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    Franck Bruyère, chirurgien urologue au CHU de Tours, explique comment prévenir la cystite et en décrypte les enjeux. Si le traitement antibiotiqueantibiotique reste le meilleur moyen pour soigner la maladie, les plantes sont aussi un très bon allié.

    Parlons de la cystite avec Franck Bruyère. © Congerdesign, Pixabay, DP

    Parlons de la cystite avec Franck Bruyère. © Congerdesign, Pixabay, DP

    Quels sont les signes avant-coureurs dans la majorité des cas de cystites ?

    Docteur Franck Bruyère : Dans une crise classique, on constate des brûlures lors de la mictionmiction, une urine trouble et malodorante. En revanche, aucune fièvrefièvre n'est observée. D'autre part, les cas des cystites radique et fongique sont rares. La première présente une hématuriehématurie, elle est due à des antécédents de radiothérapieradiothérapie, alors que la seconde est évoquée après des examens microbiologiques plus approfondis.

    À quel moment consulter un spécialiste ?

    Il existe deux types de cystites : l'aiguë et la récidivante. Dans la cystite aiguë, on distingue la simple qui touche plutôt les jeunes femmes sans antécédents, dans ce cas, il n'est pas nécessaire d'aller consulter un spécialiste. Le médecin généraliste prescrira un traitement antibiotique adapté.

    Face à une cystite aiguë compliquée, le patient se retrouve dans une situation particulière due à une complication d'une maladie antérieure voire une immunodépressionimmunodépression, ainsi, prendre rendez-vous avec un spécialiste s'impose. Enfin, dans les cas de cystite récidivante (c'est-à-dire lorsque le sujet rencontre plus de quatre fois un problème de cystite par an), il existe des moyens médicamenteux et hygiéno-diététiques probants. Un traitement à base d'antibiotiques peut devenir problématique dans la mesure où la bactériebactérie peut s'avérer résistante et donc plus difficile à combattre au fil du temps. En outre, il existe certaines cystites dont on ne trouve pas toujours la cause.

    On parle souvent des femmes atteintes de cystites. Qu'en est-il des hommes ?

    L'évocation des cas de cystites chez les sujets masculins est extrêmement rare contrairement aux cancers plus fréquents. On parlera davantage de prostatite ou d'urétrite qui sont d'autres infections urinairesinfections urinaires.

    Quels sont les progrès quant à la prévention et la guérison de la cystite ?

    Depuis une vingtaine d'années, il n'y a pas eu de découverte concernant les antibiotiques. Les germesgermes deviennent multi-résistants même aux céphalosporines qui étaient jusqu'alors efficaces sur les germes volontiers responsables (entérobactériesentérobactéries).

    Toutefois, la médecine progresse notamment chez le sujet féminin présentant une ménopauseménopause où il est dorénavant proposé des hormoneshormones de substitution pour éviter un déséquilibre de la sécheressesécheresse de la flore. De plus, il peut être indiqué de suivre un traitement post-coïtal systématique qui consiste à avaler un comprimé antibiotique après chaque rapport sexuel. Enfin, boire suffisamment d'eau dans la journée permet d'éliminer de manière naturelle les déchetsdéchets favorisant les germes provoquant la cystite.

    Où en est la recherche en termes de vaccins ?

    On l'attend ! Mais les vaccins ne peuvent pas tout changer. En matière de vaccinothérapie, il est à noter que la médecine n'avance pas. Il n'y a aucune phase finale d'essai thérapeutiqueessai thérapeutique. Le meilleur moyen actuel reste le traitement à base d'antibiotiques ou de plantes de façon continue ou discontinue.

    Franck Bruyère exerce en tant que chirurgien urologue au CHU de Tours. © CHU de Tours

    Franck Bruyère exerce en tant que chirurgien urologue au CHU de Tours. © CHU de Tours

    Que pensez-vous des traitements prônant la phytothérapie ?

    L'avancée médicale la plus remarquée de ces dix dernières années demeure dans les bienfaits de la cannebergecanneberge (encore appelée cranberry) dans la famille des airelles. Elle est riche en vitamine Cvitamine C et à l'intérieur de la tige se trouve les « pro-anthocyanidines ». Ces pigments évitent qu'E. coliE. coli ne se colle à la paroi vésicale. Mieux vaut prendre de la canneberge sous forme médicamenteuse que sirupeuse et respecter le dosagedosage prescrit.

    Mais d'autres molécules entrent en jeu telles que la propolis qui est une résine végétale provenant des ruches d'abeilles. Cette substance renforce le système immunitairesystème immunitaire et évite les brûlures au niveau des muqueusesmuqueuses. Les essais sur la cystite sont actuellement en cours tout comme les bienfaits de la bruyère pour ses propriétés antiseptiquesantiseptiques et anti-inflammatoiresanti-inflammatoires. La phytothérapiephytothérapie fait partie de l'avenir.

    L'alimentation joue-t-elle un rôle ?

    Oui, l'alimentation joue un rôle important dans la préventionprévention voire la guérisonguérison ou l'accalmie de la cystite. Par exemple, manger des yaourtsyaourts est bénéfique car ils contiennent des lactobacilles qui diminueraient les infections récidivantes. Ces lactobacilles sont présents dans certains yaourts mais ceux qui sont efficaces sont présents dans certains traitements.

    Enfin, il est à signaler qu'en médecine prendre en compte l'alimentation et l'environnement sont des facteurs majeurs pour le bon fonctionnement de l'organisme humain. À savoir, une cystite aiguë non-traitée disparaît en cinq jours au lieu de deux avec des médicaments. Enfin, les règles hygiéno-diététiques sont aussi importantes : prévention de la constipationconstipation, ne pas porter de vêtements trop serrés, lors d'un passage aux toilettes il convient de s'essuyer d'avant en arrière, une hygiène quotidienne et une miction post-coïtale.

    Propos recueillis par Ellen Faivre (Tech&Co)