Un aisselier est un renfort oblique de charpenterie, à ne pas confondre avec une contrefiche. Il permet de soulager la jonction entre une pièce horizontale et une autre plus ou moins inclinée. Une ferme de charpente traditionnelle comporte au moins deux aisseliers, placés symétriquement.


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    De forme droite ou courbe, les aisseliers se rencontrent principalement dans les grandes charpentes : châteaux, édifices religieux, hôtels particuliers, demeures alsaciennes, etc. Formant un angle d'environ 40 à 45°, ils s'emploient très souvent pour soutenir un entrait retroussé (faux entrait) en prenant appui sur un arbalétrier ou une jambe de force. Les aisseliers s'utilisent aussi pour relier la panne faitière au poinçon de certaines fermes (latines, par exemple).

    Aisselier vient du latin « axillaire », qui signifie... aisselle. On y fait référence dans des textes en prose du XIIe siècle « Li quatre livres des Reis », réédités en 1996, qui seraient la traduction d'une vulgate (version latine de la Bible) archaïque. Le mot « esselier » est un synonyme. Le médiéviste français Lecoy de la Marche l'utilise dans ses « Extraits des comptes et mémoriaux du roi René », ouvrage en trois tomes publié en 1873. Il est également répertorié dans le « Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes, du IXe au XVe siècle », du lexicographe Frédéric Godefroy, publié en 1881.

    Techniques d'assemblage et variants modernes

    Dans la charpenterie de bois, les aisseliers s'assemblent classiquement à tenon et mortaise. Il en existe plusieurs variantes, simples ou doubles. Les jonctions sont couramment renforcées par de grosses chevilles de boisbois. En rénovation, ainsi que dans la construction neuve, l'assemblage peut être moisé et liaisonné par d'épais boulons et écrous avec rondelles intercalées : création de fermes à blochets ou d'entraits retroussés, par exemple.

    Si les aisseliers se conçoivent surtout en bois, rien n'interdit d'appliquer le principe aux charpentes métalliques. © Barteau charpente-Menuiserie

    Rôle structurant et prévention des contraintes

    Les aisseliers jouent un rôle crucial dans la stabilisation des structures de grandes portées. Par leur position stratégique, ils permettent une répartition harmonieuse des charges et aident à prévenir les déformations potentielles dues au poids de la toiture. En architecture, leur utilisation n'est pas seulement fonctionnelle mais elle peut également être esthétique, apportant une touche d'authenticité et de caractère à l'édifice.

    Applications contemporaines de l'aisselier

    Outre leur rôle traditionnel dans les charpentes, les aisseliers trouvent aujourd'hui leur place dans les designs architecturaux modernes, notamment dans les maisons à ossature bois, où ils peuvent servir de supports décoratifs autant que structurels. Ils sont également adaptés dans certaines conceptions architecturales urbaines modernes pour leur capacité à créer des espaces ouverts et lumineux, tout en fournissant le soutien nécessaire à l'intégritéintégrité structurelle du bâtiment.

    Pour la conservation des aisseliers, en particulier ceux qui font partie du patrimoine historique, il est essentiel d'appliquer des traitements de préservation du bois pour protéger contre les termites, les champignonschampignons et d'autres agents dégradants. Un entretien régulier et une inspection par des professionnels sont recommandés pour assurer la longévité et la sécurité structurelle de ces éléments essentiels.

    Les défis associés à la réutilisation des aisseliers dans la charpente contemporaine impliquent le respect des normes de sécurité actuelles tout en préservant l'intégrité esthétique des bâtiments. Cela peut nécessiter des techniques innovantes d'intégration de matériaux modernes avec des méthodes traditionnelles pour un équilibre optimal entre passé et présent dans la restauration architecturale.