étaient jusqu'ici affiliées par les scientifiques à une seule espèce.

    Les rivières d’Amérique du Sud abritent au moins trois espèces différentes d’anguilles électriques, y compris une espèce (<em>Electrophorus voltaï</em>) capable de générer une décharge électrique plus importante que tout autre animal connu. Ici, une anguille de l'espèce <em>Electrophorus varii</em>. © D. Bastos, Muséum d’histoire naturelle Smithsonian
    Les rivières d’Amérique du Sud abritent au moins trois espèces différentes d’anguilles électriques, y compris une espèce (Electrophorus voltaï) capable de générer une décharge électrique plus importante que tout autre animal connu. Ici, une anguille de l'espèce Electrophorus varii. © D. Bastos, Muséum d’histoire naturelle Smithsonian

    Les anguilles intéressaient toutefois les chercheurs du fait de leur capacité à produire de l'électricité -- comme une batterie biologique -- leur permettant, par un mécanisme d'électrochocsélectrochocs, de paralyser leurs proies à distance. Leur anatomieanatomie a même inspiré le physicienphysicien italien Alessandro VoltaAlessandro Volta, l'inventeur de la première pile électrique -- la pile voltaïque -- en 1799. Elle a aussi servi la recherche sur les maladies neurodégénérativesmaladies neurodégénératives et, plus récemment, sur la pile à hydrogènehydrogène pour implantsimplants médicaux.

    Tous les spécimens étudiés par les chercheurs du muséum d’histoire naturelle Smithsonian avaient une apparence physique semblable. Mais la génétique a révélé trois espèces différentes. Ici, <em>Electrophorus varii</em>. © Muséum d’histoire naturelle Smithsonia
    Tous les spécimens étudiés par les chercheurs du muséum d’histoire naturelle Smithsonian avaient une apparence physique semblable. Mais la génétique a révélé trois espèces différentes. Ici, Electrophorus varii. © Muséum d’histoire naturelle Smithsonia

    Encore beaucoup d’espèces à découvrir  ?

    L'identification au cours de cette étude menée au Brésil, en Guyane française, au Guyana et au Suriname de deux nouvelles variétés souligne à quel point la richesse de la biodiversité en Amazonie reste méconnue. « Pouvoir encore trouver de nouveaux poissons d'une telle taille dans la forêt amazonienne, en dépit des activités humaines qu'elle subit depuis 50 ans, montre qu'il reste énormément d'espèces à découvrir, dont beaucoup pourraient servir à la recherche médicale ou susciter des avancées technologiques », explique Carlos David de Santana du muséum d'histoire naturelle Smithsonian à l'AFP.

    Préserver la plus grande réserve de biodiversité de la planète

    Cette découverte « renforce la nécessité de préserver la plus grande réserve de biodiversité de la planète », ajoute le chercheur. Carlos David de Santana et son équipe ont découvert ces deux nouvelles espèces en étudiant l'ADNADN de 107 spécimens. L'une d'elles, appelée Electrophorus voltaï -- l'autre a été baptisée Electrophorus varii --, localisée au Brésil, est capable de produire des décharges allant jusqu'à 860 volts, soit 200 volts de plus que l'espèce déjà connue. Ce phénomène pourrait s'expliquer par une adaptation de cette espèce à son milieu aquatique, situé sur les hauts plateaux, où la conductivitéconductivité électrique est faible.

    Environ 250 espèces de poissons électriques vivent en Amérique du Sud. Tous produisent du courant électriquecourant électrique pour communiquer ou s'orienter, mais les anguilles électriques sont les seules à l'utiliser aussi pour chasser ou se défendre.