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Jusqu'au XXe siècle, l'art de guérir s'est limité à quelques recettes traditionnelles et à la chirurgiechirurgie. Le premier médicament chimiquement défini date de 1930 : il s'agit de l'ancêtre des sulfamides, le Prontosil rouge. De ce fait, la pensée médicale est restée marquée jusqu'à très récemment par l'idée hippocratique selon laquelle l'acte médical consistait avant tout à faciliter l'œuvre de la bonne nature, c'est-à-dire le rétablissement des équilibres physiologiques.
Toute cette conception est contenue dans l'axiome central de la prudence médicale « primum non nocere ». Cependant, l'émergenceémergence d'une réelle efficacité thérapeutique, fruit du progrès des connaissances et des techniques, devait progressivement délier les médecins de leur obligation de retenue. Cet interventionnisme nouveau allait alors, pour l'essentiel, être récompensé par la remarquable progression des performances médicales, surtout depuis la dernière Guerre Mondiale. Cependant, c'est cette efficacité même de la médecine qui devait poser la question de la maîtrise du pouvoir qu'elle conférait et des obligations nouvelles envers les malades auxquelles elle conduisait. Ces interrogations ont pris progressivement une dimension croissante du fait d'épouvantables dérives qui ont profondément marqué le monde, et de l'augmentation exponentielle des pouvoirs d'action sur le vivant, notamment le vivant humain.