« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, partons à la découverte d’un être singulier qui séjournera bientôt dans l’espace, à bord de l’ISS, sous l'œil attentif de Thomas Pesquet : le blob.
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Si je vous dis « blob ». Vous voyez de quoi je veux parler ? Si vous êtes adeptes de films de science-fiction -- pas forcément très réussis --, il vous viendra sans doute une image à l'esprit : celle d'une créature extraterrestre gluante qui grossit en engloutissant les habitants d'une petite ville de Pennsylvanie. Ou de Californie, au choix.
Mais, dans la vraie vie, le blob -- de son véritable nom Physarum polycephalum -- est un organisme unicellulaire bien terrestre. Il existe depuis des centaines de millions d'années. Et les scientifiques en ont, à ce jour, décompté plus de 1.000 espèces. Certaines peuvent présenter autant de différences qu'un rongeur et une baleine dans le monde des mammifères. Jaune, rouge ou noir. Le blob adore les endroits sombres et humides. Il ressemble tantôt à du vomi de chien. Tantôt à des croûtescroûtes de mucusmucus. Tantôt à de la moisissure. Bref, rien de très ragoûtant. Pourtant, le blob fascine les scientifiques.
Tiens, par exemple, parce qu'il est composé d'une cellule unique géante. Qui peut atteindre les dix mètres carrés. Grâce à un réseau veineux en perpétuelle adaptation et qui distribue les nutrimentsnutriments de manière étonnamment efficace en tous points de son organisme. Parce que le blob est presque immortel aussi ! Si vous le découpez en morceaux, il va rapidement cicatriser. Et former plusieurs nouveaux blobs.
Le saviez-vous ?
Dans les Appalaches, on a signalé un blob de plus d’un kilomètre carré. Une seule et unique cellule quelque dix millions de fois plus grande qu’une cellule humaine. Thomas Pesquet, quant à lui, s'apprête à emporter avec lui dans son voyage vers l'ISS, un spécimen de blob. Objectif : étudier son comportement... et susciter l'intérêt des jeunes pour les sciences.
Le blob produit des spores et des pigments. Comme les champignonschampignons et les plantes. Il se déplace aussi. Comme un animal. À quatre petits centimètres par heure, seulement. Et surtout lorsqu'il est affamé. Pourtant, ce n'est ni vraiment l'un ni vraiment l'autre. La génétiquegénétique a révélé que c'est un amibozoaire. Un myxomycète, plus précisément. Comprenez, « un champignon gluant ».
Le blob capable d’apprendre et de transmettre son savoir
Et si nous nous intéressons au blob, aujourd'hui, c'est parce qu'il sait aussi faire preuve d'une intelligenceintelligence tout à fait étonnante. Pour un être dépourvu de cerveaucerveau. Dépourvu, même, de système nerveux. Des chercheurs de l'université de Toulouse ont testé cette intelligence en titillant le blob sur l'un de ses points faibles : sa gourmandise ! Car le blob adore dévorer des champignons et des bactériesbactéries. Au laboratoire, il apprécie aussi les flocons d'avoineavoine. Et le jaune d’œuf.
Pour savoir si le blob était doué d'une capacité d'apprentissage que l'on appelle « l'habituation », ils ont placé, entre lui et des réserves de nourriture, des ponts saupoudrés de sel. Une substance sans aucun effet délétère sur le blob. Mais dont il répugne le contact. Et bien, il n'a fallu au blob que quelques jours, pour faire fi de son aversion et aller chercher à manger de l'autre côté du pont.
Une fois cet apprentissage acquis, deux choses peut-être encore plus étonnantes. D'abord, le fait que le blob l'a gardé « en mémoire ». Même après plusieurs mois de dormance, il se souvenait qu'il pouvait passer les ponts de sel sans crainte. Ensuite, le fait que le blob est capable de transmettre ses expériences à des congénères. En « fusionnant » temporairement avec eux.
Les chercheurs nous apprennent aussi que le blob peut trouver le plus court chemin dans un labyrinthe. Avec toujours, à la clé, une récompense sous forme de nourriture. Il sait également se montrer aussi performant qu'un ingénieur lorsqu'il s'agit de joindre entre eux de multiples points pour créer un réseau efficace et le moins redondant possible.
Mais sachez que les blobs venant de différentes régions du monde semblent ne pas être égaux lorsqu'il est question d'intelligence. Le blob australien, par exemple, a tendance à « réfléchir » avant de prendre une décision. Il apprend aussi plus facilement que le blob américain. Le blob japonais, quant à lui, est plus fonceur. Et il se trompe une fois sur deux. Peut-être le résultat qu'une compétition différente dans leurs régions d'origine. En tout cas, d'où qu'il vienne, le blob... n'est pas si bête !