On croit souvent que le danger d’électrisation réside dans la valeur de la tension électrique. Pourtant, nous pouvons supporter des tensions de 3.000 volts sans danger dans certaines circonstances. Inversement, une faible tension peut s’avérer dangereuse si l’intensité est très élevée. Intensité ou tension, de laquelle faut-il alors se méfier ?


au sommaire


    L'électrisationélectrisation provoquée par le passage d'un courant électrique dans le corps entraîne trois types de conséquences :

    Elle survient lorsque la quantité d'électricité circulant dans le corps est trop importante. Or, celle-ci dépend de nombreux facteurs :

    • l'intensité, soit le débitdébit d'électronsélectrons qui circulent ;
    • la tension, qui mesure la « force » avec laquelle les électrons sont poussés ;
    • la résistance électriquerésistance électrique opposée au courant (qui varie fortement selon la région du corps ou si la peau est mouillée par exemple) ;
    • la duréedurée d'exposition ;
    • le type de courant électrique (alternatif ou continu) ;
    • le trajet du courant à travers le corps (il est plus dangereux s'il traverse la région du cœur).

    L’intensité électrique limitée par la résistance du corps

    Au niveau de l'intensité, en courant continu, on considère que le danger se situe à environ 130 mA. Cela semble très faible quand on considère qu'une batterie de voiture peut délivrer jusqu'à 300 ampèresampères. Pourtant, personne ne s'électrise en manipulant une batterie. Car pour que le courant circule, il faut qu'il soit « envoyé » avec une certaine force pour vaincre la résistance du corps : c'est ce que l'on appelle la tension. Or, la tension de 12 V de la batterie est insuffisante pour délivrer suffisamment d'électricité.

    D'autant plus que le corps n'est pas un bon conducteur : sur la peau sèche, la résistance (en réalité l'impédance, qui dépend aussi de la capacité et de l'inductance) entre les deux mains est d'environ 700.000 ohmsohms. Mais cette valeur varie considérablement selon la tension et les conditions. Lorsqu'on est immergé dans l'eau, l'impédance peut chuter à quasiment zéro (c'est pour cela que l'électrisation est plus dangereuse en milieu humide).

    Autre facteur à prendre en compte : le temps de contact. L'électricité statique dégagée quand on enlève son pull est par exemple de l'ordre de plusieurs milliers de voltsvolts, mais la quantité de courant (intensité) est très faible. De plus, la décharge ne dure que quelques millisecondes, ce qui est trop peu pour engendrer des effets. À l'inverse, une intensité de 25 mA pendant 30 secondes peut entraîner la mort.

    Zones de danger du courant électrique alternatif (50 Hz) en fonction de l’intensité (A) et du temps (s). AC1 : non perceptible. AC2 : limite de perceptibilité. AC3 : contraction musculaire réversible. AC4 : risque de fibrillation cardiaque (courbe 1 : <5 %, courbe 2 : 5 %<50 %, courbe 3 : >50 %). © Cmglee, Wikipedia
    Zones de danger du courant électrique alternatif (50 Hz) en fonction de l’intensité (A) et du temps (s). AC1 : non perceptible. AC2 : limite de perceptibilité. AC3 : contraction musculaire réversible. AC4 : risque de fibrillation cardiaque (courbe 1 : <5 %, courbe 2 : 5 %<50 %, courbe 3 : >50 %). © Cmglee, Wikipedia

    Courant continu vs courant alternatif : lequel est le plus dangereux ?

    Contrairement aux idées reçues, le courant alternatif est généralement plus dangereux que le courant continu. En alternatif, le seuil de dangerosité en milieu sec se situe ainsi à 50 V contre 120 V pour le courant continu (tension de contact maximale admissible pendant 5 secondes). Au niveau de l'intensité, le seuil de danger est de 30 mA (seuil de paralysie respiratoire) à 50 mA (seuil de fibrillation cardiaque irréversible).

    De plus, l'impédance de la peau décroît de façon exponentielle lorsque la fréquence augmente. Du coup, le courant alternatif passe beaucoup plus facilement dans le corps, même avec une plus faible tension. Enfin, là où le courant continu n'entraîne en général qu'une seule contraction musculaire, le courant alternatif entraîne une électrisation prolongée qui empêche souvent les personnes de se dégager de la source électrique. En revanche, le courant continu occasionne des brûlures plus profondes et une électrolyse du sang.

    En conclusion, ce n'est ni la tension ni l'intensité qui sont en soi dangereuses (ces deux valeurs étant intrinsèquement liées : plus augmente la tension aux bornes d'un appareil, plus l'intensité est forte), mais la combinaison de multiples facteurs.