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Une utilisation encore plus sophistiquée des outils par les chimpanzés
Le chimpanzéchimpanzé partage 96 pour cent de son patrimoine génétique avec l'humain. L'utilisation des outils était initialement considérée comme l'apanage exclusif de l'être humain, mais on a découvert que plusieurs animaux se servent d'outils, y compris de nombreuses espècesespèces d'oiseaux qui exploitent la force de gravitégravité pour projeter des cailloux sur de la nourriture entourée d'une enveloppe fragile, comme les oeufs, ou pour projeter au sol des objets plus durs afin de les casser.
Des chercheurs ont constaté en 2003 que le corbeau de Nouvelle-Calédonie fabrique, sélectionne et utilise des outils simples, et notamment des brindilles qu'il peut employer à la manière d'une pelle pour atteindre de la nourriture inaccessible. Les loutres utilisent quant à elles des pierres pour casser des coquilles tandis que les chimpanzés ont recours à des formes plus complexes d'utilisation d'outils.
A la fin des années 1950, Jane GoodallJane Goodall a observé que les chimpanzés effeuillent soigneusement des brindilles avant de les insérer dans une termitière. Ils retirent ensuite les brindilles où sont suspendues les termites pour les déguster. Pour ces animaux ayant habituellement un comportement vif et bruyant, le calme et la concentration dont ils font preuve ici sont particulièrement déroutants.
Autre constatation encore plus étonnante : les chimpanzés peuvent choisir une brindille bien précise, l'effeuiller soigneusement et l'emporter en attendant de trouver une autre termitière, ce qui démontre leur faculté de planification. A la fin des années 1970, les chercheurs ont noté une utilisation hautement sophistiquée d'outils par les chimpanzés de Côte d'Ivoire qui recherchent systématiquement la surface et la pierre appropriées pour casser certains types de noixnoix.
Le Professeur Whiten étudie la transmission culturelle du comportement au sein des groupes de primatesprimates et les indications que celle-ci peut fournir sur la diffusiondiffusion de la culture humaine. En Afrique, certains comportements observés au sein de différents groupes de chimpanzés sont propres à ces groupes. Les chimpanzés d'Afrique de l'Ouest utilisent des pierres et des branches pour casser les noix. Et ceci est essentiel pour eux. Cette technique n'est par contre utilisée ni par les chimpanzés d'Afrique de l'Est, ni - ce qui est plus intéressant encore - par ceux d'Afrique de l'Ouest qui vivent sur la rive Est d'une grande rivière.
Certaines femelles grimpent même dans les arbresarbres avec des marteaux improvisés pour ne pas avoir à monter et descendre. Les chercheurs qui étudient le comportement des chimpanzés ont toujours été confrontés à un problème majeur : celui de la peur de l'être humain, qui fait fuir les primates au moindre bruit.
Le recours à des caméras cachées s'est avéré extrêmement utile. La présente étude a porté sur un groupe de chimpanzés vivant dans le triangle du Goualougo, dans le parc national Nouabalé-Ndoki au Congo. Les chercheurs ont jusqu'ici répertorié 39 utilisations différentes d'outils, comportements qui sont transmis de génération en génération.
Le chimpanzé utilise plusieurs outils, comme l'explique le Professeur Whiten : il se saisit tout d'abord d'une solidesolide brindille qu'il effeuille et qu'il enfonce d'environ 30 cm dans la termitière. Il utilise ensuite une fine brindille dont l'extrémité est mâchonnée pour pêcher les termites qui se trouvent à l'intérieur du trou. Pendant ce temps, d'autres chimpanzés attendent leur tour.
Les observations montrent que la transmission du savoir d'un individu à l'autre se fait aisément chez les chimpanzés. En captivité, le Professeur Whiten a noté que lorsqu'une nouvelle connaissance est acquise, elle se transmet rapidement aux autres membres du groupe. La conformité par rapport aux normes culturelles locales a été établie à la grande surprise des chercheurs. Les chimpanzés qui découvrent la technique principalement utilisée par un autre groupe ont tendance à revenir ensuite vers la technique privilégiée par la majorité des membres de son groupe.
Ces comportements culturels complexes correspondent dans une large mesure au mode de diffusion et de développement des cultures humaines et prouvent une fois encore que nous avons de nombreux points communs avec nos cousins primates. Comme le dit le Professeur Whiten, "notre culture ne vient pas de nulle part
".