« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, tournons-nous vers notre cousin préféré : le singe.
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Saviez-vous que l'expression « malin comme un singe » n'était, à l'origine, pas forcément des plus flatteuses ? Parce que par le passé, la croyance populaire faisait du singe... une créature du diable. Il fallait donc entendre « malin » au sens de « malveillant » bien plus qu'au sens d'« astucieux » ou d'« intelligent ».
Et puis, les scientifiques s'en sont mêlés. Ils nous ont appris que les singes appartiennent au même ordre que les Hommes. Celui des primates. Ceux que l'on appelle les grands singes ont même intégré directement notre famille, celle des hominidés. Les chimpanzés ou les bonobos sont donc nos cousins. Ainsi, quand on parle, dans le langage courant, de « notre ancêtre le singe », c'est plutôt pour désigner l'ancêtre commun que nous avons pu avoir avec les grands singes et qui vivait il y a quelque chose comme six millions d'années.
Au fil de ces dernières décennies, les chercheurs ont aussi découvert que le singe est bien malin. « Malin » au sens « intelligent », cette fois. Ils ont commencé à réellement en prendre conscience dans les années 1960. Lorsque Jane Goodall, une jeune éthologue britannique, a observé un chimpanzé qui s'aidait d'une brindille pour attraper des termites. La première preuve que l'utilisation d'outils n'était pas l'apanage des humains. La première preuve que les animaux aussi peuvent s'appuyer sur une certaine forme d'intelligenceintelligence.
À partir de là, les scientifiques ont découvert à nos cousins les singes toutes sortes de capacités cognitives. Ils ont de la mémoire. Ils savent apprendre et transmettre. Ils aiment jouer. Ils savent se reconnaître dans un miroirmiroir. Des chimpanzés ont même été vus regarder à gauche puis à droite avant de traverser une route. Et souvenez-vous de l'histoire de Koko, la femelle gorillegorille qui avait appris à parler avec ses mains... Finalement, les grands singes pourraient bien se révéler plus intelligents que certains de nos ancêtres.
Un « réseau du mode par défaut » qui fait toute la différence
Pour en avoir le cœur net, des chercheurs sont allés encore plus loin. Ils se sont intéressés aux cerveaux de quatre espècesespèces de primates : le Microcèbe murinmurin, le ouistiti, le macaque et... l'Homme. Et plus exactement même à leurs réseaux cérébraux. Ceux qui relient entre elles différentes régions cérébrales.
Chez les humains, les scientifiques ont identifié un réseau tout à fait étonnant. Ils l'appellent le « réseau du mode par défaut ». Il connecte plusieurs régions de notre cerveau. Et ce « réseau du mode par défaut » est associé à l'introspection, à la réflexion sur soi-même et à la planification du futur. Il s'active notamment lorsque... nous ne faisons rien !
Or les chercheurs nous l'assurent désormais, chez les primates non humains qu'ils ont étudiés, deux régions particulières du cerveaucerveau connectées par le « réseau du mode par défaut » communiquent peu lorsque ces singes sont au repos. Il s'agit du cortex préfrontalcortex préfrontal médian, chargé de la manipulation de l'information, et du cortex cingulaire postérieur, qui agit comme un régulateur des interactions entre les régions cérébrales. Selon les scientifiques, c'est bien le signe que ce fameux réseau n'existe pas à l'identique chez ces primates-là. Même si les scientifiques envisagent toujours que le « mode par défaut » de nos cousins, les grands singes, pourrait être un peu plus semblable au nôtre.
Cette organisation particulière à l'être humain du « réseau du mode par défaut » pourrait être celle qui nous a offert la possibilité de développer une pensée abstraite notamment. Démarquant notre intelligence de celle des autres primates. Même s'il reste certain que le singe... n'est pas si bête !