« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, reprenons la direction de l’Afrique et partons à la rencontre d’un étonnant rongeur : le rat-taupe nu.


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    Le rat-taupe nu. C'est un drôle d'animal. Une sorte de souris géante qui vit sous la terre des régions arides de l'Éthiopie et du Sud saharien. Pas de poil. De tout petits yeuxyeux. De grandes incisives. Bref, un physiquephysique que l'on pourrait facilement se laisser aller à qualifier de disgracieux.

    Le rat-taupe-nu intéresse pourtant beaucoup les chercheurs. Parce que sa peau cicatrise incroyablement vite. Parce qu'il est quasiment insensible aux brûlures. Parce qu'il semble résistant au cancercancer. Ou encore, parce qu'il ne présente presque pas de signe de vieillissement. Jusqu'à la veille de sa mort !

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    Le rat-taupe nu, une longévité exceptionnelle et jamais de cancer !

    Mais s'il est question de lui aujourd'hui, c'est aussi parce que le rat-taupe nu est un grand communicant. Il pépie. Il grince. Il gazouille. Il grogne. Et tout cela dans un dialecte propre à sa colonie. Une manière, selon les chercheurs, de renforcer la cohésion et le sentiment d'appartenance au sein d'un groupe. Pour assurer sa prospérité.

    Chez les rats-taupes nus qui luttent pour leur nourriture, les étrangers — reconnus par un dialecte différent — ne sont pas les bienvenus. Les chercheurs n’hésitent pas à les qualifier de « xénophobes extrêmes ». © Felix Petermann, <em>Max Delbrück Center for Molecular Medecine</em>
    Chez les rats-taupes nus qui luttent pour leur nourriture, les étrangers — reconnus par un dialecte différent — ne sont pas les bienvenus. Les chercheurs n’hésitent pas à les qualifier de « xénophobes extrêmes ». © Felix Petermann, Max Delbrück Center for Molecular Medecine

    Au cœur de la culture du dialecte, une femelle

    Mais comment les chercheurs ont-ils bien pu déceler des dialectes dans les bruits bizarres que font les rats-taupes nus ? En enregistrant plus de 36.000 pépiements pendant deux ans. Puis en analysant les propriétés acoustiques de ces vocalisations grâce à un algorithme.

    L'idée de communiquer dans un dialecte particulier apparait plutôt futée lorsque l'on sait que la nourriture peut venir à manquer dans les plaines sèches où vit le rat-taupe nu. Ainsi, l'ensemble des rongeurs d'une colonie travaille en harmonie, chacun en fonction de son rang, pour remplir le rôle qui lui est dévolu.

    Car les chercheurs le confirment également. Les rats-taupes nus savent différencier le dialecte de leur colonie de celui d'une autre. Et c'est la « reine » de la colonie -- la seule femelle reproductrice du groupe -- qui a la charge de préserver l'intégritéintégrité de chaque dialecte. Comprendre les mécanismes qui soutiennent, dans le cerveaucerveau des rats-taupes nus, cette culture linguistique propre pourrait nous éclairer sur l'évolution de ce type de culture chez nous, les êtres humains. Car le drôle de rongeur avait bien développé avant nous ce système de communication. Pas si bête, le rat-taupe nu !