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René Rezsöhazy

René Rezsöhazy

Biologiste

Les images et le langage de la science sont beaux. Les découvertes scientifiques et leur transposition dans le monde des technologies sont habitées de promesses, d'espoirs, d'inquiétudes parfois, d'enjeux pour le monde et l'Humanité. Merci à Futura-sciences de relayer ce double visage de la science, espace de connaissance et engagement dans le monde. Merci aussi de réunir de grands noms auprès de plus modestes. Puisse Futura-sciences contribuer à informer et à émerveiller pour longtemps encore.

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Biographie

Après des études secondaires orientées vers les mathématiques et les sciences, je choisis, sur base de motivations nourries depuis quelques années, d'entreprendre des études de biologie. Ce qui me fascine alors est tout ce qui touche à l'information et à sa transmission dans le monde vivant.

Au terme de quatre années d'étude en biologie à l'Université catholique de Louvain, j'entame un doctorat en génétiquegénétique moléculaire. Mes recherches portent alors sur des gènesgènes « sauteurs », les transposons, qui contribuent à façonner les génomesgénomes de toutes les espècesespèces vivantes. Après quatre années et demi de travaux, ma thèse est défendue, et peu après je quitte l'Université pour l'Institut néerlandais de recherche sur le cancercancer où un groupe renommé étudie un petit ver qui depuis une vingtaine d'années alors apparaissait comme un superbe modèle pour comprendre le contrôle génétique du développement embryonnaire. J'y étudie encore le comportement de gènes sauteurs. De retour en Belgique au terme de deux ans et demi de « postdoc », j'intègre une unité de recherche dont les études portent sur le développement de la souris. J'y initie un nouveau projet où je tente d'exploiter mes connaissances de généticiengénéticien moléculaire pour l'étude du mode d'action de gènes dont la fonction est de contrôler le devenir de cellules et de populations de cellules au sein de l'embryonembryon en développement. Sur base de contrats temporaires, j'essaie de monter un petit groupe de recherche. Depuis peu, je suis Chargé de cours à l'Université catholique de Louvain et j'anime un groupe de recherche au sein de l'Unité des sciences vétérinairesvétérinaires de l'Institut des sciences de la vie.

Il y a deux moteurs principaux qui m'animent dans ce travail de chercheur, dans cette aventure qui consiste à se trouver à l'orée de l'inconnu et d'y progresser pas-à-pas : la curiosité et un émerveillement sans cesse renouvelé. Il y a en plus cette profonde envie de les communiquer, cette curiosité et cet émerveillement, et c'est pourquoi j'ai suivi et engagé cette voie de chercheur dans le monde universitaire. La tâche est exaltante autant qu'immense. Il y a de grands scientifiques, c'est indéniable, mais il n'y en a pas de petits. En réalité une part de l'ivresse procurée par ce métier de la découverte est de participer à un grand mouvementmouvement. Il y a une multitude de modestes contributions à la science sans lesquelles les grandes découvertes ne verraient jamais le jour. Et ce grand mouvement est celui de tous les scientifiques.

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métier

Le quotidien est polymorphe : les journées sont bien remplies et se ressemblent peu. Mes activités sont multiples. Il y a tout d'abord la recherche et l'enseignement. La recherche, c'est aujourd'hui, pour moi, conduire une équipe de quelques chercheurs –étudiants, thésards, postdoc- qui sont actifs dans le laboratoire. Il s'agira de concevoir avec eux les expériences à réaliser, les projets à conduire, d'analyser les résultats, de partager l'excitation d'une découverte, de s'arracher les cheveux sur ce « qui ne marche pas ». Un dialogue de tous les jours. L'équipe, c'est un groupe de chercheurs qui interagissent au quotidien. La porte de mon bureau est toujours ouverte. Un jeune chercheur entre : « les cellules répondent... », le gène qui focalise tous nos efforts dévoile un peu de ses secrets. Il faut aller voir cela, « elles sont sous le microscope ? montre moi cela ». Et oui, « le gène est actif ». De l'excitation donc. Beaucoup d'efforts pour tous, ponctués de grande satisfaction. Sur une base régulière, il s'agira aussi de bouger, de rencontrer des collègues de tel ou tel institut, pour leur présenter les résultats du groupe, leur soumettre nos hypothèses, les inviter à collaborer, bref, pour discuter le coup. A certaines périodes de l'année, beaucoup d'efforts sont alloués à la quête de fonds. La recherche, cela se finance, et les finances, cela se mérite. Il faut défendre ses idées, leur bien-fondé, leurs applications, et les résultats acquis récemment qui attestent dans une certaine mesure du crédit dont jouit le groupe de recherche. A d'autres périodes, ce sont des réunions scientifiques, des congrès. La communauté scientifique est planétaire. La collaboration des chercheurs (la compétition parfois aussi) ne connaît aucune frontière. Une, deux fois par an, un thème qui nous concerne réunit (presque) toute la communauté scientifique qui se retrouve. Les congrès sont des lieux de grande stimulation. Les idées fusent. Les échanges sont riches. Et puis, voyager, cela aère l'esprit et éclaire le regard.
L'enseignement, en ce qui me concerne, ce sont quelque quatre-vingt dix heures de cours à donner par an. Quatre-vingt dix heures... peu ? Beaucoup ? En tous les cas, un travail de toute l'année. Pour enseigner, il faut s'informer en continu pour rester en phase avec l'actualité scientifique...même si cela est virtuellement impossible tant les choses avancent de toute part. Ensuite, enseigner c'est communiquer, dispenser un savoir. Mais plus encore, enseigner c'est former à la démarche scientifique avec sa rigueur, c'est stimuler l'esprit à l'analyse, à la synthèse, à la critique. Au quotidien, cela signifie pour moi être en relation avec des groupes de 15-20 étudiants qui, s'ils sont intéressés, –et c'est bien l'espoir qu'on nourrit- interagissent beaucoup, s'interrogent et me soumettent à la question. Cette interaction est riche. Un autre volet de mes occupations quotidiennes consiste à contribuer à faire vivre l'institution qui m'héberge, l'Université. Il faut en effet gérer l'enseignement et la recherche. Cela impose de réunir des groupes de réflexion ou de décision pour construire l'avenir d'un programme de cours, dans le cadre de l'harmonisation européenne par exemple ; ou pour discuter des priorités de la recherche et des options stratégiques à adopter au sein de l'institut. Enfin, une des missions de l'Université à laquelle il importe de prendre part, c'est également le service à la société. Les scientifiques doivent en effet s'engager dans la société pour éclairer quand ils le peuvent l'opinion publique ou les décideurs qui doivent s'informer sur les progrès de la science et des technologies. Cette mission importante demandera de participer à l'occasion à une émission radio, d'octroyer une interview à un journal, de participer à un débat dans une école pour informer ou interpeller les lycéens, d'organiser des journées d'accueil pour les futurs étudiants, etc. En définitive, la vie du scientifique et du chargé de cours, entre la recherche au labo, les contacts avec les étudiants, les réunions scientifiques et la vie de l'Université, est une vie bouillonnante qui ne laisse pas de place à l'ennui.