Les agricultrices des pays d’Afrique centrale, orientale et australe, ainsi que d'Asie occidentale et méridionale paient un lourd tribut aux conséquences du changement climatique. Leur condition, au sein de leur système économique agroalimentaire, les rend plus vulnérables face aux aléas du climat. C'est le résultat d'une étude qui dresse la carte des inégalités entre climat, agriculture et inégalités de genre que les auteurs souhaitent porter lors de la prochaine COP28.


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    Une équipe internationale de chercheurs a développé une « carte des points chauds de l'inégalité » afin de pointer les menaces qui pèsent sur les agricultrices. L'étude passe en revue les risques climatiques, mais aussi les inégalités de genre. Elles montrent que les agricultrices les plus vulnérables à ces dangers sont celles qui viennent d'Afrique centrale, orientale et australe, ainsi que d'Asie occidentale et méridionale.

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    Les femmes qui travaillent dans le secteur agro-alimentaire et vivent dans les pays à faible et moyen revenu seraient exposées de manière disproportionnée aux risques induits par le changement climatiquechangement climatique, comparé aux hommes. C'est la conclusion d'une étude réalisée par une équipe internationale de chercheurs et publiée dans la revue Frontiers in Sustainable Food Systems. Les chercheurs ont mis au point une carte montrant les zones où les risques (indiqués par des codes couleurcouleur en fonction de leur intensité) liés au changement climatique sont particulièrement élevés pour les femmes dans les systèmes agroalimentaires. Les risques climatiques, l'exposition et la vulnérabilité liée aux inégalités de genre ont été calculés à partir d'un classement mondial de 87 pays situés en Amérique latine, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient.

    Les points chauds des inégalités entre le climat, l’agriculture et les genres dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI) à travers le monde. © Lecoutere, Mishra, Singaraju, Koo, Azzarri, Chanana, Nico et Puskur, <em>Frontiers in Sustainable Food Systems</em>
    Les points chauds des inégalités entre le climat, l’agriculture et les genres dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI) à travers le monde. © Lecoutere, Mishra, Singaraju, Koo, Azzarri, Chanana, Nico et Puskur, Frontiers in Sustainable Food Systems

    La méthodologie de l'étude

    Leur méthodologie a été appliquée au Bangladesh, au Pakistan, au Mali et à la Zambie, afin d'évaluer de plus près la situation dans ces quatre pays à faible revenu. « Pour les deux pays étudiés en Asie, les aléas climatiques élevés et l'exposition des agricultrices sont à l'origine des risques climatiques, tandis que dans les deux pays étudiés en Afrique, les inégalités structurelles jouent un rôle plus important », précise dans un communiqué Els Lecoutere, coautrice de l'étude et chercheuse pour la plateforme du CGIAR sur le genre, développée par l'Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI) de Nairobi, au Kenya.

    Au Mali et en Zambie, l'accès des femmes à la propriété foncière, à l'information et à l'indépendance financière est limité, ce qui entrave du même coup leur capacité à s'adapter aux risques climatiques. Au Pakistan et au Bangladesh, les femmes contribuent de manière significative aux activités agricoles, mais elles le font essentiellement de manière informelle. « Leur travail n'est souvent pas reconnu, n'est pas rémunéré ou est sous-payé, ce qui les rend dépendantes de l'agriculture et vulnérables aux effets néfastes de risques climatiques de plus en plus fréquents et de plus en plus graves », explique l'étude, citant par exemple les sécheresses et les inondations.

    En Afrique, les femmes sont limitées dans l'accès à la propriété foncière. En Asie, leur travail est souvent non reconnu, non rémunéré ou sous payé. © Ashish_wassup6730, Adobe Stock
    En Afrique, les femmes sont limitées dans l'accès à la propriété foncière. En Asie, leur travail est souvent non reconnu, non rémunéré ou sous payé. © Ashish_wassup6730, Adobe Stock

    Changements climatiques et inégalités de genre

    Si le lien entre changements climatiques et vulnérabilité accrue pour les femmes (déjà fortement désavantagées par les inégalités de genre) n'est pas nouveau, cette recherche a pour vocation de guider les politiques et les investissements afin de réduire ces risques et de promouvoir l'égalité des genres dans le contexte du changement climatique. « Les résultats de notre étude pourront également être utilisés lors de la prochaine COP28 et des négociations en cours sur un fonds pour les pertes et dommages, ainsi que sur d'autres investissements dans le domaine du climat », appuie Els Lecoutere.

    L'étude souligne toutefois une limite importante, qui concerne l'absence de données relatives à l'impact néfaste de la chaleurchaleur dans certains pays, notamment les petits États insulaires en développement. « Ce sont souvent ces endroits qui sont les plus touchés par la pauvreté ou les conflits, et donc les plus vulnérables, ce qui rend plausible le fait que les femmes vivant dans ces environnements soient confrontées à des risques climatiques importants », soulignent les auteurs de la recherche.