« Bêtes de Science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce premier épisode, prenons la direction de l’Afrique et partons à la rencontre d’un mal-aimé : le lycaon.
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Le lycaon, vous connaissez ? Certains l'appellent le loup peint. Et c'est en fait une sorte de chien sauvage qui vit dans les steppes et dans les savanes africaines. Un canidécanidé qui, quelque part sur le chemin de l'évolution, a perdu un doigt - il n'en possède que quatre à chaque patte - et deux dents - il lui en reste tout de même 40, du coup. Ça, c'était pour l'introduction rigolote.
“ Une espèce en danger ”
Ce qui est moins drôle, c'est que le lycaon a longtemps été considéré comme un nuisible. Accusé de répandre des maladies. Comme un animal cruel, même. Capable de tuer pour le plaisir ! Alors il a été empoisonné par les uns, traqué par les autres. Résultat : il est aujourd'hui en voie de disparition. En un siècle, ses effectifs ont été divisés par cent. Il n'en resterait aujourd'hui plus qu'à peine quelques milliers de spécimens dans la nature.
C'est pourquoi, peut-être, l'histoire du lycaon mérite tout particulièrement d'être racontée. Elle nous permettra de découvrir que l'exercice de la démocratie n'est pas l'apanage des Hommes, et nous aidera peut-être à reconsidérer le regard que nous posons sur ce chienchien sauvage pas tout à fait comme les autres.
Éternuer pour exprimer sa voix
L'histoire du lycaon, donc, c'est l'histoire d'un canidé qui est resté sauvage. Bien que se rapprochant occasionnellement des Hommes. Un animal très sociable, quoi qu'on en pense. Qui vit en meute, comme son cousin le loup. Mais il ne hurle pas comme lui. Il n'aboie pas non plus comme notre chien. Normal, il paraît que l'aboiement est venu à notre meilleur ami lorsqu'il a voulu trouver un moyen de communiquer avec nous. Le lycaon n'en a que faire. Ce qui lui importe, c'est de communiquer avec ses congénères.
Pour cela, surprise ! Il a pris l'habitude de pousser de petits cris et des gémissements et de sauter sur les autres lycaons de sa meute. Un peu comme le font nos chiens, lorsqu'ils sont trop contents de nous retrouver.
Mais ce que nos chiens ne font pas, une fois les ardeurs calmées, c'est d'éternuer. La belle affaire me direz-vous ! Si les lycaons éternuent, c'est très vraisemblablement pour libérer leurs narinesnarines. Et bien, détrompez-vous. Après avoir observé près de 70 rassemblements de chiens sauvages africains, des chercheurs nous assurent qu'il s'agit d'un comportement hautement social. D'une expression de la démocratie made in lycaon. D'une manière de décider s'il est temps pour la meute, de se mettre en chasse.
Si le rassemblement a été initié par le mâle - ou la femelle - alpha, trois éternuements dans la meute suffisent à donner le signal de l'assaut. Mais, même si le rassemblement a été déclenché par un autre individu de la meute, une dizaine d'éternuements permettent d'emporter la décision. Pas si bête, le lycaon !
Bêtes de Science
Pour donner la parole à tous ceux qui ne sont pas humains, mais qui ont tant à nous apprendre. Chronique hebdomadaire.