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Ambrym, une île volcan
Le cratère du Benbow vu d'avion, le lac de lave est bien visible en bas du panache © Sailawaycruise/Sonny Whitelaw.
- A - Un strato-volcanstrato-volcan basaltiquebasaltique
Île d'Ambrym (Marum). Cratère et lac de lave (Mbolesu) Mbwelesu. Vanuatu (01/12/1995) © IRD/Michel Lardy.
L'île d'Ambrym, célèbre pour ses tambours et une pratique soutenue de la magie, forme, avec son sous-bassement immergé, un strato-volcan basaltique de 50 km de long sur 35 km de large qui est couronné par une très grande caldeiracaldeira d'environ 12 km de diamètre qui est occupée par les deux très grands cônescônes en activité permanente du Benbow (1160 m) et du Marum (1270 m).
Tambour à fente du Nord d'Ambrym : ils sont souvent groupés sur la place de danse, certains pouvant mesurer jusqu'à 6 mètres. « On les trouve dans de nombreux musées à travers le monde en tant que sculptures artistiques plutôt que comme instruments de musique. Ils sont toujours frappés à main droite, la dureté du bois détermine le choix d'une espèce donnée pour la construction des tambours dressés à fente; à volume égal le son devient plus aigu au fur et à mesure que la fente s'élargit. Dans la région des tambours dressés les troncs sont transformés en fûts réguliers et sculptés de façon ornementale. » Extrait de « Vanuatu Océanie », Réunion des musées nationaux.© Roland Priam
L'activité de ce dernier s'exerce actuellement au travers de trois cratères dont le nom du plus ancien, Mbwelesu, signifie « cochon sauvage » dans une des langues d'Ambrym suivi de Taten Mbwelesu (le fils ) et du petit fils né au début des années 90 (Niri Taten Mwbelesu...) ; le très fort ronflementronflement émis à certaines périodes par le volcan est à l'origine de cette appellation.
Franck Tessier dans les entrailles du Benbow, à quelques dizaines de mètres de la fontaine de lave © Irène Margaritis
Île d'Ambrym (Marum). Cratère et lac de lave (Mbolesu) Mbwelesu. Vanuatu (01/12/1995) © IRD/Michel Lardy.
- B - Un caractère fortement explosif
La découverte d'un large anneau de tufstufs basaltiques par les géologuesgéologues de l'IRDIRD a suggéré que la formation de la caldeira s'est produite suite à une éruption cataclysmique complexe et prolongée correspondant à la vidange d'un réservoir basaltique. Les quatre séquences identifiées par différents affleurementsaffleurements et dépôts volcaniques explicitent l'enchaînement et la durée du cataclysme qui s'est produit il y a 2 000 ans (14C) et a décapité le volcan en expulsant quelque 60 à 80 km3 de produits volcaniques, soit l'équivalent de 20 km3 de roches volcaniquesroches volcaniques. Un croquis volcanologique nous indique la localisation des principaux évènements préhistorique et historique situés dans la caldera.
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Le rôle de l'eau, fondamental dans le déclenchement et l'évolution de cette éruption , explique un caractère fortement explosif pour un magmamagma basaltique. Un nombre de structures caldériques sous-marines et aériennes largement répandues sur l'arc insulairearc insulaire des Nouvelles Hébrides donnent à l'eau un rôle fondamental dans le déclenchement et l'évolution des éruptions sur les volcans du Vanuatu. Nous avons mesuré une augmentation de la sismicité au moment de très fortes pluies (en moyenne il tombe 5 000 mm d'eau par an à 700 mètres d'altitude à proximité du centre de la caldera).
- C - Trois degrés d'activité
La carte des menaces explique les différentes conséquences liées à 3 degrés d'activité :
Partie est de la caldera : au fond au-delà des coulées de 1988-1989 on aperçoit celles de 1986 © IRD/Pierre Evin.
- Une activité faible qui se situe essentiellement dans et en bordure des 4 cratères qui au cours des années 90 ont tous été occupés de manière épisodique (Niri Taten et Taten Mwbelesu) ou permanente (Mbwelesu et Benbow) par des lacs de lavelave.
- Une activité moyenne (1914,1962,1968,1972,1986,1988-89...) qui peut se traduire par de larges écoulements de laves basaltiques émises au travers de fissures orientés dans un axe privilégié (N 105° E) et qui peuvent s'écouler dans la caldeira sur des distances de plusieurs kilomètres (2 km en 1986, 4 km en 1988 et 1989) avec une progression d'environ 250 mètres par jour, soit une dizaine de mètres à l'heure . La hauteur de ces coulées est en moyenne de 3 mètres d'épaisseur, elle couvre chacune une surface d'environ 3 km2 pour un volume de lave d'une dizaine de millions de m3.
Partie ouest de la caldera, Benbow, Marum et, sur la droite, les coulées de 1988-1989 © IRD/Pierre Evin.
- Une activité forte (1894, 1913, 1929, 1937, 1942), caractérisée par de fortes éruptions plinienneséruptions pliniennes (1913, 1929...), des débordement de coulées ou d'importants dépôts de cendres qui menacent directement les villages. De très importantes explosions peuvent également se produirent aux extrémités ouest et est de l'île suite aux interactions magma-eau de mer.
- D - Des déplacements de population
Les deux importantes manifestations du début du XXe siècle (1913 et 1929) ont conduits à des déplacements de population temporaires (vers Malicolo) ou définitifs vers Port-Vila (la capitale).
© IRD
Les villages installés au nord d'Ambrym dont le volcanismevolcanisme est le plus ancien sont les moins menacés ; ce sont depuis quelques décennies principalement les pluies acides qui en fonction des directions des ventsvents menacent la partie ouest de l'île et causent des dégâts aux cultures en accroissant l'acidité des eaux de pluies.