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Étymologiquement, le verbe « bâiller » vient du vieux français « baailler », dont l'origine latine bataculare (formé sur batare ou badare) signifie « être béant, ouvert ». C'est pour cela qu'une robe, un corsage ou une porteporte bâille, bien que ne sachant ni respirer ni dormir.
Expressions avec le mot « bâiller »
Le langage populaire connaît bien des locutions : « bâiller comme une carpecarpe », ou « comme une huître », « bâiller foin en corne », « bâiller à s'en décrocher la mâchoire »...
« Bâiller sa vie » signifie « la passer en bâillant ». Exemple : « Appauvri d'âme et de sang, le fils de Henri IVHenri IV traîna, bâilla sa vie ; et le plus grand service qu'il ait rendu à la France est d'avoir maintenu Richelieu au pouvoir. »
« Bâillement » dans le dictionnaire
Dans sa thèse de 1901, R. Trautmann dit que « bâillementbâillement » dérive de balare (« bêler »), probablement à cause du bruit accompagnant l'action organique qu'il désigne ; il s'est inspiré du Dictionnaire des sciences médicales de Panckoucke, 1812. Moins utilisé de nos jours, ce dernier utilise, lui, l'adjectif « oscitant(e) », emprunté du latin oscitans (« qui bâille »). Une « fièvrefièvre oscitante » est une fièvre accompagnée de bâillements répétés. Cet adjectif caractérise d'autres êtres vivants ; ainsi la classification taxinomique nomme la cigognecigogne Anastomus oscitans ; Stellifer oscitans est un poissonpoisson, le magister bâillant ; Masdevallia oscitans est une orchidéeorchidée.
Diderot, dans L'Encyclopédie, écrit en 1751 : « BÂILLEMENT, s.m. Ce mot est aussi un terme de Grammaire. Il y a bâillement toutes les fois qu'un mot terminé par une voyelle, est suivi d'un autre qui commence par une voyelle, comme dans "il m'obligea à y aller" ; alors la bouche demeure ouverte entre les deux voyelles, par la nécessité de donner passage à l'air qui forme l'une puis l'autre sans aucune consonne intermédiaire... ». E. Littré confirme, dans son Dictionnaire de la Langue Française, ce sens de bâillement : « En grammaire, rencontre de deux voyelles, l'une à la fin d'un mot, l'autre au commencement du mot suivant. Nous disons plus souvent hiatus ».
Dictionnaire de médecine, de chirurgiechirurgie, de pharmacie, Emile Littré (1908 Baillière éd.) : « Bâillement : Inspiration grande, forte et longue, indépendante de la volonté, avec écartement plus ou moins considérable des mâchoires et suivie d'une expiration prolongée. Le bâillement paraît avoir pour effet d'introduire une plus grande quantité d'air dans le poumonpoumon, et de la proportionner à la quantité de sang qui a besoin d'être revivifiée : aussi a-t-il lieu toutes les fois qu'une cause quelconque, telle que l'envie de dormir, la faim, l'ennui ou un état morbide de nature spasmodique, tend à diminuer la quantité d'air ou à accumuler le sang dans le cœur ou le poumon.
Oscitation (oscitation) s.f. bâillement causé par quelque état accidentel, avec ou sans étirement et inspiration suspirieuse, comme au début ou à la fin de certains accès de fièvre, d'attaque d'hystérie, etc.
PandiculationPandiculation (pandiculari, s'étendre) s.f. Mouvement automatique des bras en haut, avec renversement de la tête et du tronc en arrière, et extension des membres abdominaux. Ce mouvement, souvent accompagné de bâillements, indique, dans l'état de santé, le besoin de sommeil. On l'observe dans certaines maladies, particulièrement dans les maladies nerveuses, au début des accès de fièvre intermittente, etc.
Pandiculation dérive du latin pandiculari ou pandiculatio et signifie s'étendre, mouvement par lequel on renverse la tête en arrière en s'étirant les membres. »