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    Le postulat de base est que chaque culture est une « synthèse originale, dotée d'un "stylestyle", qui s'exprime à travers la langue, les croyances, les coutumes, l'art et constitue un tout.
    Le monde est divisé en aires culturelles
    »1.

    Lorsque plusieurs cultures différentes se rencontrent, deux processus se déroulent : l'acculturation et l'intégration.

    8.1. Acculturation.

    En 1936, le Memorandum du Social Science Research Council définissait l'acculturation comme l'« ensemble des phénomènes résultant du contact direct et continu entre des groupes d'individus de cultures différentes avec des changements subséquents dans les types de culture originaux de l'un ou des autres groupes »2.

    Une autre définition a considéré l'acculturation comme « le résultat du contact direct et prolongé entre deux cultures conduisant à une modification de certaines caractéristiques de l'une au moins des cultures »3.
    Ex. : Des cultures traditionnelles d'Afrique se sont trouvées sous l'effet du contact avec la culture occidentale en situation d'acculturation.

    Néanmoins, cette notion d'acculturation pose certaines difficultés, telles que soulignées par J.F. BARE. souligne par exemple que « les études d'acculturation tendent implicitement à déchiffrer le changement culturel du point de vue d'un seul des univers en présence, culture "source" ou culture "cible" »4.

    De nombreux concepts gravitent autour de cette notion d'acculturation5. Citons-les et analysons les différences ;

    - Contacts culturels : L'ensemble des interrelations culturelles qui se nouent entre deux cultures mises en rapport (direct ou indirect, physique ou non, continu ou épisodique, conscient ou inconscient),
    - Acculturation : Le processus dynamique dans lequel s'engage une culture évoluant sous l'influence d'une autre culture,
    - Transculturation : Le même processus déclenché par l'effet de facteurs endogènesendogènes (sans mise en contact de deux ou plusieurs ensembles culturels distincts),
    - Enculturation : Les processus de socialisation de l'individu qui, par l'éducation, l'instruction, les disciplines du groupe en général, transmettent à chacun des membres du groupe les modèles, les normes, les systèmes de valeurs caractérisant la culture,
    - Contre-acculturation : Les attitudes de réserve, de rejet ou de repli manifestant une réaction du groupe à un début d'acculturation."
    - Déculturation : Dégradation culturelle sous l'influence d'une culture dominante6,
    - Reculturation : Le retour vers une culture originale pour le second.

    Il est possible de classer les diverses situations de rencontre entre les cultures selon plusieurs caractéristiques7 :

    - En fonction de l'ampleur des contacts culturels : le contact culturel peut mettre en relation la totalité des éléments de la culture de plusieurs pays (invasion, colonisation) ou simplement certains segments particuliers de ces cultures (échanges économiques, missions religieuses).
    Dans le premier cas, les changements culturels pourront atteindre l'ensemble de la culture : dans le second, seuls quelques traits culturels périphériques se transformeront.

    - En fonction des circonstances de la rencontre : on distingue :
    * Les contacts culturels voulus (tourisme, échanges économiques, ...),
    * Les contacts culturels contraints (immigration, guerre),
    * Les situations d'acculturation imposées voire planifiées (colonisation).

    Les contacts voulus induisent généralement des ajustements culturels progressifs et mutuellement enrichissants tandis qu'à l'inverse, lorsque les modalités et le contenu du changement culturel sont imposés, ils peuvent aboutir à une véritable déstructuration de la culture d'origine.

    - En fonction de la nature des cultures en contact : elles se différencient selon leur degré de prestige et d'homogénéité. Les emprunts culturels se font généralement des cultures les plus prestigieuses vers les moins prestigieuses. Mais l'emprunt culturel n'est jamais unilatéral et il y a toujours, en retour, des traits de la culture dominée qui sont adoptés par la culture dominante. Par ailleurs, si les changements entre cultures éloignées sont plus difficiles à mettre en œuvre, ils entraînent souvent des transformations plus profondes.

    Les effets de l'acculturation peuvent être classés en quatre catégories8 :

    - Les éléments des deux cultures en contact peuvent se combiner et être réinterprétés de sorte que naît une culture inédite que l'on appelle encore une culture syncrétique,

    - L'un des groupes en contact finit par adopter l'ensemble des traits culturels de l'autre société et abandonne sa culture d'origine. On parle d'assimilation. En même temps qu'elle permet à l'individu de s'intégrer dans la société d'accueil, l'assimilation suppose également la négation de la culture d'origine et son absorptionabsorption par une autre culture,

    - Face au risque de destruction de son identité, les agents de la culture dominée peuvent tenter de réhabiliter des éléments de leur culture d'origine. Les mouvements de contre-acculturation constituent parfois un retour aux sources qui peut prendre la forme d'un mouvement messianique. Le port du foulard à l'école par certaines jeunes filles islamiques est aujourd'hui un autre exemple de contre-acculturation,

    - Enfin, lorsque l'acculturation est imposée à marche forcée, elle peut déboucher sur la destruction de la culture dominée, et entraîner une véritable déculturation. Ex. : Le cas des Indiens Bari habitant à la frontière de la Colombie et du Venezuela. Leur culture fut complètement déstructurée par « l'action civilisatrice » des missionnaires et des compagnies pétrolières. La moitié de leur population mourut.

    En schématisant, l'acculturation est perçue comme positive quand elle n'affecte pas le penser de l'individu et quand elle permet un enrichissement de la personnalité.
    À l'inverse, elle est dite négative quand elle est un facteur de désintégration (déculturation) ou quand elle entraîne des tensions perceptives ou affectives pouvant aboutir sur des conflits internes.

    Cette binarité positif / négatif gagnerait à être relativisée tant l'acculturation est un phénomène inhérent à la rencontre culturelle dont les conséquences sont réciproques et pas obligatoirement négatives http://www.barbier-rd.nom.fr/BouquetResumTh.pdf .

    8.2. Intégration.

    L'intégration est « un processus par lequel un individu intériorise des normes et des valeurs de la culture avec laquelle il est en contact, et ce d'une façon conduisant à une insertion réussie à cette culture. Mais la rencontre entre cultures différentes peut aussi déboucher sur la ségrégationségrégation ou la marginalisation »9.

    Références :

    1 : Théorie du relativisme de Franz Boas, citée par  regards_culture_theories.pdf" target="blank">http://www.iteco.be/boite_outils/concepts_base/
    regards_culture_theories.pdf

    2 : R. BASTIDE, « Acculturation », Encyclopedia Universalis, 1-114 c et suivant
    3 : J.-F. COUET et A. DAVIE, Dictionnaire de l'essentiel en sociologie, Ed. Liris, Paris, 1999, p. 56
    4 : J.-F. BARE, « Acculturation » in P. BONTE & M. IZARD, Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, Paris, P.U.F, 2e éd., 1992, p.2
    5 : http://perso.wanadoo.fr/geza.roheim/html/accultur.htm
    6 : La déculturation et la reculturation sont deux notions instituées par Poirier : J. Poirier, « Ethnies et cultures »,
    in Ethnologie régionale, Paris, Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, 1972, pp. 24-25 cité par
    http://perso.wanadoo.fr/geza.roheim/html/accultur.htm
    7 : F. BLOESS, J. ETIENNE, J.-P. NORECK & J.-P. ROUX, op. cit
    8 : F. BLOESS, J. ETIENNE, J.-P. NORECK & J.-P. ROUX, op. cit.
    9 : J.-F. COUET et A. DAVIE, op. cit., p. 56