Comment arriverons-nous à l’avenir à nourrir le monde tout en préservant notre environnement ? Des chercheurs ont peut-être trouvé un début de réponse. Ils proposent de traiter les terres agricoles avec des champignons mycorhiziens pour en améliorer les rendements sans recourir aux engrais ou aux pesticides.


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    Pesticides et engrais chimiques polluent nos champs et nuisent à la biodiversité. C'est pourquoi beaucoup cherchent des solutions alternatives. Des scientifiques des universités de Zurich et de Bâle, d'Agroscope et de l'Institut de recherche en agriculture biologique (FiBL), en Suisse, viennent de faire une découverte importante en la matièrematière. Ils notent dans la revue Nature Microbiology que l'inoculation des sols avec des champignons mycorhiziens -- des champignons qui présentent la particularité d'entrer en symbiose avec les racines des plantes -- peut, à elle seule, aider à maintenir, voire améliorer les rendements agricoles.

    Des champignons et des sols

    Ils ont mené des essais sur 54 exploitations de maïsmaïs du nord et de l'est de la Suisse et ont mélangé des champignons au sol avant le semis sur pas moins de 800 parcelles agricoles. « Sur un quart de ces parcelles, les champignons mycorhiziens ont permis des rendements jusqu'à 40 % supérieurs. C'est énorme », commente Marcel van der Heijden, écologiste des sols, dans un communiqué.

    L'ennui, c'est que sur un tiers des parcelles, les champignons mycorhiziens n'ont eu aucun effet. Voire un effet négatif. Après diverses analyses chimiques, physiquesphysiques et biologiques des sols, les chercheurs ont compris. Dans les sols où se trouvent déjà de nombreux agents pathogènespathogènes fongiques, les champignons ajoutés forment comme des boucliers qui protègent les plantes. Ils maintiennent ainsi un rendement normal là où il aurait diminué sans eux. Dans les sols non contaminés, en revanche, l'apport des champignons mycorhiziens est nul. « Les plantes y poussent de toute façon déjà très bien », souligne Natacha Bodenhausen, une autre scientifique impliquée dans ces travaux.

    Vers une méthode agricole fiable

    Ces conclusions sont essentielles pour transformer cette idée en méthode agricole fiable. Car les chercheurs assurent aujourd'hui être en mesure de prévoir dans quelles conditions l'inoculation de champignons mycorhiziens fonctionne. Pour 9 champs sur 10. Reste à déterminer le moyen le plus simple et efficace pour disperser ces champignons sur de grandes zones.