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Comment identifier les victimes carbonisées du siège de Waco ? L'incendie a-t-il été allumé par des agents du FBI ? L'anthropologie judiciaire et médicolégale a pu aider à éclaircir les circonstances de ce drame.
La secte des Branch Davidians, dirigée par Vernon Howell (David Koresh), un leader religieux charismatique, s'est installée à Mount Carmel, près de Waco, au Texas (États-Unis). Les autorités policières sont alertées par d'anciens membres de la secte qui soutiennent que les Davidiens entreposent de grandes quantités d'armes et d'explosifs.
Le 28 février 1993, le BATF (Bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms) intervient à Waco. Une fusillade éclate. Quatre agents sont tués et une douzaine d'autres sont blessés. Le FBI prend alors la relève. Un siège de 51 jours s'ensuit. Le 19 avril 1993, le FBI emploie les grands moyens et recourt aux chars pour défoncer les portesportes. Les Davidiens refusent de se rendre et arrosent le complexe d'essence pour y mettre le feu. Au total, 86 personnes périssent, dont 17 enfants, et on dénombre seulement neuf survivants.
Waco, une fin tragique
Les anthropologues judiciaires procèdent à l'identification des corps, tout en cherchant à déterminer les causes des décès. Pour cela, ils utilisent les fiches dentaires et le dossier médical des victimes pour identifier les traumatismes antérieurs (par exemple les fractures). La reconstitution du crânecrâne (en recollant les os) et la congruence des traits faciaux et crâniens aident également à leur travail dans ce cas-ci.
Les corps des Davidiens sont carbonisés, donc très difficiles à identifier, mais le travail des anthropologues est facilité grâce à l'utilisation de vidéos.
En effet, pendant le siège, des vidéos avaient été remises par la secte aux autorités afin de démontrer que les enfants étaient bien traités. Plusieurs méthodes sont utilisées à Waco afin d'estimer l'âge des victimes, comme celles se basant sur l'analyse dentaire ou des os. Les analyses montrent que les Davidiens sont décédés à la suite d'un suicide collectif. Plusieurs crânes présentent des traces de balles tirées à bout portant. De nombreuses victimes sont décédées à la suite de traumatismes non liés à la chaleur : leurs tissus mous présentent en effet des traces de balles et de matraquage.
Quant au leader de la secte, David Koresh, il est décédé à la suite d'un traumatisme crâniocérébral provoqué par une balle tirée à bout portant au milieu du front. Les études d'anthropologie judiciaire montrent également qu'un tiers des victimes se sont suicidées avant le déclenchement de l'incendie. Cinq des neuf survivants ont été condamnés à 40 ans de prison.
L'intervention des anthropologues a permis de faire taire la rumeur qui prétendait que les forces policières et gouvernementales avaient allumé l'incendie qui aurait tué plus de 80 personnes. En effet, les anthropologues ont démontré que la majorité des victimes étaient déjà décédées avant que l'incendie ne soit déclenché.