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Les habitants ont-ils des raisons de s'inquiéter, quels sont les risques réels pour la santé à court terme et sur la durée ? Interview.
ASN
Certains constituants des matériaux de constructionconstruction contiennent naturellement de la radioactivité présente dans la lithosphèrelithosphère. Ces constituants émettent des rayonnements gamma pouvant induire une exposition externe supplémentaire pour les personnes du public. Mais nous sommes dans le domaine des faibles, voire très faibles doses, qui peuvent atteindre des valeurs de l'ordre du milli sievert par an. Ce sont principalement les matériaux provenant du sous-sol (ex : le granit), qui contiennent dès l'origine des radionucléides des chaînes de l'Uranium 238, du Thorium 232 ainsi que du PotassiumPotassium 40.
Le radonradon est un gazgaz radioactif d'origine naturelle. Il provient surtout des sous-sols granitiques et volcaniques ainsi que de certains matériaux de construction. Dans les espaces de vie, clos et mal ventilés, le radon peut se concentrer et exposer, à long terme, les résidents à un risque de cancer du poumoncancer du poumon. Des actions de protection efficaces sont possibles (colmatage, ventilationventilation, etc.)
Le radon et ses descendants pénètrent dans les poumons par inhalation. Ils s’y déposent et irradient les tissus, ce qui peut causer des dommages allant jusqu’au cancer. © M.B. d’après doc hseni.gov.uk
L'évaluation de l'exposition de la population à cette radioactivité naturelle est réalisée annuellement par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui indique que l'exposition moyenne de la population française à la radioactivité d'origine naturelle et artificielle est d'environ 3,7 mSv/an (le radon représente 1,4 mSv/an).
IRSN (Alain Rannou)
L'essentiel de la radioactivité présente dans les maisons trouve son origine dans les éléments radioactifs (radionucléides) naturels contenus dans le sol et les matériaux de construction. Cette radioactivité naturelle est susceptible d'exposer les individus selon différentes voies :
- l'exposition interne au radon, un gaz radioactif issu de la décroissance de l'uranium et du radiumradium présents naturellement à des concentrations plus ou moins importantes dans les matériaux de construction et les sols. Alors que dans l'airair extérieur le radon se dilue rapidement et sa concentration moyenne reste généralement faible, le plus souvent inférieure à une dizaine de becquerelsbecquerels par mètre-cube (Bq/m³), dans des lieux confinés tels les habitations, il peut s'accumuler et atteindre des concentrations élevées, jusqu'à quelques milliers de Bq/m3. Les connaissances scientifiques montrent que l'exposition au radon dans l'habitat peut conduire chez l'adulte à une augmentation du risque de cancer du poumon. Le radon est classé comme cancérigène pulmonaire certain pour l'homme depuis 1987. Aujourd'hui, le cancer du poumon est le seul effet sanitaire reconnu d'une exposition au radon. Ce risque est proportionnel à l'exposition cumulée au radon, qui elle-même dépend de la concentration de ce gaz radioactif dans les pièces de vie et du temps que l'on y passe. La directive européenne 2013/59 du conseil du 5 décembre 2013 recommande un niveau de référence à ne pas dépasser de 300 Bq/m3. Les campagnes de mesures réalisées en France par l'IRSN montrent qu'environ 5 % des logements pourraient dépasser cette valeur. D'après les évaluations conduites en France, le radon serait la seconde cause de cancer du poumon, après le tabac et devant l'amianteamiante : sur les 25 000 décès constatés chaque année, 1 200 à 3 000 lui seraient attribuables.
- l'exposition externe aux rayonnements ionisants émis directement par les matériaux de construction et le sol. Cette exposition est variable selon les lieux et l'origine des matériaux de construction. Contrairement au radon qui délivre l'essentiel de la dose au poumon, il s'agit d'une exposition relativement homogène de l'ensemble du corps. En dehors de cas très rares impliquant des matériaux riches en uranium et thorium, les doses associées sont faibles, en regard notamment de celles dues au radon. Par précaution, la directive européenne citée plus haut a toutefois fixé des normes pour limiter le risque qui pourrait résulter de ces matériaux contenant des concentrations de radionucléides élevées.
CRIIRAD (Julien Syren)
C'est dans l'habitat que nous sommes, en moyenne, le plus exposés à la radioactivité. En effet, en France la population passe en moyenne 67 % de son temps dans son logement, et un quart y passe plus de 83% (Source : « Estimation du temps passé à l'intérieur du logement de la population française », A. Zeghnoun & al., InVSInVS, Nov. 2008).
Les principales voies d'exposition à la radioactivité dans les bâtiments sont l'inhalationinhalation du radon (au total plus de 50 % de l'exposition à la radioactivité naturelle) et l'irradiationirradiation externe (au total près de 20 % de l'exposition à la radioactivité naturelle).