La chaux est un liant obtenu par cuisson du calcaire. Grasse ou maigre, présentée en poudre ou en pâte, c’est un matériau polyvalent utilisable tant pour le gros œuvre que pour les enduits de façade ou la décoration intérieure.

Les chaux les plus fines s'obtiennent à partir de calcaires contenant moins de 7 % d'impuretés. Le calcaire est une roche sédimentaire à forte proportion de carbonate de calcium. Sa cuisson (ou calcination) dans des fours spéciaux, à 900 °C, transforme le carbonate originel en oxyde de calcium et en gaz carbonique. L'oxyde de calcium, c'est la chaux vive : une base très corrosive, inutilisable en l'état dans la construction ou la décoration. Pour la rendre compatible, il est nécessaire de « l'éteindre » par hydratation

Trois sortes de chaux pour les travaux du bâtiment

Parce que la chaux éteinte durcit au contact de l'air, elle a longtemps porté l'appellation de « chaux aérienne éteinte pour le bâtiment (CAEB) ». Suite à l'harmonisation des normes françaises et européennes, on la désigne désormais par deux nouveaux sigles : CL pour calcique (Calcium Lime) et DL pour dolomitique (Dolomitic Lime). La différence entre ces deux variantes tient dans leurs teneurs respectives en oxydes de calcium et de magnésium. La chaux calcique renferme de 70 à 90 % d'oxyde de calcium (CaO) et moins de 5 % d'oxyde de magnésium (MgO). La chaux dolomitique (CaOMgO) est plus chargée en oxyde de magnésium, dans des proportions de 34 à 41 %. 

Le chiffre accompagnant les sigles CL et DL indique le pourcentage de CaO ou de CaOMgO. La lettre « S » est l’abréviation de «<em> slaked</em> », signifiant « éteint » en anglais (norme NF EN 459).
Le chiffre accompagnant les sigles CL et DL indique le pourcentage de CaO ou de CaOMgO. La lettre « S » est l’abréviation de « slaked », signifiant « éteint » en anglais (norme NF EN 459).

Une autre sorte de chaux est obtenue à partir de calcaires contenant de 10 à 20 % d'impuretés. Leur calcination produit une quantité importante d'aluminates et de silicates, qui durcissent d'abord au contact de l'eau puis de l'air. C'est ce que l'on appelle la prise hydraulique, qui donne au produit fini le nom de chaux hydraulique naturelle ou NHL (pour Natural Hydraulic Lime). Le chiffre qui suit le sigle NHL sur les conditionnements indique la classe de résistance en mégapascals par centimètre cube. La lettre « Z » signifie que le produit est mélangé. Dans le cas contraire, l'emballage porte la mention « Pure ». 

Plus la chaux NHL est résistante (à l’abrasion, à la pression…), moins elle est plastique et plus elle a tendance à faïencer. © DR
Plus la chaux NHL est résistante (à l’abrasion, à la pression…), moins elle est plastique et plus elle a tendance à faïencer. © DR

 

Le chaux : un produit multi-usages et multi-millénaire

L'utilisation de la chaux éteinte remonte aux premiers âges de la Civilisation. Commune à de nombres peuples antiques, elle servait à la construction (hourdage, bétons...), à l'élaboration d'enduits et de couleurs minérales pour les fresques. Les techniques se sont perpétuées en s'affinant au long des siècles. La chaux peut ainsi s'employer seule ou bâtardée (mélangée à parts égales de ciment) pour confectionner d'excellents mortiers de maçonnage. Adhérente, microporeuse, elle constitue le matériau de base des enduits traditionnels deux ou trois couches, du stuc ou du tadelakt. Le séchage se faisant toujours de l'extérieur vers l'intérieur, les mortiers à base de chaux durcissent lentement, en plusieurs semaines. Cette apparente contrainte est en fait un atout, car on peut ainsi préparer de grandes quantités sans risque d'altération du mélange. La chaux s'utilise aussi en peinture ou sous forme de badigeon et peut être associée à du plâtre pour réaliser des revêtements décoratifs et des ornementations en relief (corniches, frises, rosaces...).