Saviez-vous que les escargots et les limaces vous veulent du bien ? En tout cas celui de votre jardin. Vous seriez étonnés de voir combien d’autres espèces rebutantes, détestées ou simplement méconnues sont en fait de formidables alliées du jardinage !


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    C'est simple, si vous voulez dire au revoir aux insectesinsectes « nuisibles », vous devrez aussi le dire aux oiseaux et aux hérissons qui s'en nourrissent, et accueillir à bras ouverts d'autres espèces pire encore dont les prédateurs auront disparu. Le jardin est un écosystèmeécosystème à part entière, il peut même en constituer plusieurs, et la clé de tout écosystème, c'est l'équilibre. Ces indésirables incompris ne seront probablement jamais éradiqués, et tant mieux, alors pourquoi ne pas trouver des façons inventives de vivre en leur compagnie ? Voici quelques pistes.  

    Un escargot des jardins (<em>Cepaea hortensis</em>) regarde de jeunes feuilles d'arbre avec gourmandise. Les oiseaux qui s'en délectent utilisent des objets durs pour fracasser sa coquille comme avec une enclume. © Thomas Tuchlitz, Adobe Stock
    Un escargot des jardins (Cepaea hortensis) regarde de jeunes feuilles d'arbre avec gourmandise. Les oiseaux qui s'en délectent utilisent des objets durs pour fracasser sa coquille comme avec une enclume. © Thomas Tuchlitz, Adobe Stock

    Les gastéropodes voraces

    C'est bien connu, ces bestioles sont des goinfres insatiables qui déciment les légumes du potager. Et pourtant, les escargots et les limaces sont des petites bêtes largement méconnues, dont seulement une petite partie est friande des plantes de nos jardins. Eh oui, comme beaucoup d'autres invertébrésinvertébrés, ils ont totalement leur place dans un écosystème durable et en bonne santé. Certains sont par exemple d'excellents détritivoresdétritivores qui endossent le rôle d'éboueurs naturels, et tous sont des mets de choix pour d'autres animaux plus appréciés et en danger, comme les hérissons ou les oiseaux. 

    La limace léopard (<em>Limax maximus</em>) est une belle limace détritivore reconnaissable à ses motifs tachetés, elle se nourrit majoritairement de végétation ou de champignons mais peut faire preuve de cannibalisme. © Didier Descouens, <em>Wikimedia Commons</em> 
    La limace léopard (Limax maximus) est une belle limace détritivore reconnaissable à ses motifs tachetés, elle se nourrit majoritairement de végétation ou de champignons mais peut faire preuve de cannibalisme. © Didier Descouens, Wikimedia Commons 

    Comment cohabiter ?

    • Puisque les baveux raffolent des jeunes plantes, faites d'abord grandir celles-ci dans des pots jusqu'à ce qu'elles soient plus robustes avant de les planter en terre.
    • Et si vous les détourniez de vos inestimables pousses avec des plantes qu'ils préfèrent ? Optez pour des barrières de fleurs telles que les jonquilles, capucinescapucines, hostashostas, dahlias, asters, soucis ou pétunias, ou de légumes comme des salades en tous genres, du basilicbasilic, des choux, des épinardsépinards
    • Le ramassage à la main semble être plus efficace que la lutte chimique ! Pour cela, sortez en soirée lorsque le jardin est humide et partez à la chasse aux gastéropodes.
    • Ces bestioles sont d'excellents recycleurs, vous pouvez simplement les relocaliser dans le composteur le plus proche (mais évitez de les jeter chez le voisin).
    • Enfin, encouragez les autres habitants des lieux à les déguster. Les oiseaux s'en chargeront avec joie, vous pouvez les attirer avec des nichoirs et une mangeoire. Les grenouilles sont aussi d'excellentes voisines amatrices de limaces.

    Les précieux amphibiens et reptiles

    Crapauds, grenouilles, couleuvres et lézards, tous ces petits habitants visqueux ou écailleuxécailleux sont d'excellents gardiens pour votre jardin. Les amphibiensamphibiens et les petits reptilesreptiles sont d'infatigables insectivoresinsectivores, tandis que les serpents sont aussi friands de rongeursrongeurs.

    Si ces derniers vous effraient, sachez qu'aucun ne vous attaquera spontanément. En France métropolitaine, les seuls reptiles rampants que nous pouvons rencontrer sont les orvets, ces lézards qui ont aussi « perdu » leurs pattes mais qui ne sont pas des serpents, des couleuvres ou des vipères. Seules ces dernières sont responsables de morsuresmorsures venimeusesvenimeuses pour l'être humain, et elles n'attaquent jamais sans raison. 

    La couleuvre à collier (<em>Natrix natrix</em>) ne possède ni crochets à venin ni glande à venin, sa morsure est donc inoffensive pour l'Homme. Contrairement à la vipère, sa pupille est ronde et sa tête ovale. © Alis Photo, Adobe Stock
    La couleuvre à collier (Natrix natrix) ne possède ni crochets à venin ni glande à venin, sa morsure est donc inoffensive pour l'Homme. Contrairement à la vipère, sa pupille est ronde et sa tête ovale. © Alis Photo, Adobe Stock

    Si vous voulez vous entourer d'amphibiens, la proximité d'un point d'eau correctement entretenu et oxygéné est essentielle, pourquoi pas dans votre propre jardin ! Les reptiles, quant à eux, aiment les interstices où s'abriter en hiverhiver, et les pierres chaudes l'été, un muret de pierres est leur maison idéale.

    Les nombreux insectes 

    La population d'insectes, appelée entomofaune, recèle divers talents. Les guêpes sont d'excellentes chasseuses qui se repaissent de nombreux invertébrés embêtants. Elles consomment toutes sortes de chenilles et de moucherons, et sont particulièrement efficaces contre les puceronspucerons ! Les perce-oreilles sont aussi friands de ces petits suceurs de sève, tout comme les coccinelles ou les beaux carabes dorés. 

    Les carabes dorés (<em>Carabus auratus</em>) sont des prédateurs de doryphores et autres gastéropodes affamés. © Illu-ksi, <em>Wikimedia Commons</em>
    Les carabes dorés (Carabus auratus) sont des prédateurs de doryphores et autres gastéropodes affamés. © Illu-ksi, Wikimedia Commons

    Les chenilles sont aussi particulièrement alléchantes et utiles pour les oiseaux, la mésange bleuemésange bleue par exemple ajuste la date de la ponte de ses œufs selon l'abondance optimale de chenilles 10 jours après l'éclosion, lorsque les poussins auront le plus grand besoin nutritif. Et n'oublions pas que les chenilles deviendront des papillons ! Ces pollinisateurs sont pour la plupart monophages (ou oligophages), c'est-à-dire que l'espèceespèce ne vit en relation qu'avec une seule espèce de plante (ou quelques-unes). Ils sont aussi facilement affectés par des changements environnementaux, et leur présence nous informe donc que l'environnement est en bonne santé, on dit que ce sont des bioindicateurs

    Pour bénéficier d'une grande diversité d'insectes dans votre jardin, il faut un maximum de milieux différents et surtout, laisser le plus possible la vie suivre son cours. On peut donc laisser des carrés d'herbes non tondus, des tas de boisbois ou de feuilles abandonnés dans un coin, etc. Les hérissons aussi seront ravis !

    Les lichens, tout comme les mousses, régulent l'humidité de leur milieu en absorbant l'eau des précipitations et en la restituant lentement. © abet, Adobe Stock 
    Les lichens, tout comme les mousses, régulent l'humidité de leur milieu en absorbant l'eau des précipitations et en la restituant lentement. © abet, Adobe Stock 

    Les lichens méconnus

    Enfin, ces fascinantes structures généralement nées d'une symbiose entre un champignonchampignon et une alguealgue offrent le gîte et le couvert à une multitude d'autres espèces tout aussi utiles au jardin, des petits invertébrés aux oiseaux tant appréciés. Tandis qu'ils protègent les premiers et leurs œufs, ils constituent un matériaumatériau de choix pour construire le nid des seconds. Tout comme le lierrelierre, ils apportent ombre et fraîcheur aux troncs des arbresarbres (qu'ils n'étouffent pas) ou aux murets, et, quand vient la pluie, leur corps hautement perméable se gorge d'eau qu'ils libèrent ensuite peu à peu, comme des éponges.