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Vue rapprochée du Laki.
Crédits : Nordic Volcanological Center
Quel impact l'éruption d'un volcan peut-il avoir sur le niveau des rivières ? C'est la question à laquelle des chercheurs ont voulu répondre en analysant le niveau du Nil depuis l'an 622 à nos jours. Ils ont ainsi découvert que la catastrophe volcanique du Laki, une série de dix éruptions survenues dans le sud de l'Islande entre 1783 et 1784, coïncidait avec une variation peu commune des températures et des précipitations dans la région du Nil. Des faits similaires ont également été observés après l'éruption, en 1912, du Katmai (en Alaska) ainsi qu'à la suite de celle de l'Eldgjá (en Islande) en 939. « Notre analyse a révélé qu'il y a moins de 3% de chances que ces évènements puissent être attribués à la variabilité naturelle du climat », commente Luke Oman, premier auteur de l'étude.
Partie nordique du Nil capturée par le Multi-angle Imaging Spectroradiometer (MISR) le 30 janvier 2001. Le Nil est le plus long fleuve au monde : prenant sa source dans les montagnes d'Afrique de l'est, il s'étend jusqu'à 6700 km.
Crédits : NASA/GSFC/JPL
Pour vérifier l'existence d'un lien entre les deux, les scientifiques ont fait appel à un modèle numériquemodèle numérique développé par le Goddard Institute for Space Studies de la NASANASA. Ils en ont conclut que le Laki était bien responsable de plusieurs effets climatiques dans une grande partie de l'hémisphère nord, lesquels ont conduit à des précipitations anormalement basses en Afrique du Nord ainsi qu'aux niveaux records du Nil.
En entrant en éruption, le volcan relâche de grandes quantités d'anhydrideanhydride sulfureux dans l'atmosphère qui, en se combinant à la vapeur d'eau, donnent naissance à des aérosolsaérosols. En conséquence, une diminution de la quantité de lumièrelumière qui nous arrive du soleilsoleil et donc de la température moyenne. Ces températures exceptionnellement fraîches réduisent la différence de température entre les massesmasses continentales (Eurasie et Afrique) et les océans (indien et atlantique), affaiblissant les moussonsmoussons africaine et indienne. Sans contrastecontraste significatif de température entre la terreterre et l'océan, les ventsvents s'affaiblissent, réduisant le transport d'humidité et les précipitations à l'intérieur des terres.
Après une éruption volcanique, de grandes quantités d'anhydride sulfureux (SO2), d'acide chlorhydrique (HCl) et de cendres sont répandues dans la stratosphère. Dans la plupart des cas, l'HCl condense avec de la vapeur d'eau et est expulsé sous forme de pluie du nuage volcanique. Le SO2 est quant à lui transformé en acide sulfurique qui condense rapidement, produisant des particules d'aérosol qui subsistent dans l'atmosphère pendant de longues périodes.
Crédits : NASA/LaRC
« Alors qu'un travail de recherche considérable a montré que des éruptions dans les tropiquestropiques influencent le climat de l'hiverhiver dans l'hémisphère nord, cette étude indique que des éruptions aux hautes latitudeslatitudes produisent des changements de la circulation atmosphériquecirculation atmosphérique au cours de l'été dans l'hémisphère nord », souligne Oman. « Ces résultats peuvent nous aider à améliorer nos prévisions de la réponse du climat à une prochaine éruption violente aux hautes latitudes, en particulier en ce qui concerne les changements de température et de précipitations », conclut-il. La vie de beaucoup de personnes dépend fortement des précipitations saisonnières ; prévoir à temps les conséquences d'une éruption volcaniqueéruption volcanique sur les approvisionnements régionaux en nourriture et en eau leur est donc très profitable...