au sommaire
Visibles de la Belgique à la Provence, la majorité des constructionsconstructions en bauge datent des XVIII et XIXe siècles. Mais on en compte quelques unes qui subsistent depuis le XVIe siècle. À l'instar du pisépisé, il s'agit d'une technique remontant au moins à l'époque gauloise.
© Aquaphoto, Fotolia
Maison bretonne © asterre.org
D'un point de vue écologique et économique, ce mode constructif est peut-être le plus intéressant. Le mélange de terre et de fibres végétales - parfois additionné de crin, de tessons ou de bouts d'étoffes - s'applique tel quel à la fourche. Les mursmurs, épais de 50 à 80 cm, sont isolés de l'humidité du sol par un soubassementsoubassement maçonné. Trois fois moins dense que le pisé (600 kgkg/m3 en moyenne), le bétonbéton terre-paille est crédité d'un bien meilleur lambda : 0,17 W/m.K.
© asterre.org
Les fibres assurent la cohésion du mélange et limitent le retrait de la terre au séchage. Plus on en met, plus la bauge est résistante et... difficile à mettre en œuvre. Pour obtenir la consistance adéquate, on ajoute 10 à 20 % d'eau. La pâte doit être compacte sans s'effriter. L'élévation s'effectue par « levées » d'une soixantaine de centimètres de hauteur : elles sont entrecoupées d'un temps de séchage d'une à trois semaines, suivant les conditions climatiques. Le chantier est donc très long.
Mur de clôture réalisé par l’Association de Quartier du Bourg Le Compte © aqbl.ouvaton.org
Les levées doivent légèrement déborder du soubassement. Après quelques jours de séchage, la terre étant encore meuble, les deux faces du mur sont compactées au bâton puis les surfaces rectifiées au paroir (petite bêche tranchante à lame triangulaire). Comme pour le pisé, les encadrements de fenêtresfenêtres et de portesportes sont installés à l'avancement. De même, il est nécessaire de protéger l'adobe extérieurement et intérieurement. Traditionnellement, pour éviter l'érosion des parois les plus exposées, les bâtisseurs intègrent des claies en roseau (ou fretis). Pour finir, les murs reçoivent un enduit de terre et de sablesable, suivi d'un chaulage. Dans certaines régions, on préfère appliquer un enduit de chauxchaux : grâce à son adhérence et ses qualités hygro-thermiques, ce revêtement offre effectivement une protection idéale.
Maison neuve à colombages et remplissage en torchis © constructions-normandes.com
De composition similaire à la bauge, le torchis s'utilise en remplissage de murs des maisons à colombagescolombages. Son nom lui vient du mode d'application, qui consiste à torsader (tordre, ou torcher en vieux françois) les brins de paille mélangés au limonlimon argileux. On distingue deux types de torchis : lourd (faiblement chargé en paille) ou allégé (beaucoup de paille, peu de terre). Pour le premier, d'une densité de 1400 kg/m3 après séchage, le coefficient de conductivité thermique est de 1,05 W/m.K. Pas terrible... Avec le second, environ quatre fois moins dense (300 à 400 kg/m3), on obtient un excellent lambda : 0,12 à 0,15 W/m.K.
© lamaisondurable.com
Le hourdage (l'application) demande un peu de pratique. Les torches sont projetées d'un geste sec et précis sur des éclisses placées entre les colombes (les boisbois d'ossature). Coincé dans des rainures taillées au bédanebédane, ce lattis plus ou moins régulier sert à maintenir le mélange et éviter son tassement vers le bas. Il faut veiller à ce que les brins de paille les plus longs ou saillants ne soient pas orientés horizontalement. Le torchis est ensuite battu et serré à l'aide d'une talochetaloche en bois. L'outil est régulièrement plongé dans un récipient d'eau ; la paroi est au besoin superficiellement réhumidifiée. Selon la température extérieure, le séchage prend deux à quatre semaines. Les colombes sont finalement débarrassées des traces de terre en les frottant à la brosse métallique ou en chiendentchiendent.