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Une forêt morte, paysage sans doute commun à la transition Permien-Trias. © Brooklyn CC by-sa
La Terre a connu plusieurs crises d'extinction massive des êtres vivants. La plus célèbre, dite du Crétacé-Tertiaire, est celle qui emporta les dinosaures il y 65 millions d'années. Mais celle du Permien-Trias est bien plus mystérieuse et fut bien plus destructive. Près des trois-quarts de la vie terrestre et 90% de la vie marine ont disparu. Quelle en fut la cause ? Aucun coupable n'est encore clairement identifié. Il est en revanche établi qu'à la suite de la disparition des plantes, les champignonschampignons prospérèrent en occupant l'espace laissé libre ou en profitant de la matièrematière organique morte abondante. Les scientifiques parlent d'ailleurs d'événement fongique.
En 1996, des traces d'un micro-organisme commun dans la couche sédimentaire correspondant à la transition Permien-Trias, Reduviasporonites, furent analysées et conclurent qu'il s'agissait d'un champignon. Ou d'une alguealgue, d'après d'autres analyses... Selon l'étude parue dans Geology, Reduviasporonites serait bien un champignon et, surtout, il se serait nourri essentiellement d'arbresarbres morts.
Des champignons microscopiques auraient dévoré les forêts d'arbres morts à la fin du Permien © Mark Sephton (arbres)/Cindy Looy (champignon en incrustation)
Un champignon présent partout sur les terres émergées
L'analyse chimique des isotopesisotopes de carbonecarbone et d'azoteazote révèle une composition chimique spécifique à Reduviasporonites et typique du boisbois mort, tandis que la présence de spores de ce champignon à travers tout le supercontinentsupercontinent PangéePangée suggère un événement global.
L'astrobiologiste Mark Sephton de l'Imperial College London estime que pour expliquer une telle abondance, un événement catastrophique serait plausible, comme le rejet d'immenses quantités de gazgaz volcaniques toxiques. Les pluies acidesacides qui en auraient résulté auraient empoisonné toute la planète, tuant les végétaux et préparant un festin pour Reduviasporonites.
« Ce pourrait être une bonne histoire, si elle était vrai, commente le paléontologiste C. Kevin Boyce de l'Université de Chicago (Illinois). Les analyses sont allées très loin et apportent une solidesolide preuve du caractère fongique de Reduviasporonites, mais rien n'est sûr. En tout cas, [l'équipe de recherche] a au moins réouvert cette porteporte. »
L'énigme de la crise du permien n'est donc toujours pas résolue, mais le régime alimentaire d'un champignon apportera peut-être des réponses...