Quand il s'agit de fleurs, l'efficacité énergétique des abeilles aurait une importance. De cette efficacité dépendrait leur attrait pour une fleur plutôt qu'une autre. Une conclusion à prendre en compte pour la conservation de ces insectes.
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Les abeilles auraient, en fonction de leur espèce, des fleurs de prédilection. « Les bourdons ont un avantage de butinage sur certaines plantes et prédominent sur elles, tandis que les abeilles mellifèresmellifères ont un avantage sur d'autres, où elles prédominent », détaille Francis Ratnieks, professeur d'apiculture et coauteur d'une étude parue dans Ecology. Celle-ci suggère que ledit avantage provient de l'efficacité énergétique de l'abeille, c'est-à-dire du rapport entre l'énergieénergie nécessaire pour voler jusqu'à une fleur -- déterminée par le poids de l'abeille -- et l'énergie recueillie dans le nectar -- corrélée à la vitesse de l'abeille. En somme, ce rapport indique l'énergie dépensée pour amasser de l'énergie.
La vitesse a été chronométrée par les auteurs, afin d'estimer combien de fleurs les plus de 1.000 abeilles observées visitent en une minute. Cette donnée a été mise en relation avec le poids des butineuses. Puisque, munis d'une balance adaptée, les chercheurs ont pesé chaque abeille. Chaque abeille ! Les bourdons sont apparus deux fois plus lourds que leurs cousines mellifères, mais également deux fois plus rapides. Aux yeuxyeux de Nicolas Balfour, coauteur, l'efficacité énergétique est particulièrement importante : « La recherche a montré que les abeilles marchent (et volent) sur une corde énergétique raide, la moitié de l'énergie qu'elles tirent du nectar est dépensée dans sa collecte. »
Chacun sa fleur
Remarquablement, les différences d'efficacité énergétique expliquaient « presque entièrement » la prédominance des bourdons ou des abeilles mellifères sur certaines espèces de fleurs, souligne Francis Ratnieks. « Les bourdons ont un avantage sur les abeilles mellifères par leur rapiditérapidité à visiter les fleurs, car ils peuvent recueillir davantage de nectar, mais un inconvénient à être plus lourds, donc à davantage utiliser l'énergie puisée du nectar pour alimenter leur butinage », soutient-il. Un raisonnement qui s'applique aussi aux abeilles mellifères, plus légères mais plus lentes.
La morphologiemorphologie de certaines fleurs semblait plus ou moins adaptée à ces deux types d'insectes. La diversité des fleurs paraît alors cruciale pour les abeilles, dont la pollinisation contribue à quelque 75 % des cultures. Francis Ratnieks en déduit que cette diversité devrait être une priorité pour la conservation des abeilles.