Désormais faire pipi vaut de l’or ! Enfin presque… ou en tout cas pour l’agriculture en France. C’est ce qu’a compris l’École nationale des Ponts et Chaussées puisqu’elle porte le projet « Enville » visant à récolter de l’urine humaine. On éclaircit le sujet ?


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    Si le « pipi-caca » est souvent un sujet tabou voire de rigolade, il n'en est plus. Récolter de l'urine humaine est même déjà une habitude pour Toopi Organics, PME girondine créée en 2019. L'entreprise la transforme et crée des biostimulants urino-sourcés à destination de l'agriculture. Elle va chercher l'urine sur des sites comme des festivals de musique, des aires d'autoroute ou des lieux touristiques, une démarche motivée par l'entreprise et non par les « producteurs de pipi ». Avec le projet « Enville », l'inverse devient vrai...

    « Enville » ou l’engrais des villes pour les champs

    Le projet « Enville » - Engrais humain des villes - est un programme de recherche-action sur lequel travaille Ocapi, qui étudie depuis 2014 « les mutations contemporaines des flux de nutrimentsnutriments, et plus précisément, la gestion de l'excrétion des nutriments humains ». Ocapi fait partie intégrante du LEESU à l'École des Ponts ParisTech et est soutenu par l'AdemeAdeme Ile-de-France, laquelle aide au financement du projet.

    Le but est de cesser de jeter son urine pour, enfin, la considérer comme un liquideliquide précieux pour l'agricultureagriculture. En proposant à des bénévoles de venir déposer leur pipi récolté dans un bidon, le programme montre qu'il est possible de générer un engrais efficient, naturel et... local. L'urine humaine devient alors du lisain, un fertilisant agricole, par simple stockage. En prime, plus de chasse d'eau à actionner et un impact moindre sur les cours d'eau qui pâtissent de rejets résultant de nos systèmes d'assainissement !

    Et si l'urine humaine était le fertilisant idéal de demain ? © Dusan Kostic, Adobe Stock
    Et si l'urine humaine était le fertilisant idéal de demain ? © Dusan Kostic, Adobe Stock

    Châtillon, capitale de récupération du pipi

    Il n'y a pas de quoi rougir et Châtillon l'a bien compris ! C'est dans cette ville qu'est appliqué le programme « Enville » depuis le 18 septembre dernier, et plus précisément au sein de l'Association pour le maintien d'une agriculture paysanneAssociation pour le maintien d'une agriculture paysanne, l'Amap des Radis Actifs. Ce lieu où les habitants des alentours et adhérents de l'Amap viennent acheter leurs légumes est ainsi devenu le premier collecteur volontaire d'urine de France.

    Il suffit d'apporter sa collecte de pipi de la semaine stockée dans un bidon de cinq litres et de venir la vider dans le point d'apport volontaire. Devenue lisain, l'urine est récupérée par un agriculteur local pour ses cultures. À quand une utilisation décomplexée du pipi au jardin comme le préconise Ocapi dans une de ses publications ?