« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, plongeons une fois encore dans les eaux à la rencontre de deux poissons : le mbuna zébré et la raie pastenague.
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Le mbuna zébré, c'est un poisson d’eau douce. Il vit dans le lac Malawi, au centre-est de l'Afrique. Il ne mesure pas plus de dix centimètres de long. Il vit en colonies organisées selon une hiérarchie bien établie. Et, s'il est inoffensif pour nous, les humains, il n'aime pas, mais alors pas du tout, qu'un intrus cherche à frayer sur son territoire.
La raie pastenague, elle, vit dans l'océan Atlantique et dans la mer Méditerranée. Queue comprise, elle peut mesurer jusqu'à deux mètres cinquante de long. C'est un poisson solitaire qui aime se cacher dans le sable. Et si vous l'approchez, elle risque de prendre peur et de redresser l'aiguillon situé sur sa queue pour vous piquer et vous injecter un venin qui peut s'avérer mortel.
Présentés comme ça, ces deux poissons-là, ne semblent avoir aucun point commun. Pourtant...
Avant d'aller plus loin, il semble important de préciser que les chercheurs savent depuis quelque temps que certains poissons ont le sens des chiffres. Ils ne sont pas les seuls dans ce cas, dans le monde animal. Loin de là. Cette capacité est présente dans toutes les classes de vertébrésvertébrés. Et même chez quelques invertébrésinvertébrés. Les abeilles, par exemple. Ces dernières sont même capables d'effectuer des calculs simples.
Et si des abeilles -- des araignéesaraignées aussi, semble-t-il -- savent le faire, alors pourquoi pas des poissons ? C'est la question que se sont posée des chercheurs. Et pour y répondre, ils ont choisi de travailler avec... le mbuna zébré et la raie pastenague. Parce que, dans leur sens des chiffres, ces deux-là nous ressemblent étonnamment beaucoup. Un coup d'œilœil à une petite quantité de pièces posées au sol et immédiatement, ils savent combien elles sont. Probablement sans avoir besoin de réellement compter.
Une capacité surprenante
Alors les chercheurs ont voulu savoir s'ils pourraient entraîner ces poissons dans un petit jeu mathématique. Les entraîner à faire des additions et des soustractions. Très simples. Des opérations qui consistent à ajouter ou à enlever seulement « un » d'une quantité initiale. Et ça a marché !
Comment ? En suivant le même protocoleprotocole que celui qui a été utilisé pour montrer les capacités de calcul des abeilles. Les chercheurs ont présenté des formes géométriques aux poissons. Avec un code couleurcouleur : bleu pour l'addition et jaune pour la soustraction. Donc, lorsque les poissons se voyaient présenter quatre carrés bleus, ils devaient ensuite se diriger sur le groupe de cinq carrés. Soit quatre plus un. Avec, bien sûr, une récompense gourmande à la clé.
Pour être sûrs que les poissons n'avaient pas simplement associé la couleur bleue à une quantité plus importante, les chercheurs leur ont présenté trois carrés bleus avec la possibilité de choisir ensuite entre quatre ou cinq carrés. Les poissons ont fait le bon choix. Prouvant qu'ils n'avaient pas appris la règle « choisir la plus grande -- ou la plus petite - quantité », mais bien la règle « ajouter -- ou soustraire -- un ».
Le plus étonnant, c'est que les poissons ont continué d'être forts en calcul, même lorsque les chercheurs leur ont présenté des objets de formes variées. Comprenez qu'un quatre pouvait alors très bien être représenté par un petit et un grand cercle, par un carré et par un triangle. La preuve d'une mémoire de travailmémoire de travail incroyablement performante pour ces petites bêtes qui n'ont même pas de cortex cérébral. Cette partie du cerveaucerveau impliquée dans les tâches cognitives complexes chez les mammifèresmammifères. Et qui n'ont à priori pas besoin de développer ce genre de capacité dans la nature. Une preuve de plus que mbuna zébré et raie pastenague... ne sont pas si bêtes !
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