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Qualité des cours d'eau en 2004, établie avec les données des réseaux de connaissance générale et des réseaux phytosanitaires.
Très bonne qualité : permet la vie des organismes aquatiques et la production d'eau potable.
Mauvaise qualité : ne peut plus satisfaire les équilibres écologiques ou la production d'eau potable. © Ifen
Les pesticidespesticides, nom générique donné aux substances qui « tuent les pestes », ces organismes vivants indésirables, sont utilisés depuis au moins l'an 500 avant J.-C. pour protéger les récoltes. Au fil des siècles, diverses substances ont été employées, et c'est en 1939 que le premier pesticide moderne apparaît : le DDTDDT. Rapidement, il devient l'insecticideinsecticide le plus largement utilisé de par le monde, jusqu'en 1960, où on découvre les dégâts qu'il occasionne à la biodiversitébiodiversité. Malgré leurs effets néfastes pour notre planète, des millions de tonnes de pesticides industriels sont pourtant pulvérisées chaque année pour améliorer les rendements agricoles.
Interdit, à des fins agricoles, dans de nombreux pays dès les années soixante dix, le DDT est un insecticide chloré très persistant, car il demeure présent dans le milieu longtemps après son utilisation.
© GFDL
En France, 35% de la surface totale du territoire sont traités par des produits phytosanitairesproduits phytosanitaires. On retrouve des pesticides partout : dans l'eau, dans les sols, dans l'airair, dans nos aliments, dans la biomassebiomasse vivante et morte, dans le sang et le lait maternel, ... Cette utilisation intensive de pesticides entraîne de sérieux problèmes de pollution des eaux souterraines et superficielles. D'après le bilan publié jeudi 17 août par l'Ifen, qui s'appuie sur des analyses réalisées dans plus de 10 000 stations de surveillance, la qualité de l'eau des rivières est jugée moyenne à mauvaise dans 49% des cas. En eaux souterraines, les niveaux de contamination sont tels que près d'un tiers des points de mesure nécessiteraient un traitement spécifique s'ils étaient utilisés pour la production d'eau potable. Ces résultats, qui concernent l'ensemble du territoire (métropole et DOM), ne présentent aucune amélioration depuis le précédent rapport, qui portait sur 2002, et soulignent l'inefficacité des politiques de réduction des pesticides.
Des zones d'herbes, implantées judicieusement sur un bassin versant à vocation agricole, sont capables de retenir une grande partie des pesticides emportés par ruissellement. A l'aide d'un simulateur expérimental tel que celui sur la photo, les scientifiques étudient le fonctionnement de ces systèmes d'épuration naturels.
© Cemagref
Pour réduire cette pollution, liée à une agricultureagriculture intensive, des solutions existent pourtant, mais impliquent de l'Etat qu'il prenne ses responsabilités face à ce problème persistant de santé publique. Les autorités, qui ont déjà interdit les pesticides les plus dangereux, pourraient favoriser davantage l'agriculture dite « biologique ». Toutefois, des alternatives aux pesticides ne permettent pas d'obtenir les mêmes rendements, et indemniser les agriculteurs pour la perte de revenus subie s'avèrerait coûteux pour le contribuable, ce qui risquerait d'être mal perçu par la population. Faute de prendre des mesures radicales, l'Europe a récemment imposé la présence d'une bande herbeuse sur le bord des cultures, efficace, selon certains scientifiques, pour retenir une grande partie des pesticides véhiculés par les eaux de ruissellement.
Avec plus de 70 000 tonnes de matièresmatières actives commercialisées en 2004, la France est le troisième consommateur au monde de pesticides, derrière les Etats-Unis et le Japon. Leur utilisation quasi-systématique, par une agriculture intensive, menace le milieu naturel et la biodiversité. Et les effets à long terme sont encore mal connus... Devrons-nous encore payer longtemps le prix d'un manque de courage politique ?