Même dans les scénarios les plus ambitieux, notre agriculture sera confrontée à une nouvelle réalité climatique. Comment nos cultures le vivront-elles ? C’est la question que se sont posée des chercheurs. Pour y répondre au mieux, ils se sont appuyés sur les modèles climatiques et de cultures les plus récents.
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Le réchauffement climatique, c'est non seulement l'augmentation de la température moyenne, mais aussi une multiplication des vagues de chaleurchaleur et des épisodes de sécheresse. Ou encore, une intensification des périodes pluvieuses. Un ensemble de phénomènes qui, les chercheurs le soupçonnent depuis longtemps, pourrait avoir des conséquences importantes sur notre agriculture. Et une équipe de la Nasa le confirme aujourd'hui. Dans un scénario d'émissionsémissions élevées de gaz à effet de serre, le changement climatique pourrait affecter de manière tangible notamment les productions de maïsmaïs et de blé dès 2030.
« Nous ne nous attendions pas à une évolution aussi fondamentale par rapport aux projections réalisées en 2014 et basées sur la génération précédente de modèles climatiquesmodèles climatiques », raconte Jonas Jägermeyr, climatologueclimatologue au Goddard Institute for Space, dans un communiqué de la Nasa. Cette fois, les chercheurs entrevoient une baisse de 24 % du rendement pour les cultures de maïs d'ici la fin de ce siècle. Le tout dû aux augmentations prévues de la température, aux changements dans les précipitationsprécipitations et aux concentrations élevées en surface d'un dioxyde de carbone (CO2) issu des activités humaines. « Cela pourrait avoir de graves conséquences sur le monde entier », commente Jonas Jägermeyr.
Pour en arriver là, les chercheurs ont combiné des modèles climatiques avec des modèles de cultures mondiaux récents. Ces derniers simulent à grande échelle comment les cultures réagissent aux conditions environnementales, des données fournies par les modèles climatiques. Le comportement de chaque espèceespèce de culture est basé sur leurs réponses biologiques réelles étudiées dans des expériences de laboratoire en intérieur et en extérieur. En fin de compte, l'équipe a créé environ 240 simulations mondiales de modèles climatclimat-cultures pour chaque culture. Notez que ces travaux pourraient être affinés en tenant compte d'éventuelles incitations économiques, de changements de pratiques agricoles ou encore de sélections de variétés plus résistantes. Des variables qui pourraient changer la donne.
De l’urgence de s’adapter aux nouvelles conditions climatiques
Les chercheurs ont, pour l'instant, voulu déterminer à quel moment les impacts du réchauffement climatiqueréchauffement climatique seul deviendront discernables de la variabilité habituelle et historiquement connue des rendements des cultures. Pour certaines cultures, comme le sojasoja et le riz, une baisse des rendements apparaît dans certaines régions, mais pas au niveau mondial. « Toutefois, avec l'interdépendance du système alimentaire, les impacts dans le grenier d'une seule région se feront sentir dans le monde entier », avance Jonas Jägermeyr.
Le maïs est cultivé un peu partout sur TerreTerre. Un peu plus dans les régions entourant l'équateuréquateur. Or la hausse des températures dans ces régions pourrait bientôt constituer un stressstress pour la plante. Et, comme mentionné plus haut, faire baisser assez notablement les rendements.
Le blé, quant à lui, pourrait, dans un premier temps au moins, profiter de la situation pour élargir la zone dans laquelle il est cultivable. Des climats plus tempérés devraient en effet s'établir au nord des États-Unis ou au Canada, par exemple. Et les chercheurs annoncent une hausse des rendements de 17 % pour 2030. Mais ces gains devraient se stabiliser dès le milieu du siècle.
Même en considérant des scénarios d'émissions limitées de gaz à effet de serre, les chercheurs envisagent désormais que le réchauffement climatique affectera bientôt notre agriculture. Ils estiment que les changements se produiront plus rapidement qu'ils ne le pensaient. Et qu'il est crucial que le monde de l'agriculture s'adapte dès maintenant à ces nouvelles réalités. D'autant que les données montrent clairement que les pays déjà les plus pauvres pourraient subir les baisses les plus marquées dans les rendements des cultures. De quoi exacerber un peu plus les tensions...