En matière de sexe, il n’y a pas que la taille qui compte. Tout le monde le sait. Sauf, peut-être, pour cette étonnante chauve-souris. Des chercheurs nous font aujourd'hui découvrir ses drôles de mœurs.
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La sérotine commune -- ou Eptesicus serotinus, pour les puristes --, c'est une espèce de chauve-souris qui vit notamment dans les forêts de notre Europe. Elle intrigue les scientifiques parce qu'ils lui ont observé une particularité anatomique surprenante. Lorsqu'il est en érection, le pénispénis de la sérotine mâle devient en effet environ sept fois plus long que le vaginvagin de la sérotine femelle. Son extrémité en forme de cœur, quant à elle, apparaît sept fois plus large.
Le pénis surdimensionné de la chauve-souris mâle
Comment, dans ces circonstances, imaginer une pénétration ? Après des années d'observations infructueuses, c'est finalement en visionnant des images jointes à un mail douteux -- l'objet commençait par le mot « pénis » -- que des chercheurs de l'université de Lausanne (Suisse) ont trouvé la réponse qu'ils livrent dans la revue Current Biology. Des images prises par des caméras installées dans une église -- un comble ! vous en conviendrez -- aux Pays-Bas par un passionné de chauve-souris.
Les chauves-souris sont dotées d'une mémoire exceptionnelle ! Apprenez-en plus à leur sujet dans cet épisode de Bêtes de Science. © Futura
Sur ces images, les chercheurs ont observé l'impensable. Un accouplement de mammifère... sans pénétration. Ils ont vu des chauves-souris mâles saisir les femelles par la nuque. Et utiliser leur pénis surdimensionné comme un bras supplémentaire pour dégager la membrane caudale qui protège les organes génitaux des femelles. Avant de procéder à ce que les scientifiques appellent un « accouplement par contact » ou un « baiser cloacal » dans lequel le spermesperme est transféré alors que les organes génitaux ne font que se toucher. Un peu comme le font la plupart des oiseaux. Une première, toutefois, dans la classe des mammifères. À supposer qu'il se confirme qu'il s'agissait bien là d'accouplements. Parce que les chercheurs ont été dans l'incapacité de vérifier que le petit manège dont ils ont été les témoins a conduit à la fécondation des femelles.
Un conflit sexuel qui fait gonfler le sexe de la chauve-souris
Pour l'heure, les scientifiques envisagent que cette façon de s'accoupler adoptée par les chauves-souris sérotines pourrait résulter de ce que les chercheurs appellent un conflit sexuel. Il apparaît lorsque les mâles et les femelles d'une espèce évoluent en réponse les uns aux autres alors qu'ils tentent de prendre le dessus. Comme beaucoup d'insectivoresinsectivores, les sérotines possèdent en effet une membrane caudale située entre leurs pattes arrière. Elle leur permet par exemple de capturer des proies en vol. Mais les sérotines femelles pourraient s'être mises à l'utiliser comme une ceinture de chasteté et dissuader ainsi les mâles indésirables. En réponse, ces derniers auraient pu adapter leurs organes génitaux pour leur permettre d'écarter la membrane et accéder à nouveau au Graal. Enfin, presque...