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    Le Morganucodon est l'archétypearchétype ancestral des mammifèresmammifères du TriasTrias de la PangéePangée (entre 220 et 200 millions d'années). Voici l'histoire de sa découverte et l'analyse de son anatomieanatomie.

    La découverte du Morganucodon est le fruit des recherches entreprises pendant la seconde guerre mondiale par un réfugié politique allemand, Walter Georg Kühne (1911-1991). Dans des remplissages de fentes karstiques datées du Trias d'une carrière du comté de Glamorgan, au Pays de Galles, il distingua des fragments osseux. Le bloc dissous dans l'acide acétique lui livra quelques dents et fragments de mâchoire d'un petit mammifère primitif. Il fit part de sa découverte aux paléontologuespaléontologues de l'université de Cambridge, qui en mesurèrent tout l'intérêt. Ce n'est bien sûr qu'après la fin de la guerre qu'il a publié ses premières observations et conclusions (1949), et nommé le petit animal Morganucodon, en référence au lieu géographique de son gisementgisement

    <em style="line-height: 1.5em;">Morganucodon watsoni</em>. Le <em>Morganucodon</em> a été découvert au Pays de Galles au cours de la seconde guerre mondiale. © FunkMonk, CC by-sa 3.0
    Morganucodon watsoni. Le Morganucodon a été découvert au Pays de Galles au cours de la seconde guerre mondiale. © FunkMonk, CC by-sa 3.0

    Par la suite, des découvertes similaires ont été faites sur d'autres continents, en Amérique du Nord, en Afrique du Sud et en Chine. Au Trias, ces différentes régions étaient alors réunies au sein du continent de la Pangée, qui se fragmentera peu à peu au cours de l'ère secondaireère secondaire : l'ouverture des océans Atlantique sud et nord sépare les Amériques de l'Eurasie ; au sud, l'Australie s'éloigne de l'Eurasie, puis les Indes rejoindront ce dernier continent.

    L'anatomie de Morganucodon

    Les différentes découvertes de restes de Morganucodon faites ici et là ont permis de reconstituer avec précision l'anatomie de ce petit animal, celle de son crânecrâne comme celle de ses membres. 

    En haut à gauche, un bloc du remplissage de fissure karstique du comté de Glamorgan, au Pays de Galles, qui a livré à Walter Georg Kühne les premiers restes de<em> Morganucodon</em>, des dents isolées et des fragments de mâchoire. C’est après dissolution de tels blocs dans l’acide acétique que l’on recueille les fossiles constitués de phosphates. © DR
    En haut à gauche, un bloc du remplissage de fissure karstique du comté de Glamorgan, au Pays de Galles, qui a livré à Walter Georg Kühne les premiers restes de Morganucodon, des dents isolées et des fragments de mâchoire. C’est après dissolution de tels blocs dans l’acide acétique que l’on recueille les fossiles constitués de phosphates. © DR

    Morganucodon avait la taille et l'allure d'une musaraigne (10 cm de long), était velu et sa mâchoire était garnie de deux dentitions successives différenciées (dents de laitdents de lait et dents définitives) adaptées au régime insectivore : incisives, canines, prémolaires et molairesmolaires. Il ne fait aucun doute que les jeunes issus d'un œuf pondu par la mère se nourrissaient de son lait, comme c'est le cas aujourd'hui des jeunes ornithorynquesornithorynques. La taille des orbites laisse supposer que ces animaux étaient nocturnesnocturnes. Cependant, Morganucodon ne possède pas encore tout le spectre des caractères qui sont la signature des Mammalia sensu stricto. Sa mâchoire n'est pas faite d'un os unique, mais de deux os (dentaire et squamosal) et son oreille interneoreille interne n'a pas encore la complexité qui définit l'état mammalien : accolée au tympantympan se trouve la succession des trois osselets (étrier, enclume, marteau).

    Dans d'autres gisements (Afrique du Sud, Chine, Amérique du Nord), on a pu trouver des restes plus complets de Morganucodon, dont le petit crâne figuré en haut à droit de l'image ci-dessus, ainsi que des restes des membres et de la colonne vertébrale. Ainsi, des reconstitutions assez précises du squelette, voire de l'animal entier, ont pu être réalisées.