« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, partons à la rencontre de l’un de nos plus proches cousins : l’orang-outan.
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Orang-outan : c'est un drôle de nom. Même pour un singe. Pourtant, il ne lui a pas été donné par hasard. En Malaisie, où le grand singe survit encore, le terme « orang hutan » signifie « homme de la forêt ». On comprend donc que ce nom, que nous trouvons si drôle, lui a été donné pour marquer le fait que ce singe un peu spécial passe la majeure partie de son temps dans les arbres. Il y cherche des fruits, des feuilles et des insectes dont il se régale. La belle vie, en somme !
Enfin, pas tant que cela. Parce que si, autrefois, l'orang-outan prospérait sur l'ensemble du continent asiatique, il n'est aujourd'hui plus présent à l'état sauvage que sur deux misérables petites îles. L'île de Sumatra et l'île de Bornéo. C'est pour cela que je parlais d'un grand singe qui « survit ». Et comme toujours, ce sont les activités humaines qui sont responsables de sa lente disparition. La destruction et même la fragmentation de son habitat, pour la culture de la fameuse huile de palme, mais aussi pour l'exploitation minière ou la constructionconstruction d'infrastructures. La chasse et le commerce d'animaux. Et bien sûr, le réchauffement climatique qui a un impact négatif sur les forêts où vit l'orang-outan et sur la quantité de nourriture disponible.
Mais revenons à ce qui nous intéresse le plus ici, l'intelligenceintelligence de l'orang-outan. Car, derrière son aspect débonnaire, se cache un grand singe particulièrement futé. Capable de résoudre des problèmes plutôt complexes. Tenez, il y a quelques années, des chercheurs ont voulu le piéger. Ils ont placé face à quelques individus vivant en captivité, des arachidesarachides dans des tubes de verre flottant sur de l'eau. Des arachides inaccessibles si les orangs-outans en question n'avaient dû utiliser que leurs mains. Qu'à cela ne tienne, les singes ont trouvé une solution : aspirer de l'eau dans leur bouche et la recracher dans les tubes pour faire monter le niveau et pouvoir se saisir de la délicieuse récompense.
Les orangs-outans apprennent aussi par eux-mêmes
Oh ! bien sûr, l'orang-outan n'est pas le seul animal à savoir utiliser des outils. Mais le grand singe pousse cette capacité un peu plus loin que les autres. Et pas seulement parce que son pouce opposable -- comme le nôtre -- lui permet de se saisir et de manipuler assez facilement toutes sortes d'objets. Surtout parce que l'orang-outan se révèle vraiment plein de ressources. Parce qu'il est fin observateur.
Dans les zoos et autres sanctuaires, les éthologues ont constaté que le grand singe aime prendre le temps d'étudier le comportement des autres. Y compris celui des êtres humains. Et que cela aurait encouragé le développement de son intelligence. Il paraît que certains se sont même ainsi mis à se brosser les dents ! Mais est-ce à dire que les orangs-outans ne sont bons que dans l'imitation ? C'est ce que démentent des chercheurs allemands.
Pour le vérifier, ils ont fourni à des individus captifs du zoo de Leipzig (Allemagne) et du zoo de Zürich (Suisse), des noix dures, des branches qu'ils pourraient utiliser comme marteaux et un bloc de boisbois qui pourrait servir d'enclume. Les orangs-outans les plus âgés ont choisi de compter sur leurs dents pour casser les noix. Et ça a marché. Fin de l'expérience pour eux. Mais les autres ont spontanément utilisé les outils à leur disposition.
Ainsi, les orangs-outans seraient-ils capables d'apprendre par eux-mêmes un comportement aussi compliqué que celui d'utiliser un outil pour casser des noix. L'un des comportements les plus complexes qui soient, selon les scientifiques. Et nous n'aurions finalement pas à craindre que la compétence disparaisse chez les grands singes par manque de transmission. Pas si bêtes, les orangs-outans !