au sommaire
La découverte, en 1994, à Bornéo, de véritables peintures rupestres fut une surprise magistrale et déterminante. Ces peintures étaient caractérisées notamment par des représentations de mains négatives d'une facture manifestement archaïque : les premières de toute l'île, et ce contrairement à tout ce qui était signalé dans la littérature archéologique.
Avant la découverte en 1994, à Bornéo, de peintures rupestres, d'autres sites de ce type avaient été observés depuis les années 1930 en Insulinde, mais seulement entre le sud-ouest de Sulawesi et la Nouvelle-Guinée, pas à Bornéo.
On n'en a toujours pas non plus observé de semblables, notamment avec des mains négatives, dans le reste de l'Asie du Sud-Est insulaire (JavaJava, Sumatra, les Philippines ni toute la Malaisie) et même continentale, sauf à partir de la Thaïlande.
De l'art rupestre à l'ouest de Sulawesi et de la ligne de Wallace
Les spécialistes en étaient ainsi venus à penser, à partir de cette distribution très limitée en Insulinde, que l'art rupestre observé ne pouvait provenir que des riches sites rupestres d'Australie septentrionale. Nos découvertes montraient, selon cette même hypothèse, que cette influence avait pu, de fait, au moins franchir la ligne de Wallace. Cette ligne correspond à une fosse, ou faille, marine séparant d'une petite centaine de kilomètres des rives abruptes ayant ainsi toujours coupé biologiquement Bornéo de Sulawesi, quelles que soient les variations successives des niveaux marins jusqu'à ces derniers millénaires.
Au cours des prospections des huit années suivantes, plus de 30 grottes ornées, parmi plus d'une centaine visitée, ont été repérées et plus ou moins précisément étudiées. Un travail conséquent qui a mis en évidence et confirmé définitivement qu'un stylestyle d'art rupestre à part entière s'était effectivement développé dans l'est de Bornéo et, surtout, à l'ouest de Sulawesi et de la ligne de Wallace.
On n'a observé celui-ci jusqu'à maintenant qu'à l'intérieur des bassins-versants sud et est de la chaîne de Mangkalihat, dans ce qui peut apparaître comme une grande enclave naturelle. Cet art rupestre présente non seulement toutes les caractéristiques des expressions figuratives ou esthétiques propres à l'art pariétal mondial, mais montre surtout des variantes, des combinaisons et même des motifs quasiment uniques jusqu'à présent.