Le secteur agricole souffre, et peine à affronter l'énorme bouleversement écologique en cours. L'agriculture est en effet le premier secteur touché par les effets d'un climat déréglé, et en même temps, certaines pratiques agricoles aggravent le réchauffement climatique. Le défi pour sortir de cette spirale infernale est immense, mais réalisable selon le Haut conseil pour le climat.
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L'agriculture et le changement climatiquechangement climatique sont liés de deux manières, comme le rappelle un nouveau rapport du Haut conseil pour le climat (HCC) : « le changement climatique affecte l'agriculture par des pertes de productivité qui se répercutent sur l'ensemble du système alimentaire. Réciproquement, les émissionsémissions de gaz à effet de serre du système alimentaire représentent une part importante (22 %) de l'empreinte carbonecarbone de la France ». Dans la perspective de la neutralité carboneneutralité carbone de la France à horizon 2050, le système alimentaire doit donc relever un triple défi :
- réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre qu'il engendre ;
- augmenter le stockage de carbone dans les sols agricoles ;
- se préparer à un climat plus chaud de +2 °C à court terme et possiblement de +4 °C à plus long terme, d'ici la fin du siècle.
Tout cela est-il réalisable pour un secteur qui tente actuellement de survivre face à la concurrence mondiale ? Oui, selon l'analyse du Haut conseil pour le climat : « une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole à l'horizon 2050 est réalisable, à condition d'être accompagnée d'une baisse d'au moins 30 % de consommation de produits d'origine animale et d'un report vers d'autres sources de protéinesprotéines, de soutien et accompagnement des acteurs, et d'actions renforçant la résiliencerésilience du système alimentaire ».
La France a les émissions agricoles les plus élevées des États membres de l'Union européenne rappelle le HCC, du fait de l'importance de son secteur agricole. « Le secteur agricole français émet 77 Mt éq.CO2 par an, soit 18 % des émissions de gaz à effet de serre de la France en 2021. 85 % de ces émissions sont constituées de méthane et de protoxyde d'azoteprotoxyde d'azote, dont le pouvoir de réchauffement global est plus élevé que celui du dioxyde de carbone (CO2). Une réduction des émissions de méthane peut avoir un impact plus rapide que celle du CO2 sur le réchauffement global. » Les progrès sont déjà en marche : les émissions de gaz à effet de serre du secteur ont baissé de 13 % entre 1990 et 2021 en France. Mais il reste toujours un problème majeur, souligne le rapport : les sols agricoles émettent plus qu’ils ne stockent.
Les solutions sont nombreuses, mais nécessitent une aide de l'État
Évidemment, les freins sont nombreux, mais les solutions existent selon le Haut conseil pour le climat, parmi lesquelles :
- l'agriculture climato-intelligente et de l'agroécologie. Elles consistent à sélectionner et utiliser des variétés ou des espèces de plantes plus tolérantes à la sécheressesécheresse et aux températures élevées ;
- un renforcement du contenu en matièrematière organique des sols afin d'augmenter l'infiltration et le stockage de l'eau, planter des arbresarbres pour fournir de l'ombre aux troupeaux (ce qui contribue au stockage de carbone), limiter le ventvent et l'évapotranspiration, et protéger les cultures des températures élevées ;
- la réduction et l'optimisation du recours aux engrais azotés minérauxminéraux, la réduction des pertes d'azote lors de l'épandageépandage, l'utilisation des légumineuseslégumineuses, l'alimentation et la conduite des troupeaux, la sélection génétiquegénétique de troupeaux peu émetteurs, la gestion des effluents d'élevage, ou encore la réduction et l'optimisation de l'usage des énergies fossilesénergies fossiles ;
- des pratiques permettent de stocker du carbone dans les sols agricoles et la biomassebiomasse comme l'agroforesterieagroforesterie, les haies, les prairies, les cultures intermédiaires et les apports d'engrais organiques ;
- l'agriculture peut aussi contribuer à la production d'énergie (par exemple, les biocarburantsbiocarburants, biogazbiogaz, et l'agrivoltaïsme).
Le Haut conseil pour le climat précise que tout cela passe évidemment par « la revalorisation des revenus des agriculteurs et des éleveurs qui transforment leurs pratiques », des « offres de formations initiale et continue qui permettent l'acquisition des compétences nécessaires aux transformations », ainsi que « le renforcement de la recherche et de l'innovation en appui à la transition climatique ».