« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, revenons une nouvelle fois vers notre meilleur ami : le chien.
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De notre meilleur ami le chien, il en a déjà été question plusieurs fois dans cette chronique Bêtes de science. Nous l'avons découvert capable de partager nos émotions. Les plus joyeuses. Comme les plus tristes. Ou de mettre la patte sur nos petits défauts. En décelant nos mensonges par exemple. Plus récemment, nous avons fait la connaissance de Max, de GaiaGaia ou encore de Squall. De véritables petits génies qui avaient appris à distinguer des objets par leur nom.
Et il y a quelques jours, je suis tombée sur de nouveaux travaux -- toujours menés par la fameuse équipe d'éthologues de l’université Eötvös Lorànd de Budapest (Hongrie) -- qui ont attiré mon attention d'amoureuse des chiens. Notre meilleur ami, disaient les chercheurs, est capable de différencier des langues. Incroyable, pensez-vous ? Vous avez tout à fait raison. Car il semblerait que très peu d'animaux soient capables d'une telle prouesse. Elle a déjà été éprouvée chez des éléphants d'Afrique. Mais c'est connu. Les éléphants sont tout particulièrement intelligents. Et aujourd'hui, c'est bien la toute première fois que cette capacité est prouvée sur un cerveaucerveau non humain.
D'abord, peut-être aimerez-vous savoir comment diable les chercheurs ont pensé à tester ça sur des chiens. Le hasard, une fois de plus. Une éthologue qui déménage du Mexique à la Hongrie avec son chien. Et qui, au détour d'un avion, se demande comment son fidèle Kun-kun va réagir à tous ces gens qui ne parleront pas la même langue qu'elle. Les bébés humains font la différence. Mais les chiens ?
L'espagnol, ça n'a rien à voir avec le hongrois !
Alors les chercheurs de l'université Eötvös Lorànd de Budapest (Hongrie), comme ils en ont l'habitude maintenant, ont entraîné des chiens à rester immobiles dans un scanner. Là, ils leur ont diffusé des extraits... du Petit Prince. Joli choix ! En espagnol et en hongrois. Des chiens qui n'avaient jamais entendu que l'une ou l'autre de ces langues. Et tant qu'à faire, les chercheurs ont aussi testé la capacité de ces chiens à distinguer le véritable texte d'une version brouillée et dénuée de sens.
Les images sont sans équivoque. Des modèles d'activité distincts apparaissent dans le cortexcortex auditif primaire des chiens lorsqu'ils entendent un texte cohérent ou un texte... sans queue ni tête. Selon les chercheurs, cette capacité pourrait être liée à une sorte de détecteur caché dans le cerveau des chiens du caractère « naturel » ou non d'une phrase.
C'est dans le cortex auditif secondaire que des modèles d'activité spécifiques à la langue ont été trouvés. Des modèles un peu plus marqués encore chez les chiens les plus âgés. Ces modèles seraient le signe qu'à nos côtés, les chiens peuvent apprendre les régularités auditives de notre langue. Pour la distinguer ensuite d'une langue étrangère. Peut-être le résultat de l'évolution du cerveau du chien depuis des millénaires qu'il fréquente les Hommes. Ou pas... Quoi qu'il en soit, il semblerait bien qu'une fois de plus, nous soyons amenés à conclure que notre ami le chien n'est pas si bête !
Pas si bête et sensible. Alors pour ceux qui s'intéressent à la manière dont Kun-kun a pu s'adapter à ces gens qui parlent une langue qu'il ne comprend pas, rassurez-vous ! L'amour de son humaine lui est amplement suffisant. Et maintenant qu'il a découvert ce qu'est la neige, il aidera peut-être bien nos amis éthologues de l'université Eötvös Lorànd à en apprendre un peu plus sur la manière dont les chiens perçoivent la parole...