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A l’époque où vivaient sur leur île indonésienne la petite dame de Florès et son peuple, il y 18.000 ans, un autre hominidé, Homo sapiens, avait conquis le reste de la planète. © Ph. Plailly / Atelier Daynès
Une centaine de scientifiques d'une vingtaine de pays d'Asie, d'Europe et d'Australie se réunissent au Muséum national d'histoire naturelleMuséum national d'histoire naturelle entre le 10 et le 12 décembre 2007 pour la conférence internationale Human origins patrimony studies in Southeast Asia (programme européen Asia-Link HOPsea) qui a pour objectif de développer la collaboration entre les institutions universitaires et muséales dans les domaines de la recherche, de la formation des jeunes scientifiques, de la conservation et de la valorisation du patrimoine. L'accent sera mis sur les recherches des plus jeunes scientifiques formés au sein du réseau HOPsea et sur la nécessité pour la communauté scientifique de mettre en partage données et fonds patrimoniaux. La conférence est couplée avec un module international du Master du Muséum national d'histoire naturelle organisé chaque année sur la Préhistoire de l'Asie du sud-est.
A cette occasion, le 11 décembre, sera présentée au Musée de l'Homme la reconstitution d'Homo floresiensis, découvert par une équipe indonésienne et australienne dans la grotte de Liang Bua, sur l'île de Flores (Florès, en français), en Indonésie orientale.
Cette reconstitution acquise par les collections du Muséum est l'œuvre de Elizabeth Daynès, sculpteur en préhistoire, qui s'est entourée pour ce long travail de l'anthropologue légiste Jean-Noël Vignal, des paléoanthropologues Harry Widianto et Dominique Grimaud-Hervé, et de ses collaborateurs Céline Verney, Peggy Martin et Théo Jalby.
Rencontre avec la dame de Florès
Au-delà du débat qui s'est instauré dans les milieux spécialisés quant à la position phylogénétiquephylogénétique d'Homo floresiensis (*), cette rencontre avec la femme qui a vécu à Flores au Pléistocène supérieur est frappante pour le visiteur : la taille réduite du corps bien sûr, mais surtout les caractères du crânecrâne et de la face, dont les parties molles rigoureusement reconstituées soulignent la morphologiemorphologie du neznez, la minceur des lèvres liée à une face projetée en avant et à l'absence de menton, la saillie des arcades sourcilières.
On apprécie l'importance accordée par le sculpteur à l'observation des caractéristiques physiquesphysiques reconstruites à partir des données publiées sur le fossile. Mais l'artiste a aussi apporté sa vision. La couleurcouleur de la peau et la pilosité résultent de choix dont les scientifiques ne contestent pas le caractère hypothétique. La reconstitution laisse, aussi, la place au rêve puisque les recherches concernant l'environnement et les comportements de cet hominidé ne sont pas encore toutes abouties. Au moment où nous la croisons sur son chemin, la femme de Flores vient de ramasser un bambou sommairement découpé, dont on est libre d'imaginer l'usage qu'elle va en faire.
La reconstitution sera présentée accompagnée de fossiles et d'outils préhistoriques mettant en avant les principales questions posées, depuis les toutes premières découvertes jusqu'aux recherches les plus actuelles, par le peuplement des archipels d'Extrême-Orient.
(*) Le fossile est-il celui d'un Homo sapiensHomo sapiens pathologiquepathologique, le descendant d'Homo erectus probablement arrivés sur l'île il y a quelque 850.000 ans dont seuls les artefacts lithiques du site de Mata Menge sont parvenus jusqu'à nous, ou bien, comme semble le suggérer une étude récente sur les os du poignet, d'un ancêtre encore plus ancien ?