Les profondeurs océaniques sont une mine d’or pour les scientifiques de tous horizons, tant l’étendue de notre méconnaissance de cet environnement lugubre et inaccessible est vaste. Nous connaissons mieux la surface de Mars que celle des fonds marins. En 2022, voici ce que les scientifiques ont découvert dans les abysses.
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Seulement un quart du plancherplancher océanique est bien cartographié, et cela concerne rarement les grands fonds. Pas étonnant que ces recoins aquatiques soient si mal connus : le manque de lumière et la pressionpression colossale produite par des kilomètres cubes d'une eau qui n'atteint généralement pas plus de quelques degrés Celsiusdegrés Celsius les rendent extrêmement inaccessibles. Comprendre les derniers lieux réellement inexplorés de la Terre est d'une importance capitale pour pouvoir les protéger, notamment contre les entreprises minières qui y convoitent les énormes quantités de minerais. Ces environnements bien spécifiques nous informent sur notre impact écologique, ils peuvent fournir de nouvelles sources de traitements médicaux, ou bien nous aider à comprendre et prévoir des séismes, tsunamis et autres phénomènes environnementaux.
« Voyage to the Ridge », la traversée profonde de l’Atlantique Nord
Les missions abyssales de l'expédition Voyage to the Ridge, de la National Oceanic and Atmospheric Administration's (NOAANOAA), font partie des principales sources de découvertes survenues dans les grands fonds en 2022. L'expédition s'est focalisée sur le fond de l’Atlantique Nord, en particulier les alentours de la dorsale océanique à la jonction des plaques tectoniques nord-américaine et eurasiatique. Le vaisseau Okeanos Explorer est équipé d'un robotrobot téléguidé capable de plonger à environ 6 000 mètres de la surface.
Les biologistes présents ont pu dénicher de nouveaux taxons, comme l'étrange gelée bleue trouvée à plus de 400 mètres de profondeur dans la mer des Caraïbes. Les scientifiques pensent qu'environ 20 d'entre eux étaient jusqu'alors inconnus, ou que leur présence dans ces endroits de l'océan n'avait pas été documentée.
Ce site d'immersion, localisé sur les hauteurs d'une faille parallèle à la dorsale Atlantique, a fourni de magnifiques images des organismes qui peuplent ces communautés d'éponges et de coraux. © NOAA Ocean Exploration, Voyage to the Ridge 2022
L'expédition a pu cartographier de nouvelles zones et couvrir des environnements bien particuliers comme celui qui s'étend autour de la dorsale, fréquemment sujet à des tremblements de terretremblements de terre dus à l'activité tectonique et influencé par l'activité des fumeurs noirsfumeurs noirs. Ces cheminéescheminées hydrothermales se forment aux endroits où la chaleurchaleur du magmamagma fait jaillir l'eau qui s'était infiltrée par des faillesfailles dans la croûte océaniquecroûte océanique. Les composés géochimiques dissous dans cette eau participent à créer un écosystèmeécosystème rare basé sur la chimiosynthèsechimiosynthèse.
Cette capacité permet à certains organismes de se développer grâce à une énergieénergie d'origine chimique, contrairement aux organismes bien plus communs tels que les plantes qui utilisent l'énergie solaire, lors de la photosynthèsephotosynthèse. Ces communautés biologiques sont une grande source de découvertes, en particulier car on en sait très peu sur leur destin une fois que les cheminées s'éteignent, ou sur la vie qui se développe plus en marge de la dorsale.
Au fond de l'eau, un rassemblement d'oursinsoursins Conolampas sigsbei, qui semblaient porter des débris en guise de chapeau, a intrigué les biologistes. Ces animaux se regroupent généralement dans le but de se reproduire, et le comportement de collecte qui pourrait être à l'origine de leurs parures est très inhabituel de leur part.
Sur le sol marin, à presque 2 500 mètres, d'étranges trous répartis sur une ligne quasi parfaite ont intrigué les scientifiques. Bien que leur nature soit pour le moment inconnue, il pourrait s'agir des traces d'un être creusant un tunnel qui percerait périodiquement la terre pour renouveler son eau, ou à l'inverse celles d'un animal qui flotterait au-dessus des sédimentssédiments et les piquerait pour trouver une proie.