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Il est bien rare que notre organisme mette en œuvre des fonctions inutiles. Le rêve, comme tout le reste, a donc probablement un rôle spécifique. Depuis la nuit des temps, des théories, des plus abouties aux plus farfelues, sont venues entretenir l'aura de mystère qui règne autour du rêve. Autant le préciser tout de suite : il n'y a pas de réponse certaine à apporter aujourd'hui. Cependant, quelques pistes valent d'être mentionnées.
Chez les bébés et les jeunes enfants, il semble que le sommeil paradoxalsommeil paradoxal soit un moment privilégié de constructionconstruction des systèmes neuronaux. Le cerveau se construit et se spécialise pendant les premières années de vie. Au départ, les connexions entre neuronesneurones sont peu nombreuses puis elles augmentent au fil des apprentissages et ce sont elles qui, par la suite, nous permettent d'avoir un raisonnement juste, rapide et de bonnes capacités de mémorisation. Stimulés dans la journée, il semble que les neurones « travaillent » pendant la nuit à créer ces liens entre eux et à les consolider. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles les médecins répètent souvent que de bonnes nuits de sommeil sont indispensables au bon développement des enfants.
Chez l'adulte, en revanche, on a montré que la privation de sommeil paradoxal n'avait pas d'influence sur la capacité de mémorisation, contrairement à ce que l'on a longtemps cru.
La construction du rêve
Quant au rêve lui-même, il est souvent composé, au moins partiellement, d'évènements, de lieux ou de personnages qui ont ponctué la journée ou les jours précédents. Le Dr Royant-Parola explique cette imbrication étrange de réel et d'inventivité : « Nous fabriquons effectivement nos rêves en cours de journée. La nuit, nous confrontons ce que nous avons vécu à ce qui est déjà stocké. Il y a un lien considérable entre rêve et mémoire. Au moment du rêve, les connexions s'embrasent et notre cerveaucerveau construit une nouvelle réalité à partir de tous ces éléments. Parfois, il y a un enchaînement logique, parfois cela paraît incohérent au premier abord mais, toujours, on retrouve des références à des choses anciennes, qu'il faut alors décrypter. »
Le débat du rêve et de l'inconscient
C'est bien là ce qui fait particulièrement débat. Parmi les théoriciens du rêve, le neurologue et psychanalyste Sigmund FreudSigmund Freud est sans conteste le plus célèbre, même si nombre de penseurs se sont depuis démarqués de ses prises de position. Pour lui, le rêve est une expression de notre inconscient et donc de nos désirs profonds, qui trouvent presque toujours une origine dans la sexualité infantile.
Plus prosaïquement, les spécialistes estiment souvent que le rêve a effectivement un sens mais « qu'il est caché. Il dépend du vécu de chacun. Ce sont des bouts de souvenirs, une mosaïque d'éléments dont l'assemblage donne le rêve. Pour en comprendre le sens, il faut analyser ces éléments à la lumière de l'histoire de l'individu », estime le Dr Royant-Parola. C'est également la théorie du biologiste Yves Delage qui s'est également intéressé à la construction du rêve. Sa conclusion : l'imagination n'a rien à voir là-dedans. Le rêve est selon lui le produit d'images enregistrées par le passé. Ces images ressortent de façon décomposée le plus souvent, voire recomposée d'une autre façon, qu'il s'agisse de personnages ou d'évènements.
Explication des rêves : les différentes théories
On peut penser que les éléments de la journée qui ressurgissent pendant la nuit sont les plus marquants ou ceux qui ont posé souci, sans que cela soit nécessairement conscient : nous avons un problème à résoudre et, puisque nous n'y sommes pas parvenus pendant l'éveil, notre inconscient nous ressert l'exercice sous une autre forme.
Une autre théorie voudrait que le rêve serve à préparer la journée du lendemain, un peu comme l'imagerie mentale quand une personne s'apprête à passer une épreuve sportive ou un examen et qu'elle visualise ce moment pour se préparer. Rendre mental ce qu'elle va devoir faire le lendemain aide à la préparer. Certains scientifiques estiment que le rêve aurait la même faculté : en effet, les mêmes zones cérébrales sont activées que lorsque l'on effectue ces gestes « en vrai », la seule différence étant que cela ne se traduit pas physiquement.
Indispensable chez le nourrisson et le jeune enfant, le sommeil paradoxal permet de construire le cerveau et son bon fonctionnement contrairement à l'adulte dont le manque de sommeil n'a aucune incidenceincidence sur sa capacité à mémoriser.