Devons-nous oublier cette image que nous avons d’une Amazonie humide et luxuriante ? Aujourd’hui, en tout cas, la région vit une période de sécheresse extrême. La forêt est dévastée par les flammes.


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    Il y a quelques jours, la situation en Amazonie apparaissait déjà comme désespérée. Et les choses semblaient ne pas pouvoir aller plus mal.

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    Un scénario apocalyptique se déroule en ce moment en Amazonie, en avance sur les pires scénarios climatiques !

    Pourtant, sur place, les conditions n'ont cessé d'empirer. Le Brésil, par exemple, connait sa pire sécheresse depuis le début des enregistrements il y a environ 70 ans. Près de 60 % du pays est en stress hydrique, soit une région équivalente à la moitié des États-Unis.

    Au Brésil et ailleurs, les rivières sont à sec

    Au cœur de la forêt amazonienne, les habitants du village de Paraizinho - comprenez un « Petit paradis » - ont délaissé leurs canoës. Ils traversent désormais le lit du fleuve Madeira... à pied ! Au risque de se brûler les pieds sur le sable exposé à un soleilsoleil de plombplomb. Cet important affluent de l'Amazone a en effet atteint son niveau le plus bas depuis que les données existent (1967). « Nous avions un fleuve et nous nous retrouvons avec un désert », commentent les habitants.

     

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    La vie en Amazonie perturbée par une sécheresse extrême

    Le Madeira n'est pas le seul à connaître un niveau exceptionnellement bas : le Rio Paraguay et le Rio Parana aussi ont atteint des niveaux record.

    Un peu partout, le manque d'eau se fait cruellement ressentir. Les enfants sont contraints à boire de l'eau non potable - en attendant la distribution de filtres promise par le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. Les maladies se propagent. L'économie est également durement impactée. Car ces fleuves représentent des voies de commerce importantes pour le sojasoja ou le poisson, notamment. Les barges doivent parfois se contenter de 50 % de leur chargement normal. De manière plus générale, les cultures sont mises à mal. Les récoltes se font rares.

    Réchauffement climatique et déforestation

    Selon les scientifiques, la situation en Amazonie n'en serait pas à ce point désespérée sans le réchauffement climatiqueréchauffement climatique anthropique, le résultat de nos émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre. Un phénomène auquel s'ajoutent des changements dans les régimes de précipitationsprécipitations dus à El NiñoEl Niño et la baisse de l'humidité due à la déforestation.

    Ces conditions ultra-sèches - dont les experts n'attendent pas la fin avant le mois d'octobre et le début d'une saisonsaison des pluies qui risque d'être moins humide en raison du phénomène La NinaLa Nina - ne sont malheureusement pas le seul problème que les populations locales doivent affronter en ce moment. Parce que la sécheressesécheresse, doublée d'activités de défrichage des terresterres par le feufeu à des fins d'agricoles, a littéralement enflammé la forêt amazonienne. S'y ajoutant probablement quelques incendies délibérés...

    La forêt amazonienne en feu

    Au Brésil et en Bolivie, les feux de forêt ont atteint des niveaux qui n'avaient pas été vus depuis 2010. Cette année-là aussi, une sécheresse prolongée avait frappé les deux pays. Au 6 septembre 2024, les incendies avaient déjà eu raison de 10 millions d'hectares de forêt en Bolivie. Cela représente presque 10 % de la surface du pays. Le Brésil, quant à lui, a enregistré près de 160 000 incendies. Résultat, une superficie de la taille de l'Italie est déjà partie en fumée !

    Des panaches de fumée noirefumée noire. Un ciel orange et gris. Depuis plusieurs jours, les 21 millions d'habitants de São Paulo étouffent dans les fumées de ces incendies. Le taux de particules finesparticules fines dans l'airair a atteint 69 microgrammes par mètre cube. C'est près de 14 fois plus que la limite recommandée par l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé ! Les populations de Rio de Janeiro, de Brasilia ou de Curitiba ne sont pas épargnées. Des évacuations ont été ordonnées. Des écoles ont été fermées. Des vols annulés. L'Argentine, le Paraguay ou encore la Bolivie sont également plongés dans la fumée. Les autorités craignent que les choses empirent encore dans les semaines qui viennent.

    De quoi alimenter encore un peu plus de réchauffement climatique. Selon le Copernicus Atmosphere Monitoring Service (Cams), en effet, les émissions de dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) dues aux incendies ont été exceptionnellement élevées en Bolivie et dans les États brésiliens d'Amazonas et de Mato Grosso do Sul. Elles atteignent, depuis le début de cette année, respectivement 44, 22 et 13 millions de tonnes. Elles n'avaient pas été aussi importantes depuis plus de 20 ans.

    Personne pour sauver l’Amazonie ?

    « Les forêts comme l’Amazonie sont historiquement des forêts tropicalesforêts tropicales, ce qui signifie qu'elles n'ont jamais brûlé. C'est une tragédie terrible pour l'écosystèmeécosystème et pour le monde. L'Amazonie est dans son pire état depuis 50 ans », estime Guillermo Villalobos, politologue spécialiste des sciences du climatclimat à la Fondation Solon, une organisation à but non lucratif bolivienne, sur ABC.

    Le saviez-vous ?

    Selon le World Resources Institute, le Brésil est le cinquième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde. Près de la moitié de ces émissions proviennent de la destruction des arbres de la forêt amazonienne.

    Pendant ce temps-là, le président brésilien a confirmé la constructionconstruction prochaine d'une autoroute destinée à permettre aux marchandises de transiter, même lorsque le niveau du fleuve Madeira est bas. Une autoroute que les écologistes considèrent comme une nouvelle menace pour la santé de la forêt amazonienne déjà fragilisée.

    Le permis avait été signé sous la présidence de Jair Bolsonaro. Mais il avait été suspendu par un tribunal fédéral à la demande de l'Observatoire du climat. Le gouvernement de Lula avait fait appel de cette décision. Et le président brésilien affiche désormais clairement la couleurcouleur : « Le monde qui achète notre nourriture exige que nous préservions l'Amazonie. Et pourquoi ? Parce qu'ils veulent que nous prenions soin de l'air qu'ils respirent. Ils n'ont pas préservé leurs propres terres au siècle dernier pendant la révolution industrielle ».