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C'est le pari relevé par une PME d'Ambérieu-en-Bugey, Groupe Brunet, qui a présenté cette semaineait devant un centre commercial du voisinage son prototype d'un bâtiment 100 % autonome et durable, baptisé Zest. Une maison qui, de l'extérieur, évoque les bâtiments modulables de chantier si ce n'est, à l'une de ses extrémités, deux petites éolienneséoliennes à axe vertical. Invisibles du sol, 36 panneaux solaires couvrent l'intégralité de son toit.
Autonome, le bâtiment l'est totalement car il ne nécessite aucun raccordement aux réseaux électriques ou d'eau pour fonctionner. « Pas besoin de couler du béton ni de creuser des tranchées. S'il faut partir, on démonte et le site revient à l'état initial », s'enthousiasme le patron de l'entreprise, Jean-Pierre Brunet.
L'originalité du projet tient à la mise au point de trois modules - un pour la production d’énergie, un autre pour la production d'eau et un pour le retraitement des déchetsdéchets - et de la technologie qui leur permet de dialoguer, en fonction des besoins des utilisateurs. L'eau est produite par condensationcondensation de la vapeur atmosphérique et régulièrement recyclée. Le chauffage est généré par géothermiegéothermie airair-eau.
Un module « communication » peut-être ajouté pour connecter le bâtiment au reste du monde en haut débitdébit. Et le groupe travaille à d'autres fonctionnalités, comme une serre autonome recyclant le compost produit par l'installation de dépollutiondépollution. Et un projet de piscine autonome, en partenariat avec le leader français Desjoyaux, est déjà bien avancé.
Pour l'heure, les dimensions de la maison sont contraintes par la nécessité de pouvoir la transporter par semi-remorque mais à l'avenir, tout est possible !
Présentation du concept de la maison autonome Zest et de ses différents « plugs » (modules). © Groupe Brunet
Un concept qui s’adresse à tout le monde
Le groupe Brunet et son sous-traitant pour la partie industrielle Axeis envisagent d'ailleurs de commercialiser séparément, à terme, leurs modules dans des grandes surfaces de bricolage. N'importe quelle maison existante pourra ainsi devenir autonome.
Dès lors qu'il faut creuser des tranchées ou tirer des lignes, le choix d'un tel bâtiment peut s'avérer rentable, font-ils valoir. Du point de vue écologique : « un bon réseau d'eau potable, c'est 20 % de fuites. Et ça peut monter à 50 %. Même chose pour les égouts », relève M. Brunet. Mais aussi du point de vue économique, si le coût de l'installation est inférieur à celui du raccordement au réseau.
Si certains écologistes tentent d'adopter une vie plus frugale et respectueuse de l'environnement, au prix d'un renoncement à certaines commodités, ce n'est pas le pari des promoteurs de Zest : « on ne peut pas aller contre les usages », explique Matthieu Delastre, chargé de recherche-innovation chez Brunet, pour expliquer l'accent mis sur le confort de l'utilisateur.
Présentation du bâtiment autonome du Groupe Brunet. © Groupe Brunet
Un habitat provisoire après une catastrophe naturelle
Si Zest pourrait trouver des débouchés dans les zones dévastées par les catastrophes, le groupe rhône-alpin voit aussi beaucoup de potentiel dans le tourisme haut de gamme et ses « lodges » écologiques. Il prospecte aussi l'ouest des États-Unis, ravagé par une sécheresse historique.
« La constructionconstruction autonome bat les projets classiques dès lors qu'il y a plus de 20 kilomètres de réseaux à construire », souligne le patron d'Axeis, Florian Arot. « Pour moi qui ai passé ma vie à creuser des tranchées, promouvoir l'habitat autonome, c'est une sérieuse remise en question », s'amuse M. Brunet.