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Taux d'extinction en fonction de la température (de -3 à +5°C) sur une période de 500 millions d'années. Crédit : The Royal Society
Cette étude a été réalisée par Peter J. Mayhew et l'étudiant Gareth B. Jenkins, du Department of Biology, Université de York, et le professeur Timothy G. Benton, de l'Institute of Integrative and Comparative Biology, Faculty of Biological Sciences, Université de Leeds (Grande-Bretagne), et fait l'objet d'une publication dans les Proceedings of The Royal Society du 24 octobre 2007.
Peter Mayhew annonce : "Les résultats que nous avons obtenus fournissent pour la première fois l'évidence que les variations climatiques peuvent expliquer les fluctuations quantitatives de fossiles selon la période examinée de façon simple et cohérente. Si nous transposons ces données au réchauffement actuel, comparables aux fluctuations à long terme dans le passé, elle suggère que les extinctions devraient reprendre".
L'équipe de recherche a en effet pu établir une corrélation étroite entre le climat de la Terre et les périodes d'extinction au cours des 520 millions d'années écoulées. Elle note aussi un rapport évident entre l'ampleur de la variation des températures et l'importance du taux de disparition des espèces animales ou végétales associé. De même, il a été constaté de l'examen des fossiles que les périodes à forte biodiversité coïncident avec les périodes les plus froides.
"Cette association d'évènements sur le long terme n'avait pas été mise en évidence auparavant, explique le professeur Benton, car les études précédentes ont été généralement confinées à des périodes géologiques relativement courtes, sur des zones géographiquement limitées et des groupes d'organismes plus réduits. Mais ici et sur une très longue période, l'évidence est frappante", ajoute-t-il.
Heurs et malheurs de la biodiversité
Cinq grandes phases d'extinction de masseextinction de masse ont été mises en évidence au cours du demi milliard d'années écoulées du passé de la Terre. Quatre d'entre elles, dont celle qui a vu disparaître les dinosauresdinosaures il y a 65 millions d'années, sont étroitement associées à des périodes de réchauffement climatiqueréchauffement climatique. La plus importante de toutes, qui s'est produite à la fin du PermienPermien et qui coïncide avec les températures les plus hautes, a entraîné l'extinction de 95 % des espèces animales et végétales peuplant notre planète.
La figure suivante présente la diversité taxonomique en fonction de la température (de -3 à +5 °C) sur une période de 500 millions d'années. Le tableau A prend en compte le nombre de familles répertoriées et le tableau B le nombre de genres (vivant en milieu marin). Les cercles noirs et la ligne discontinue indiquent la température, tandis que les cercles blancs et la ligne continue montrent l'importance de la biodiversité.
Sur les graphiques de gauche, en A comme en B, les cercles entourés représentent les cinq grandes extinctions de masse. L'ensemble du diagramme fait apparaître une corrélation négative au cours du temps entre température et biodiversité.
Le second graphique (ci-dessous) présente cette fois le taux d'extinction sur la même période, toujours en fonction de la température. Les deux courbes apparaissent alors fortement correlées, et positivement, avec les variations de température. Le graphique de gauche, là aussi, montre cette corrélation entre taux d'extinction et corrélation.
Les doubles cercles indiquent les mêmes cinq grandes périodes d'extinction : fin de l'OrdovicienOrdovicien (-440 Ma, millions d'années); fin du DévonienDévonien (-365 Ma); fin du Permien (-225 Ma); fin du TriasTrias (-210 Ma); fin du CrétacéCrétacé (-65 Ma).
Les auteurs de l'étude ne remettent pas explicitement en cause l'hypothèse de l'astéroïdeastéroïde pour l'extinction de la fin du Crétacé ni celle d'un volcanismevolcanisme exacerbé pour la catastrophe de la fin du Permien. Mais cela pourrait y ressembler... En tout cas, l'étude est intéressante en ce qu'elle montre une analyse statistique à grande échelle de la biodiversité et sa corrélation avec les variations climatiques. Les auteurs ne concluent d'ailleurs pas sur le passé mais sur le futur, expliquant qu'une élévation notable de température pourrait avoir des conséquences lourdes sur la biodiversité.