Le monde empreint des épidémies, des tensions géo-politiques et des crises climatiques serait-il en train de modifier les habitudes de construction ? Cela se pourrait bien. Car nombre d’esprits soucieux de se mettre à l’abri investissent dans de drôles d’habitations, des bunkers à l’aménagement parfois surprenant…


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    Alors que faire face aux aléas du globe devrait s'accompagner d'efforts collectifs permettant de les affronter, certains choisissent de s'isoler dans des sortes de forteresses souterraines, creusant davantage les inégalités entre humains. Et pour cause ! Toucher ces structures du bout des doigts a un prix et pas des moindres...

    Rappel : la petite histoire rapide des bunkers

    À les lire, « architecture apocalyptique » et « luxe » ne s'accordent pas vraiment. Mais à y regarder de plus près, les contours du concept se dessinent. À l'origine, les bunkers sont des abris militaires défensifs créés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Ils sont fabriqués pour résister aux agressions extérieures qu'elles soient naturelles (tremblements de terretremblements de terre, tempêtestempêtes...) ou non (bombardements, diffusiondiffusion de substances nocives...). Aujourd'hui, le concept est un peu identique. Sauf qu'en plus d'assurer une protection maximale à ses occupants, le bunker d'aujourd'hui devient un lieu de vie complet là où celui des années 1940 s'apparentait à un habitat sommaire et ponctuel.

    Un bunker « posé » en Normandie par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. © Fernbach Antal, Adobe Stock
    Un bunker « posé » en Normandie par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. © Fernbach Antal, Adobe Stock

    Bunkers : des abris souterrains version moderne

    Le bunker se métamorphosemétamorphose aujourd'hui en un abri de luxe avec des modules s'ajoutant au fur et à mesure que son coût augmente, cela va de soi ! Vivos, un des plus gros constructeurs américains de bunkers, s'est fait connaître avec la constructionconstruction de modèles anti-atomiques de luxe. Et quel luxe... piscine, salle de sport, suite parentale entre autres peuvent y être aménagées.

    L'entreprise propose même l'agencement de 575 bunkers de l'armée américaine inoccupés depuis 1967 et situés dans le Dakota du Sud, « loin des émeutes, de la violence, des cibles et des zones d'immersion », comme elle le vante. Vivos propose d'occuper un de ces bunkers à un prix « attractif » : paiement initial de 55 000 dollars (50 130 euros), plus un loyer annuel continu de 1 091 dollars (994 euros) par logement pour l'emplacement. Attention, à ce tarif-là, le bunker n'est pas (encore) aménagé, mais peut l'être pour « seulement » 10 000 dollars (9 114 euros).

    En France, les abris anti-atomiques émergentémergent également. La société Refuge dans mon jardin propose des repaires enterrés d'une surface de 15 à 30 m², clés en main. Son leitmotiv ? Ne pas rogner sur le confort !

    « Refuge dans mon jardin », un bunker tout confort. © Refuge, YouTube

    Les bunkers sont construits à partir de containers maritimes entourés d'une coque en béton armé et enfouis à quatre mètres de profondeur, ils proposent un maximum de solutions pour vivre quelques jours en auto-suffisance dans un espace aux allures de bateau. Cette « cachette atypique » peut être à vous pour un premier prix fixé à 50 000 euros !

    Bunkers : entre architecture apocalyptique et luxe

    Certains bunkers font davantage parler que d'autres. C'est le cas de celui de Mark ZuckerbergMark Zuckerberg, P.-D.G. de Meta, qui aurait fait bâtir un bunker de presque 500 mètres carrés sur sa propriété de l'île d'Hawaï. L'abri anti-atomique serait pourvu d'une citerne d'eau à la contenance astronomique et de systèmes de pompes visant à approvisionner le bunker en eau. Il pourrait également générer sa propre énergieénergie électrique. Le seul chantier de l'abri souterrain aurait atteint la somme de 100 millions de dollars (91 145 500 d'euros environ). Publiées pour certaines par le média américain Wired, les informations de cette affaire n'auraient pas dû s'ébruiter grâce à la signature d'une clause de confidentialitéconfidentialité imposée par Zuckerberg à ses constructeurs. Manqué !

    Autre exemple, celui de Larry Hall, un ingénieur américain qui a décidé de transformer un silo à missilemissile en bunker de luxe capable d'abriter plusieurs familles si apocalypse il y a !

    Survival Condo, de son petit nom, est construit sur trois mètres d'épaisseur et s'enfonce sur 15 étages en sous-sol. Il peut abriter environ 75 personnes pour une duréedurée de cinq ans maximum. Tout a été créé pour limiter l'ennui de ces potentiels habitants : piscine, spa, cinéma, bibliothèque, mur d'escalade, poste médical... D'ailleurs Survival Condo propose certains étages de son complexe à la location. Il paraîtrait qu'ils seraient tous déjà réservés.

    Présentation d'un bunker de luxe. © Media, YouTube

    Dans un monde qui a tendance à « pousser » à l'instar des buildings de Neom, certains habitants du monde préfèrent se terrer. L'apocalypse, les psychosespsychoses et l'effondrementeffondrement de la planète mis en lumièrelumière par les constructeurs de bunkers feraient donc vendre à une certaine élite. Leur construction souligne cependant un vrai paradoxe : une part du monde préfère s'enfermer dans des forteresses souterraines pour fuir là où d'autres choisissent de voir l'horizon de haut. Une chose est certaine, le prix d'une fuite sous terre ou d'un pied-à-terre dans les airsairs marque une déconnexion croissante entre les plus riches et le reste de la population...